PART 1 : THE ADVENTURE OF THE HERO
CHAPTER 1 : DEPARTURE
2. Refusal of the call
The myths and folk tales of the whole world make clear that the refusal is essentially a refusal to give up what one takes to be one’s own interest. The future is regarded not in terms of an unremitting series of deaths and births, but as though one’s present system of ideals, virtues, goals, and advantages were to be fixed and made secure. King Minos retained the divine bull, when the sacrifice would have signified submission to the will of the god of his society; for he preferred what he conceived to be his economic advantage. Thus he failed to advance into the life-role that he had assumed — and we have seen with what calamitous effect. The divinity itself became his terror; for, obviously, if one is oneself one’s god, then God himself, the will of God, the power that would destroy one’s egocentric system, becomes a monster.
Les mythes et les contes populaires du monde entier montrent clairement que le refus est essentiellement un refus de renoncer à ce que l’on considère comme son intérêt. Le futur n’est pas considéré comme une infinie série de morts et de naissances, mais plutôt en regard de préserver son actuel système d’idéaux, de vertus, de buts et d’avantages. Le Roi Minos conserva le taureau parce que le sacrifice promis aurait signifié se soumettre à la volonté du dieu Poséidon ; Il y vit ce qu’il considéra comme un intérêt personnel.
Ainsi, il échoua dans le rôle que lui avait assigné la vie et nous savons avec quelles conséquences dramatiques. La divinité elle-même devint sa pire terreur car, évidemment, si l’on est soi-même son propre dieu, alors Dieu lui-même, la volonté de Dieu, la puissance qui peut détruire le système égocentrique de l’individu, devient un monstre.
Pour bien saisir l’importance de ce paragraphe, il est nécessaire d’approcher l’expérience de la mortalité, un concept commun autant à l’humanité qu’aux animaux et à tout ce qui est organisme vivant, ici, dans notre monde.
Ce qui nous différencie dans le règne animal est que nous avons conscience de notre mort. Il est un fait qui prouve que cette expérience de la mort remonte dès les débuts de l’humanité : nos ancêtres les plus éloignés enterraient les corps ou leur offraient une sépulture. Pour Joseph Campbell, il y avait déjà à l’œuvre une pensée mythologique.
Cette pensée se fondait sur l’idée que les corps se déplaçait dans une autre sphère ce qui explique que le corps du défunt était accompagné de nourriture ou d’animaux sacrifiés. En Chine, bien avant Jésus Christ, les intimes du défunt demandait l’autorisation de se joindre à lui.
Des récits commencèrent à se former chez nos ancêtres entre ce qu’ils voyaient et ce qu’ils imaginaient. Le déplacement des astres, la succession des saisons trouvèrent des explications mythiques entre le monde humain et peut-être celui des dieux. Le mystère de la création s’expliquait.
L’âme et les mythes
Dans les différentes interprétations que l’on peut faire du périple du héros (Hero’s Journey), l’âme est souvent malaisée à concevoir. L’âme est ce qui donne une certaine profondeur aux actions de l’héroïne ou du héros.
Serions-nous nous-mêmes devenus sourds à l’appel de l’aventure ?
De nombreux mythes prophétisent la fin du monde. Mais l’âme ne serait pas perdue puisqu’elle intégrerait le royaume éternel. Le périple héroïque pourrait alors signifier que nous sommes ainsi appelés à nous transcender, à devenir autre.
Nous nous dépouillerions de la part qui nous retient dans le monde mais notre âme subsisterait. Ce long voyage entrepris par le héros est censé être un guide pour redécouvrir notre véritable identité. Cette quête a beaucoup de points communs avec le processus d’individuation de Carl Gustav Jung, où l’on apprend à accepter et à assimiler l’ensemble de sa personnalité.
Cette quête de soi est difficile, tout comme l’est le hero’s journey. Comme l’explique Jung, l’individuation embrasse notre singularité la plus intime, la plus ultime et unique ; elle implique aussi de devenir son propre moi.
Se saisir de l’entièreté du soi nécessite l’effort d’aller à la rencontre de notre moi rejeté, et peut-être surtout de notre propre souffrance. Pour Joseph Campbell, le hero’s journey n’est pas un modèle pour écrire des histoires. Sous cet angle, il est beaucoup trop prévisible. Le mythique périple fut faussement présenté comme une sorte de garantie qu’une histoire allait résonner avec puissance et fasciner le lecteur en l’atteignant au plus profond de lui-même.
