LE RÉCIT D’AVENTURES

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Un récit conte souvent une aventure. Parfois, ce voyage est tout intérieur, en particulier dans les récits qui se concentrent sur l’étude d’un personnage. D’autres fois, le voyage est purement extérieur, où le protagoniste quitte son propre monde pour en voir et en expérimenter un autre.
Dans ce dernier cas, un voyage intérieur fait également partie du processus, conduisant le protagoniste à découvrir quelque chose de nouveau sur lui-même et à changer dans le même coup. Ainsi, le personnage principal possède sa propre ligne dramatique (souvent dénommée arc dramatique).

Ce qui est intéressant avec l’aventure, c’est qu’elle s’immisce dans tous les genres. L’imagination est sollicitée. Elle sera cependant nourrie par une recherche documentaire car ce n’est pas parce qu’on ne connaît pas un sujet qu’on ne peut point écrire sur lui.
La vie est ainsi faite : on ne devrait jamais cesser d’apprendre.

L’aventure signifie que le protagoniste se rend dans un nouveau monde (qu’il ne connaît pas), et l’intrigue ainsi que la personnalité de ce personnage doivent fournir une raison incontestée pour laquelle il ou elle doivent le faire, c’est-à-dire d’où vient l’appel pour cette aventure.
On se précipite rarement le long d’un chemin dont on ignore ce que recèlent les congères. Pourtant, emprunter ce chemin est le seul moyen pour que le personnage principal puisse résoudre son problème. Par exemple, on ne peut refouler le passé et espérer vivre le présent dans ce qu’il a à nous offrir : c’est-à-dire la vie.

Ce qui fonde une aventure, c’est la nécessité de la vivre. Cet appel à vivre de nouvelles choses (Call to Adventure) est précisément ce sur quoi devraient d’abord réfléchir auteurs et autrices qui souhaitent écrire dans ce genre.

S’il y a deux mots que nous pouvons utiliser pour définir la fiction d’aventure, ce sont : nouveau et dangereux. Nouveau, parce que le protagoniste est emmené dans un nouveau monde en dehors de son univers familier, et dangereux, parce que son voyage est amalgamé d’un danger constant qui sert principalement à faire avancer l’intrigue.

Une action physique

Il ne s’agit pas de mettre les événements sur le devant de la scène. Les actualités télévisées et autres suffisent amplement. Néanmoins, les personnages seront entraînés dans le maelstrom des événements. Le lecteur/spectateur est concentré sur ce qu’il arrive aux personnages et comment ils réagissent aux événements.

Ce qui compte est précisément cette réaction car elle signifie qu’en s’accumulant, elle pousse les personnages à changer. Et ceux-ci sont parfaitement conscients des dangers qui les entourent. Et c’est cela qui nous fait aimer les récits d’aventure en tant que lecteur et lectrice. Contrairement à notre quotidien, l’héroïne ou le héros d’une aventure osent se remettre en cause : ils discutent leurs habitudes et critiquent ce que la société attend d’eux.

Ce nouveau monde est complètement étranger au protagoniste, et les personnages qu’il rencontre en cours de route lui servent d’informateurs – ainsi qu’aux lecteurs – pour l’introduire dans ce monde : c’est ainsi que l’archétype du mentor se justifie dans un récit d’aventures.

Le personnage principal ne sera pas familier avec les êtres qui peuplent ce nouveau monde. Par exemple, un jeune fraîchement sorti des études et qui s’immerge immédiatement dans le monde du travail ne saura pas gérer son rapport à ce nouveau monde. Surtout si les relations changent entre le moment de ses stages dans ce milieu (qui représentent le passé) et le présent.
Du passé, le personnage principal a conçu des valeurs qui, dorénavant, ne s’appliquent plus. Mais ce monde inconnu du personnage existe déjà. Peut-être qu’il l’ignorait ou peut-être en avait-il été préservé. Quoi qu’il en soit, ce monde s’impose à lui.

L’étrangeté des lieux

L’aventure consiste à emmener le lecteur/spectateur vers des lieux qu’il n’a pas souvent l’occasion de fréquenter et d’en montrer certains aspects, c’est-à-dire qu’à partir de caractéristiques réelles, l’imagination de l’autrice et de l’auteur élabore des profondeurs possibles.

La menace existe non pas parce qu’on devine une présence maléfique en ces lieux mais parce qu’on ignore ce qu’ils dissimulent. L’aventure parle ainsi de survie. Effectivement, il s’agit de survivre au parcours héroïque.
Un père de famille soudain accusé d’un crime qu’il n’a pas commis est maintenant confronté à une institution qui, malgré la présomption d’innocence, le projette dans un monde totalement nouveau empli de suspicions jusqu’à le détruire.

Sa survie consistera à se reconstruire plus qu’à prouver son innocence dont nous sommes, en tant que lectrice et lecteur, certains. Cependant, le personnage découvrira ce qu’il se cache sous la surface : un nouveau monde en soi.
Peut-être devra t-il pénétrer un monde interlope : sous la superficialité polie de la société existe d’autres réalités. D’ailleurs, chaque individu qui peuple pourtant le même monde que le nôtre possède une perspective totalement différente sur celui-ci.

Lorsqu’on se mêle à cette étrangeté qu’est autrui, on ne peut plus dorénavant l’ignorer. Et on n’en sort pas indemne. Ce nouveau monde est une exploration. En découvrant autrui, on se met soi-même en péril.
On comprend mieux le refus de l’appel dans un premier temps car nous sommes fixés dans l’illusion d’un confort.

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