La mimesis aristotélicienne consiste en l’imitation de la vie. Certes à débattre mais néanmoins, cette définition s’aperçoit dans les relations conçues entre les personnages. Ces relations sont souvent la force motrice de l’intrigue.
Surtout elles permettent de faire comprendre qui est un personnage à travers les relations qu’il entretient avec autrui, des relations forcément différentes : une relation fondée sur l’amour ne se mène pas à l’identique d’une autre relation fondée sur l’amitié.
Une relation importante avec soi-même
La relation avec soi-même est certainement la relation la plus importante. Elle permet de mettre en place une personnalité. Chez un personnage, on peut appuyer sur un narcissisme un peu trop marqué, ou bien un sentiment de honte, enfin toutes choses qui traduisent chez un personnage une incapacité à établir des relations avec autrui ou à faire preuve d’empathie envers cet autrui.
Cette relation à soi-même est intéressante à plus d’un titre : elle peut être compliquée, elle peut changer au cours du temps et elle est indépendante des autres relations.
Elle sera ou positive ou négative selon la perspective que l’autrice ou l’auteur cherchent à lui donner et si le récit l’exige, elle peut interpeller les deux aspects.
D’autres relations
Il existe des relations qui ne sont que de simples connaissances d’autrui qui établissent une interactivité entre deux personnages mais limitée. Par exemple, prenons un homme de main qui est inféodé à l’antagoniste et la relation avec le personnage principal devient une espèce de jeu de cache-cache entre les moments de menace ou de séduction tandis que l’homme de main est efficace ou non et doit en rendre compte à son employeur.
Par cette simple connaissance d’autrui, on peut tenter aussi de faire transparaître une indifférence. Considérons un voisin de palier que l’on croise presque tous les jours. Puis ce voisin de palier est assassiné. Peut-être est-ce le moyen si l’on veut faire ressortir un sentiment de culpabilité chez son personnage principal.
La relation devient alors comme une gouge pour sculpter une certaine personnalité.
Ce type de relation distante n’est pas figée car certaines circonstances peuvent donner l’opportunité d’une proximité nouvelle. L’indifférence est négative et elle appelle à être rectifiée. Un récit peut en donner l’occasion parmi ce qu’il a à dire.
Le maniement est beaucoup plus incertain lorsqu’il s’agit de relations de travail. Elles peuvent néanmoins facilement ajouter du conflit dans une scène mais souvent le collègue est peu développé et la relation apporte peu à l’intrigue. Cependant, il permet de créer une hiérarchie d’autorités et de subordonnés qui peuvent servir à l’intrigue. Par exemple, lorsque votre héroïne ou votre héros confrontent l’autorité dont ils dépendent.
L’opposant
Une relation nécessaire est celle de deux volontés qui se contredisent. Nul nécessité cependant à conférer les fonctions de protagoniste et d’antagoniste à ces intentions contraires.
Davantage que des rivaux ou des compétiteurs, deux personnages ennemis œuvrent à se vaincre ou à se détruire mutuellement. La raison de leur animosité peut être personnelle, découlant d’une expérience passée commune, ou simplement le fait qu’ils travaillent à contre-courant et s’empêchent mutuellement d’atteindre leurs objectifs respectifs.
Cette relation est intéressante parce qu’elle permet d’argumenter sur deux points de vue différents sans montrer qu’une des parties est bonne et l’autre mauvaise. Chacun des personnages agit selon ce qu’il pense être son droit. C’est une exploration pour l’auteur et l’autrice qui devront affronter la complexité d’une telle relation.
Notons aussi que l’ennemi peut être une idée, une institution (la relation entre collègues pourrait alors être significative), la nature..
La famille offre un ensemble de relations qui procure une vraie dynamique à un récit. Les plus âgés possèdent un pouvoir ou une quelconque autorité sur les plus jeunes qui peuvent ou non l’accepter (et il faut démontrer pourquoi sinon le lecteur/spectateur ne pourra pas apercevoir la relation et ce sera aussi l’occasion de quelques scènes utiles à l’intrigue) et puis la famille représente souvent ceux envers qui un héros ou une héroïne peuvent se confier plus facilement qu’à un ami ou un amour.
Notons que les relations familiales seront souvent imparfaites car sinon, elles manqueront de tension dramatique et de justification dans le récit.
La personnalité de l’ami proposera un contraste à celle de l’héroïne et du héros. Lorsqu’il y a trahison, c’est plutôt du côté de la famille que cela se produira car la véritable amitié doit être préservée.
Les conditions de l’amitié sont généralement présupposée : on n’assiste pas à la construction de l’amitié. Par contre, l’amour est un processus qui participera en filigrane à l’intrigue. Il peut être aussi un amour égoïste et possessif confinant à la fixation comme Apollon poursuivant Daphné dans un amour non rendu par celle-ci.
L’amour des amants ou celui spirituel est toujours utile pour ajouter du conflit et de la tension dramatique. Quelle que soit la nature d’une relation, elle est loin d’être simple. Les personnes qui font partie de votre vie ne sont pas parfaites et vous n’êtes pas insensible à leurs défauts. Parfois, ils vous déçoivent ou vous blessent. Mais les personnes de votre entourage ont aussi des points forts et parfois, ils vous aident ou vous impressionnent.
Les personnages fictifs n’y échappent pas. La façon dont les traits de caractère d’individus différents interagissent entre eux est ce qui empêche les relations d’être simples. Elle entraîne des complications. Si toutes les relations d’un récit apparaissent simples ou faciles, elles ne seront pas vraisemblables et le lecteur/spectateur ne s’y intéressera pas.
Et gardons à l’esprit qu’une relation évolue.
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