PERSONNAGE STATIQUE

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Un récit est naturellement le récit d’un personnage qui change. Mais quels sont les problèmes qu’il est censé soulever et pourquoi devrions-nous nous intéresser à lui ? Il est utile de passer un peu de temps à penser son personnage. L’utile est dans ce qu’il a fait et fait. C’est l’aspect le plus pratique du personnage : passé & présent.

Doit-on dénigrer le personnage qui ne change pas ?

Un personnage dynamique n’est pas supérieur à un personnage statique. L’un et l’autre ont leur importance dans le récit, c’est-à-dire ne serait-ce que par leur fonction : dans la définition d’un protagoniste, dans cet élan vers l’avant qui le caractérise, il y a changement.
Dans l’âme d’un antagoniste, par nature persuadé qu’il a raison (et l’argumentation qu’il tient avec les mots de l’autrice et de l’auteur est tout à fait sensée et défendable), l’effort à fournir pour changer, pour voir soi-même et autrui différemment, n’est pas nécessaire. Le méchant ne change pas et c’est à cela qu’on le reconnaît.

Tout dépend de l’état initial des choses que l’autrice et l’auteur nous présentent. Ce qu’on appelle le monde ordinaire est la description d’une situation : le cadre dans lequel se meut un personnage et les relations qu’il entretient dans les limites de ce cadre sociétal.
Les relations sont très importantes et elles peuvent être de nature très conflictuelle telle que nourrit souvent par un conflit de génération ou bien plus respectueuse ou craintive dans un rapport avec Dieu par exemple.

Ce que l’autrice et l’auteur font apparaître à la surface de ce monde ordinaire interpelle notre jugement : nous sommes amenés à croire que cet état des choses initial est mauvais pour le personnage principal.
Mais pour son principal opposant, il s’y complaît et n’éprouve nullement le besoin d’en sortir. Au contraire, il cherche à le renforcer.

Cependant, ce n’est pas parce qu’il y a nécessité de changer que le changement sera effectif. Être à la poursuite du bonheur ne signifie pas qu’il sera atteint. Ce qu’on croit avoir réalisé n’est souvent qu’une nouvelle illusion.
Quoi qu’il en soit, l’effort à descendre en soi est ce qui fascinera lectrices et lecteurs lorsqu’ils compareront ces deux vérités qui s’affrontent devant eux : un personnage principal & son antagonisme.

Un personnage qui ne change pas peut être considéré comme un échec intellectuel ou moral selon les valeurs qui animent chacun d’entre nous. Nul doute néanmoins que ce refus de changer est une exigence. Considérons une tentation. Si le personnage cède à ses passions car naturellement nous sommes passifs face à elles ; nous les subissons ; avant que son intelligence lui permette de comprendre que ce choix qu’il imagine favorable est en effet une erreur, il peut résister.

Cette résistance au changement traduit le doute et non un personnage obtus qui persiste dans son erreur alors que les circonstances semblent être une évidence. Il faut savoir s’interroger sur l’évidence et non juger autrui lorsqu’il semble stagner dans une situation de laquelle, aux yeux de tous, il devrait sortir.

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