Les personnages interagissent entre eux. La plupart des scènes sont des rencontres nouvelles. Mais ces personnages ont-ils vraiment besoin de se rencontrer maintenant ? C’est-à-dire qu’au lieu d’établir une relation dans le cours du récit, peut-être que deux personnages se connaissent déjà l’un l’autre lorsque l’aventure commence.
La rencontre nouvelle est alors celle que la lectrice & le lecteur font avec les personnages, plus précisément avec la relation qui existe déjà entre les personnages.
Cette relation peut être à différent degré de profondeur : deux personnages sont mariés depuis une vingtaine d’années ou bien deux personnages qui se sont perdus de vue depuis 20 ans se retrouvent au gré d’une étrange coïncidence. Même deux personnages qui ne se sont jamais rencontrés physiquement peuvent avoir entendu parler l’un de l’autre : c’est aussi une forme de relation.
Quelque chose qui existe déjà
L’avantage d’une relation préexistante est que les personnages n’ont pas besoin d’être contextualisés pour justifier une rencontre. Vous faites une économie de pages en épargnant la laborieuse action d’une nouvelle rencontre. Une scène au cours de laquelle des personnages se présentent les uns les autres est ennuyeuse.
Alors si cette première rencontre est vraiment nécessaire, créez un cadre singulier. Par exemple dans L’arme fatale 3, la rencontre du duo Riggs & Murtaugh avec Lorna Cole se produit dans le lieu confiné d’un ascenseur.
Concernant les lieux de l’action, le fait que deux personnages qui se connaissent déambulent ensemble dans le même endroit renforce par quelque magie sans doute la réalité du lieu, sa consistance en quelque sorte.
Il ressort un sentiment de vécu qui permet de faire l’économie de descriptions qui ralentissent la lecture en alourdissant les didascalies. La découverte du lieu par le lecteur/spectateur est facilitée par la relation existante.
Ainsi du vécu de deux personnages par le passé. Imaginons que ces deux personnages se retrouvent après s’être perdus de vue. Le dialogue peut alors porter sur un moment du passé qui donnera des informations respectives sur chacun des personnages ou seulement l’un deux si le récit l’exige à ce moment.
Si l’un deux dit : Je te connais depuis le lycée. Je passais mon temps à copier sur toi. Je n’ai jamais pensé que je te reverrais après que tu aies eu ton diplôme. Et si l’autre répond : Je n’aurais jamais cru que tu aies ce diplôme. Ou bien avec l’aimable autorisation de notre lecteur Paul-en-ski (voir les commentaires) : “Tu te souviens, au bahut..? Je passais mon temps à pomper sur toi… (sourire ironique). Ça me tue de retrouver mes sources… J’aurais jamais pensé te revoir après ton diplôme… L’autre répond (ironie tac au tac) : “Moi, ce qui me tue, c’est que t’aies eu le tien, de diplôme…” ; nous avons aussitôt une idée des personnalités respectives. Au lieu de devoir établir la dynamique de ces personnages lors d’une introduction, nous apprenons une anecdote et voyons un exemple de leur interaction, et un aperçu de la façon dont ils perçoivent l’autre.
Une relation existante ajoute de la profondeur à une scène. Pour nous, lectrice & lecteur, deux personnages que nous ne connaissons pas encore se rencontrent et vis-à-vis d’eux, c’est notre première rencontre. Nous avons encore beaucoup à apprendre sur eux si nous espérons comprendre ce qu’il se passe dans le récit.
Maintenant, imaginons que ces deux personnages aient un passé commun. L’un est devenu barman et l’autre entre dans le café. Dès que le barman l’aperçoit, son sourire de circonstances s’efface aussitôt. Nous comprenons qu’il y a une sorte de secret entre ces deux personnages et cela non seulement fixe notre attention mais épargne à l’autrice ou à l’auteur toute une série de scènes qui aurait embarrassé la lecture par une relation qui serait à construire.
Ainsi, il est plus simple d’inventer quelque chose de nouveau dans le passé et de l’appeler dans le présent par un souvenir que de devoir établir laborieusement une relation nouvelle.
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Williams ! Voyons… Soyez moins guindé BCBG dans vos foutus putains de dialogues, bordel : On est au cinéma ! ^^
Si l’un deux dit : « Tu te souviens, au bahut..? Je passais mon temps à pomper sur toi… (sourire ironique). Ca me tue de retrouver mes sources… J’aurais jamais pensé te revoir après ton diplôme…
L’autre répond (ironie tac au tac) : « Moi, ce qui me tue, c’est que t’aies eu le tien, de diplôme… »
Et ne me volez pas mes dialogues, j’ai mis un dépôt SACD dessus. Non mais..!^^
Excellent. Par contre est-ce que je peux remplacer mon exemple qui est vraiment à jeter par les vôtres en vous citant ? Vous êtes bien meilleur que moi. Et merci d’intervenir dans les commentaires.
Bien entendu, mon cher Williams. Pour une fois que quelqu’un reconnaît mon évident et sublime génie scénaristique de dialoguiste, je ne vais certainement pas bouder la célébrité^^. Pour le MG et les RNPP, vous voyez avec mon agent, pas de souci. Et n’oubliez pas la clause de réserve SACD dans notre contrat (les pâtes, c’est bon ; mais avec du saumon fumé, c’est quand même meilleur).