C’est à travers le regard d’un personnage que nous recevons habituellement un récit. C’est un narrateur qui nous conte une histoire. Ce narrateur nous entraîne à sa suite par le moyen des émotions.
L’émotion est la voie royale d’accès au récit parce qu’en tant que lecteur/spectateur, nous nous investissons émotionnellement dans le personnage. Néanmoins, l’émotion pure ne suffit pas. Pour que nous nous engagions auprès d’un personnage, il faut que nous nous sentions concernés non pas tant par ce qu’il lui arrive mais plutôt parce que nous ressentons sur le plan émotionnel la situation dans laquelle autrice et auteur l’ont jeté.
Nous anticipons ce qu’il se passe dans l’âme du personnage. Par exemple, votre personnage principal est en couple. Nous assistons à une dispute qui s’étend sur plusieurs scènes. La séquence commence au petit déjeuner avec quelques remarques désagréables, puis se poursuit au moment où le couple s’apprête à monter en voiture pour se rendre à leurs activités respectives et nous anticipons que les choses s’aggraveront.
L’attente crée l’empathie envers un personnage que l’autrice et l’auteur ont su nous faire apprécier ou admirer : ils convoquent chez le lecteur et la lectrice les passions adéquates. Nous sommes attirés par une personnalité. Et ce pourrait être celle d’un personnage vraiment antipathique.
La sympathie aide à entrer dans l’empathie mais l’empathie peut se développer elle-même sans l’artifice de la sympathie. On peut comprendre les affres d’un personnage même si sa fonction au sein du récit est celle de l’antagoniste.
L’empathie et la curiosité sont dans notre nature humaine. Nous admirons autant les vices que les vertus.
De bonnes raisons
Un antagoniste n’est pas un être aux intentions nécessairement mauvaises. Nous jugeons si les choses sont bien ou mal (c’est aussi dans notre nature humaine) mais un antagoniste n’agit pas volontairement contre la morale.
Il applique seulement une mauvaise solution à un problème parfaitement justifié et valable par ailleurs. Et nous sommes amenés à comprendre son vécu. L’autrice et l’auteur nous font part de ses expériences et nous nous étonnons à reconnaître en elles des choses que nous avons autrefois ou peut-être encore maintenant ressenties.
Nous pouvons juger des actes mais comme nous sommes habilement menés à connaître le passé du personnage, ses motivations (originaires elles aussi du passé), ce pourquoi il fait ce qu’il fait et pour quel motif, nous nous surprenons à admettre ses actes avant même de se demander comment de tels actes sont-ils seulement possibles.
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