Un modèle seulement ?
Certes, on peut utiliser le hero’s journey pour planifier les grandes étapes de l’aventure. Mais il est certainement bien plus que cela.
Pour comprendre Campbell, il faut comprendre ce schéma (fondé sur les enseignements de Carl Gustav Jung). Cette recherche consiste à déchiffrer le fonctionnement de l’esprit, la forme singulière d’un point de vue ou encore la nature de la force qui meut une motivation.
Le cercle représente l’esprit.
L’ego, qui porte un stigmate d’arrogance ou d’étroitesse d’esprit (c’est-à-dire constamment distrait par les choses sensibles qui l’entourent), est simplement (dans une grande partie de la philosophie) le point de vue de l’existence et de l’être : le cogito de Descartes : Je pense donc Je suis.
Ce qui importe ici est la mort de l’ego (ego death ou psychic death). Cette mort consiste en une formidable transformation de la psyché. Joseph Campbell l’a remarqué dans son étude des mythologies mentionnant les notions de mort et de renaissance spirituelles. C’est une métaphore pour décrire un abandon de soi et effectivement une transition vers un autre état.
Ce n’est pas à confondre avec la dissolution de l’ego, expérience psychédélique d’un sens de soi compromis. Dans le modèle représenté ci-dessus, l’ego et le soi (self) sont différenciés. Pour Campbell, l’ego est tel que vous vous pensez. Il est Vous par rapport à tous les compromis de votre vie, tels que vous les comprenez.
Le soi, c’est toute la gamme des possibilités auxquelles vous n’avez jamais pensé. Et vous êtes le prisonnier de votre passé quand vous êtes attaché à l’ego (comme nous sommes nous-mêmes limités par notre propre corps). Parce que si tout ce que vous savez de vous est ce que vous avez découvert sur vous-même, c’est déjà du passé. Le moi ou soi (self) est un champ entier de potentialités à réaliser.
Les expériences nouvelles et personnelles se sourcent auprès du soi, non de l’ego. En m’inspirant de Paul Ricœur, je dirais que l’ego possède une structure narrative parce qu’il est un moyen de nous conter aux autres. Notre ego offre aux regards d’autrui l’illusion que nous donnons de nous-mêmes.
L’ego possède aussi une logique, une manière de raisonner fondée sur la répétition. En effet, nos habitudes deviennent une manière de penser. Dans une fiction, lorsque le personnage principal s’est décidé à prendre son problème à bras le corps, il envisage une première stratégie pour contrer la force antagoniste nouvelle.
Mais il le fait suivant ses expériences passées qui ont été plus ou moins bénéfiques dans les circonstances d’autrefois. Maintenant, il tente quelque chose de similaire mais la situation a changée et la réponse qu’il donne maintenant ne s’adaptera pas aux circonstances nouvelles.
Néanmoins, dans la vie réelle, l’ego est quelque chose de rassurant au sein d’une communauté. En somme, l’ego est un moyen de reconnaissance. Ainsi, il est un moyen de nous extérioriser, de projeter dans le monde une représentation de nous-mêmes, c’est-à-dire une personæ.
La notion de projection
Chez Campbell, la notion de projection se fonde essentiellement sur ce qu’en dit Carl Gustav Jung. Jung a étudié les rêves et conclu qu’ils généraient des symboles. Ces symboles pouvaient être déchiffrés pour révéler le fonctionnement de l’esprit, la forme d’une vision du monde et la force motrice d’une motivation.
Sur la ligne qui relie le moi au monde extérieur sur le schéma se trouvent les projections. Il s’agit de distorsions dans notre relation avec le monde extérieur. Le monde réel est représenté par l’arbre, les personnages esquissés et un animal à quatre pattes et à grandes oreilles. La projection de l’esprit est représentée par une accolade.
Les projections ne sont pas l’expression de la réalité, et peuvent même être définies par la distance qui les sépare de la réalité. En même temps, tout le monde génère des projections. Lorsque notre subconscient a absorbé suffisamment d’informations pour se forger une conviction sur quelque chose, cela déborde sur le monde réel.
