Il est plus facile d’écrire ou plus généralement de créer à partir d’émotions et de passions positives que négatives. La jalousie par exemple est comme un cancer qui dévore l’être de l’intérieur. Cela lui confère une puissance.
Et cette puissance s’incarne dans les personnages qui donneront à l’intrigue toute sa chair.
Lectrices et lecteurs se reconnaissent dans la vaste gamme de nos émotions. Une autrice ou un auteur se saisiront de la moindre de ces émotions et la transformeront pour l’utiliser. Dans le passé d’un personnage, un choc émotionnel est souvent à l’origine de ce qu’il est devenu. Dans la vraie vie, ce trauma originel accompagne souvent l’individu tout le long de sa vie. Ce même individu se construit alors une espèce de coquille pour se protéger de ce qu’il ne peut souvent pas nommer.
Par habitude ou parce que l’individu se qualifie d’un épithète qui le caractérise (un homme jaloux par exemple), cet individu acquiert la capacité d’absorber une insulte ou d’en infliger sans remords ni regret, ou encore de cacher, de détruire, d’oublier une émotion si celle-ci le blesse.
Avec un peu de pratique, on peut se préserver de presque toutes nos émotions et perdre notre humanité.
Ressentir l’émotion
Une émotion ne se montre pas toujours. Ce serait perdre un peu du mystère d’un personnage si toutes ses émotions devaient être évidentes. Sous l’angle créatif, cela serait même se restreindre si l’on est auteur ou autrice de ce personnage.
Face à un événement, si l’on dissimule par une espèce de jugement moral, l’émotion que l’on devrait ressentir, on passe pour ainsi dire à côté de ce que celle-ci peut apporter, c’est-à-dire une profondeur psychologique, une approche de notre humanité. L’art n’a que faire de la moralité ou des conventions.
Une autre façon d’oblitérer l’émotion ou la passion est l’indifférence, sorte de cécité sur ce qui nous entoure. Puisqu’on s’habitue à tout, même à la mort.
Bien sûr, nous ne sommes pas tous ainsi. Et si un tel modèle s’emparait de nous, nous sommes encore capable de le briser. Auteurs et autrices ont conscience de ces écrans protecteurs qui oblitèrent l’émotion & la passion et leur art consiste précisément à les incarner car les chocs émotionnels et autres empreintes durables sont le matériel dont ils se servent pour écrire.
La perception accrue de l’émotion ou, dit autrement, cette connaissance intime du sentiment de vivre est l’idéal de l’artiste. Et lors de son activité créatrice, cette émotion, cette passion consiste à ressentir le souffle de la vie.
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