La façon dont les événements sont ordonnés dans le récit, la nature de ces événements, comment les personnages agissent & réagissent entre eux et face aux événements sont parties intégrantes de l’écriture.
Les éléments dramatiques ou outils dramatiques sont davantage sentis que lus ou vus ou entendus.
Il était une fois..
C’est la toute première marche d’un récit qui se déploie dans le quotidien d’un personnage. Pourquoi est-elle un principe ? Parce qu’elle donne à la lectrice et au lecteur les moyens de comprendre ce qu’il suit.
En somme, elle rend intelligible un récit. Cette entrée en matières dramatiques constitue le premier acte. Elle donne une réalité, quelque chose de tangible au récit. Quelque chose qui donne au lecteur/spectateur la possibilité de percevoir un monde à travers les mots d’une autrice ou d’un auteur.
Le lecteur/spectateur accepte ce monde d’emblée parce que c’est la première chose qu’on lui décrit. Même si ce n’est pas explicite, l’autrice et l’auteur prennent souvent référence dans l’histoire au grand H comme arrière-plan pour soutenir le récit qu’ils s’apprêtent à conter. Les détails d’une personnalité seront suggérés comme la peur des reptiles pour signifier que le héros ou l’héroïne du récit ne sont pas des êtres hors du commun mais comme le commun des mortels (s’ils veulent s’en donner la peine), ils seront capables d’actes héroïques.
L’absence aussi peut être significative. Un manque d’empathie du personnage sera marquée par son indifférence lors d’un contexte quelconque ; la fuite traduira un manque de courage..
Jusqu’à ce qu’un jour..
un événement bouleverse les habitudes. Le récit commence maintenant. Ce qu’il s’est passé avant cet incident déclencheur appartient à l’histoire du récit ou à l’histoire personnelle du personnage principal ou encore, pour tenter d’éclairer les choses, à l’histoire du monde du récit.
Un incident déclencheur est souvent une rencontre. Quelque chose de nouveau entre dans la vie du personnage principal.
Mais ce n’est pas maintenant que commence le second acte. L’incident déclencheur est comme une proposition que le personnage principal doit encore accepter. L’acte Deux débute par une opportunité. Posons que dans son quotidien, le personnage principal connaît de graves difficultés à joindre les deux bouts. L’incident déclencheur serait qu’un proche lui offre un quelconque billet de tombola. Notre personnage principal s’en offusque car cette offre est contre ses principes.
L’opportunité se présentera lorsque le billet de tombola sera gagnant. Maintenant l’intrigue peut commencer.
L’opportunité est un tournant majeur dans la structure du récit, un point d’articulation qui oriente le récit dans une toute autre direction. Dorénavant, on ne traite plus du quotidien du personnage, ni jusqu’à quel point celui-ci a enchaîné son esprit à quelque événement du passé : maintenant le personnage doit s’accorder avec quelque chose qui est vraiment nouveau pour lui.
L’élément dramatique le plus efficace au moment du passage dans l’acte Deux est l’enjeu. La lectrice et le lecteur comprennent ce que le personnage peut gagner ou perdre dans cette entreprise qu’il s’apprête à vivre. Un personnage qui reçoit par exemple un don de prophétie (ce sera l’incident déclencheur) se saisira de cette opportunité à la fin de l’acte Un pour une espèce de croisade contre le monde afin de donner un sens à sa vie, de justifier sa propre existence dans le bien qu’il peut faire à autrui avec ce don (ou dans le mal pour préserver le débat).
Et cela occasionne pour lui de nombreux obstacles dont la raison d’être est que chacun d’entre eux présente un nouveau risque pour le personnage principal. Mais ce n’est pas seulement une succession de complications pour créer des situations conflictuelles, chaque conflit nouveau est une amplification du précédent et nécessite aussitôt une réaction.
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