Cela peut être démontré par des tests d’aperception thématique, où un seul dessin de personnes ou de personnages en action peut être interprété d’une myriade de façons, infinies dirait Sartre, en fonction des préjugés personnels de celui qui perçoit.
Ce processus diffère de celui de l’ego qui reçoit les informations et les catégorise dans un processus de raisonnement, générant des opinions plutôt que des convictions. La distinction est que les composantes d’une opinion sont souvent prises en compte et examinées, alors que le subconscient n’invite pas naturellement à un tel examen, formant des convictions qui ne sont pas pensées mais ressenties – si elles sont même remarquées car, généralement considérées comme vraies, elles vont de soi.
Le concept de projection psychologique en tant que phénomène comporte certaines implications troublantes. Par exemple, pourquoi ne pas simplement recalibrer la projection pour toujours voir le monde de la manière que nous souhaitons le plus ? Tout n’est que perception, après tout.
Il devient aussi terriblement facile de rejeter les expériences de vie de ceux qui souffrent d’injustices sociales en disant : Cela n’a rien à voir avec moi et je ne saurais que faire de cette distorsion que tu projettes.
Campbell propose la possibilité d’éclaircir cette altération et de se confronter à la réalité – Il ne s’agit donc pas d’un objectif impossible ou même inhumain.
Ombre, anima et animus
À l’intérieur de ce modèle, on peut également cartographier les causes des projections, que Campbell appelle des systèmes. Ces systèmes sont appelés l’ombre, l’anima et l’animus et, avec force, ces systèmes ont été mis en mouvement par les expériences initiales de la réalité qui nous ont conditionnés.
En fait, l’Ombre est tout ce qu’on nous a appris et conditionné à ne pas être.. mais nous le sommes quand même. L’Anima et l’Animus sont des systèmes qui nous permettent d’entrer en relation ou d’interagir avec d’autres personnes.
Enfin, la personæ est la façon dont une personne se représente au monde. Cette personæ peut être si différente du reste du moi et de la psyché qu’elle consiste à vivre le mensonge prétentieux et manipulateur d’un faussaire qui feint les choses (tout comme l’exemple du garçon de café chez Sartre).
Ou bien, on peut s’identifier si étroitement à cette personæ que le résultat peut être une personne sincère, mais trop superficielle pour être authentique, ou peut-être que toute atteinte à sa réputation ou à son image la dévasterait émotionnellement et lui ôterait le but de sa vie.
Une personæ peut être totalement ignorée, et ces personnes peuvent être profondément endommagées dans leur tentative d’honnêteté pure (pour elle-même sans se rapporter à une quelconque intention autre) avec un monde qui ne les comprendrait d’ailleurs pas, ou être incapables de fonctionner dans la société parce qu’elles iraient dénudées, sans défense.
Quelles que soient ses caractéristiques, une personæ est choisie et construite : elle est consciemment assumée ou consciemment rejetée.
Le modèle de psyché de Campbell (illustré ci-dessus) décrit le processus émotionnel que le héros entreprend : c’est le cœur palpitant des étapes extérieures du voyage lui-même, qui sont si souvent considérées à tort comme le seul but du parcours héroïque.
Lorsque le héros ou l’héroïne franchissent le seuil du monde spécial, ce n’est pas un développement majeur de leur personnalité. C’est une prise de conscience que le point de vue forcément limité de l’ego commence à se fissurer et le personnage prend conscience que s’ouvre à lui de nouvelles possibilités qu’il n’osait pas même imaginer.
Il entre dans un monde d’instabilité émotionnelle, fragilisant son identité et plein de danger : il n’a jamais été ici auparavant, et pourtant c’était là depuis le début, seulement recouvert d’un voile opaque.
Franchir le seuil, c’est la mort de l’ancien moi, c’est laisser derrière soi ce que l’on pensait être jusqu’à présent ; c’est sacrifier, ou peut-être détruire, le moi que l’on croyait pouvoir devenir. Ce n’est pas simplement trouver une porte dérobée, c’est rencontrer un soi caché.
Une paix intérieure
Ce hero’s journey est, si vous êtes prêt à écouter son appel pressant, un guide vers la réalisation de votre propre âme. Le prix à payer est simplement tout ce que vous avez dans votre vie et potentiellement votre vie elle-même.
