Le changement est ce qui caractérise le personnage principal. Pour la lectrice et le lecteur d’une fiction, le changement répond au besoin de savoir, à défaut de connaître, qu’une transformation est possible.
Un personnage subit une série d’événements auxquels nous avons assisté en tant qu’observateurs et souvent même, nous nous sommes impliqués dans ce que ce personnage ressentait au moment de ces événements qu’il vivait dans son âme et dans sa chair.
Nous n’échappons pas à la causalité en fiction. Le résultat des événements est effectivement une conséquence de ceux-ci. Cela implique que ce que nous visons en tant qu’autrice et auteur, c’est précisément cette conséquence : ainsi, nous avons une conséquence voulue mais une infinité de causes possibles animées d’une infinité de motivations ; ce qui importe est la conséquence.
Le thème
La définition qu’on entend le plus souvent du thème est qu’il est ce dont le récit parle. Comme toute définition, elle est utile à la théorie mais en pratique, elle manque de matières ou de consistance. Nous avons une intrigue mais quelle en est la signification ? Quelle vérité sur notre condition humaine nous révèle t-elle ?
Dans La vie est belle de Frank Capra, nous pourrions penser que le message est qu’une vie bien vécue a une signification et un sens ; Aucun homme n’est un échec s’il a des amis. Ainsi, la transformation du point de vue du personnage principal est ce message qui s’adresse au lecteur et à la lectrice.
Le thème est le principe qui fait que le récit existe. On démontre ce principe par les expériences que traverse le personnage principal et dont il ne ressort pas indemne. Certes, c’est une approche empirique mais montrer les choses est ce qui permet d’exprimer l’indicible. C’est une illustration, une représentation d’une idée qu’autrices et auteurs soumettent à l’interprétation de leurs lecteurs et lectrices.
Nous avons l’intuition du temps mais les effets qu’il a sur nous tels que gagner en sagesse par exemple est ce par quoi nous pouvons dire ce qu’est notre vision du temps. Les expériences, les événements vécus par le personnage doivent l’amener à faire un choix (d’ailleurs illustré par le climax, son ultime confrontation avec l’adversité, qui est comme un symbole de la résistance à s’accepter tel qu’il est).
L’issue de cette confrontation porte le message du récit, le thème majeur qui, précisément, organise le récit. Le lecteur/spectateur en sort imprégné par ce message comme si les murs d’une demeure auraient conservé la mémoire du passé.
L’arc dramatique
L’arc dramatique suit sa propre structure : l’acte Un définit ce qu’un personnage a besoin (c’est-à-dire ce qu’il lui manque vraiment : un personnage face à son passé par exemple) et nous devons comprendre pourquoi ce manque sinon nous ne comprendrons pas le besoin.
La tâche est rendue plus ardue pour l’autrice et l’auteur quand le personnage lui-même ne sait pas quelle est la nature de son trouble.
L’acte Deux devient le temps des expériences pour le personnage. Ce qu’il lui arrive et qui est certainement différent de ce qu’il se passe dans l’intrigue le force en quelque sorte à changer. Il découvre des vérités cachées ce qui signifie qu’elles étaient déjà là mais qu’il était trop orgueilleux ou trop dans la soumission pour les apercevoir.
Progressivement, son regard est purifié des laitiers qui biaisaient ses impressions. En somme, il se révèle progressivement à lui-même car la transformation n’est jamais immédiate. Dans son action, le personnage rencontre des résistances et que celles-ci soient intérieures ou extérieures, il doit les vaincre mais réussir ne peut être prévisible.
L’intrigue
Est-ce que les événements de l’intrigue doivent être nécessairement liés à l’arc dramatique ? Ils peuvent être conçus pour aider à la transformation mais ils n’en seront pas la cause. Si le besoin pour votre héroïne ou votre héros est de s’émanciper du cadre rigide que leur impose une culture ou une classe sociale, les événements de l’intrigue illustreront les limites obligées et les tentatives du personnage pour les éclater, si tant est qu’il y parvient : le résultat est le thème.
Les événements sont induits par la transformation. C’est donc celle-ci que l’autrice ou l’auteur se doivent déjà de définir et d’illustrer ensuite par des situations dans lesquelles le personnage sera confronté à un dilemme.
La réponse qu’il donne à ce dilemme, la responsabilité du choix, entraîne des réactions extérieures et les événements se lient.
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