Nous avons un personnage. Du moins, à peine une silhouette encore. Maintenant, il faut penser son arc dramatique car ce que nous allons décrire à travers le récit, c’est l’histoire personnelle de ce personnage, en l’espèce son évolution psychologique.
Le roman d’apprentissage ou parcours initiatique est un genre par excellence pour en faire la démonstration. C’est un récit formatif sur la croissance psychologique et morale du protagoniste de sa jeunesse à l’âge adulte. Par conséquent, il décrit le processus de croissance, de maturation, d’éducation et d’apprentissage.
Un genre à part entière
Cette forme littéraire reflète le développement biologique et intellectuel de la croissance individuelle de l’enfance à la maturité. Le récit englobe une prise de conscience croissante de l’individualité, de l’identité, de l’autodétermination, ainsi qu’il fixe des limites morales et des capacités créatives.
Pour le protagoniste, il s’agit donc de se trouver soi-même lors d’un processus où il gagne en indépendance vis-à-vis de puissances dominantes telles que la nature, la société ou sa propre culture.
Une des clefs de la dramatisation d’un tel récit est que le point de départ est une enfance perdue. Une telle histoire personnelle peut se retrouver dans d’autres genres. Ce qui fait la spécificité du parcours initiatique est que l’intrigue décrit les étapes de la maturation vers l’âge adulte. L’objectif du personnage est de grandir de ses expériences.
Le récit porte en lui une signification éducative et philosophique pour les jeunes adultes parce qu’il dépeint des personnages qui non seulement ont la volonté de parfaire un état psychologique jugé déficient, mais qui sont aussi capables de dépasser des actions immatures dans la poursuite d’un objectif plus élevé.
Il s’agit de décrire un développement personnel et une découverte de soi. Le personnage sonde ses propres profondeurs afin de trouver en lui ce qui y fut caché et refoulé par ses expériences vécues, c’est-à-dire d’autrefois.
L’attention du lecteur/spectateur est ainsi maintenue sur un personnage par des analepses régulières qui dévoilent des moments du passé et éclairent la personnalité actuelle du personnage et pourquoi il doit évoluer. Ce pourquoi se traduit par une tentative plus ou moins consciente de la part du héros ou de l’héroïne d’intégrer leurs pouvoirs, de se cultiver par des expériences nouvelles. Souvent, il s’agit d’une intégration sociale.
Ce genre peut être introduit en comprenant le changement comme la méthode essentielle de reformulation d’une identité corrompue en une nouvelle identité pour atteindre la maturité de l’individu, c’est-à-dire l’individuation.
Le genre présente le développement identitaire à construire dans le processus de devenir, d’émergence, de changement.
Une nécessité
Le changement est le moyen par excellence pour établir la formation de l’identité, où le changement et l’identité, ainsi que la liberté et le bonheur, la sécurité et la métamorphose, sont tous d’égale importance pour la mentalité occidentale moderne.
C’est un concept humaniste qui s’ancre néanmoins dans une vue bourgeoise de l’intégration sociale de la formation de l’individu depuis ses potentialités innées à travers l’acculturation (sous l’ordre sociologique et non ethnique) et l’expérience sociale jusqu’au seuil de maturité.
L’idée de cette intégration est de se faire une place dans les faits du monde, y participer. Ici il ne s’agit pas de lutter contre un ordre établi, imposant des opinions communes ; ce qui caractérise souvent le héros et l’héroïne d’une telle aventure est la quête de solutions aux problèmes de la vie avec cet espoir peut-être vain que ce monde est fait pour nous.
Le protagoniste acquiert lentement et douloureusement cette maturité. Elle ne concerne pas seulement les expériences de vie du changement et de la croissance du personnage en raison de conditions extérieures ; elle représente plutôt un processus, biologique et intellectuel, spatial et temporel, interne et externe, et les personnages sont à la fois étudiés dans leur complexité faite de contradictions et dans un processus dynamique.
Cela indique que l’élaboration des personnages devient le principe dominant de l’arrangement thématique qui se concentre sur le processus de croissance et de maturation des personnages. Par conséquent, la formation de l’identité du protagoniste au stade final du processus de maturation doit refléter le changement intérieur plutôt qu’extérieur.
Ainsi, alors qu’il est figé dans un état d’esprit au début du récit, le personnage s’extirpe de cette immobilité (au moment du passage dans l’acte Deux) et devient proactif. La formation de l’être, en tant que point culminant du processus de développement, est l’acquisition de l’identité, qui est une expérience comprenant la réalisation du soi (c’est-à-dire de l’entièreté du conscient et de l’inconscient) et de l’individualité.
Le parcours initiatique est une histoire de passage à l’âge adulte utilisée pour explorer la maturation d’un protagoniste qui fait l’expérience de conditions sociétales et économiques difficiles dans le monde dans lequel il vit. Ce genre de récit se focalise sur l’évolution du processus éducatif du personnage central à travers une série d’expériences qui permettent de tirer des leçons (c’est cet aspect moralisateur qui est parfois difficile à gérer pour l’auteur et l’autrice) et de délivrer des messages.
Il permet de critiquer les fautes et les défauts de la société qui causent la souffrance et la perte du protagoniste. Par conséquent, ce genre permet d’identifier les personnages en acquérant plus de conscience et de lucidité à travers l’examen de différents conflits dans les étapes interdépendantes de sa vie.
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