Car si ce voyage ouvre la voie à de vastes potentiels et talents intérieurs, il entraîne également la destruction déchirante de l’ego. C’est la promesse à la fois du ravissement et de la douleur, et son cadeau ultime : la manière de participer dans la joie aux douleurs du monde (dit autrement, aimer la vie), car c’est là le véritable sens de la paix.
an unremitting series of deaths and births
Joseph Campbell écrit que la vie en elle-même n’a pas de sens. Chacun d’entre nous est porteur de sens et nous donnons vie à ce sens. S’interroger sur le sens de la vie n’a alors pas de sens ou serait absurde.
La nature héroïque commande le sacrifice et le don de soi envers autrui. Le voyage héroïque consiste à affronter les pires tourments afin d’en grandir et de revenir auprès des siens afin de leur offrir, comme une bénédiction, le fruit des expériences vécues.
Le voyage héroïque est intimement lié à notre condition humaine. Le hero’s journey conte l’histoire d’un individu qui devient autre. C’est le récit d’une transformation, non celui de renforcer nos idéaux, nos vertus, nos objectifs et autres avantages que nous croyons posséder. Se figer dans nos acquis est une espèce de mort spirituelle.
Parfois, le changement peut être voulu : se marier, trouver un nouvel emploi.. ouvre de nouveaux horizons à explorer. D’autres fois, il est involontaire : il s’agit alors de surmonter un traumatisme, un choc affectif telle une rupture par exemple.
Le modèle héroïque tel que démontré par Campbell procure alors un guide pour se dépasser soi-même.
Il s’agit de devenir l’héroïne ou le héros de sa propre vie, l’artisan de sa destinée. C’est un moyen clinique de confronter ses problèmes et de trouver ses propres réponses relatives à nos angoisses, anxiétés, dépressions, traumatismes ou autres addictions.
Les mythes proposent l’archétype du mentor comme aidant de ce voyage : un thérapeute occupe la même fonction. Dans les mythes, la faiblesse du héros, ce qui le rend vulnérable, est compensé par la présence d’une figure tutélaire. Ces figures quasi divines sont en fait symboliquement représentatives de la totalité de la psyché. Elles sont déjà en nous et sont les forces qui manquent à notre ego qui n’est qu’une partie de notre véritable identité car l’ego seul ne nous rend pas entier.
Il nous faut donc que l’ego se développe de manière à prendre conscience (car c’est par l’ego que nous sommes conscients) de nos forces et de nos faiblesses afin qu’il devienne apte à affronter efficacement les tâches ardues que la vie lui impose.
Comprendre le monde ordinaire
La toute première étape du hero’s journey est la description du monde ordinaire du héros. C’est un segment narratif important du récit parce qu’il démontre que les habitudes, les connaissances, les expériences que le héros ou l’héroïne ont déjà vécues, leurs compétences actuelles seront inefficaces pour les épreuves à venir.
Le personnage principal tente vainement d’appliquer ce qu’il connaît déjà pour trouver des réponses à des problèmes nouveaux qui, même si ces problèmes semblent très proches de choses antérieures, ne sont jamais tout à fait les mêmes.
Pour trouver les véritables réponses, l’héroïne et le héros devront abandonner ce qui leur est familier, faire table rase de leurs habitudes et pénétrer, nu, dans l’inconnu. Nous devons accepter que les problèmes de la vie, lorsqu’ils sont sérieux, nous obligent à changer. Le souci est que nous hésitons à sacrifier notre confort actuel.
Cela inhibe la croissance de notre personnalité vers sa vérité. Nous craignons le regard que nous portons sur nous-mêmes. Et notre ombre s’enfle en intensité. Nous censurons notre volonté de changement.
Ainsi s’organisent nos conflits personnels. Nous évitons les choix difficiles que pourtant la vie nous impose. Les mythes ont cette faculté de nous aider à nous dépasser, affirme Joseph Campbell. Par eux, nous pouvons donner du sens au commun. Le parcours héroïque que Campbell identifia se constitue de trois phases séquentielles : la séparation, l’initiation et le retour.
Chacune de ces phases se subdivise jusqu’à donner 17 étapes que le héros doit accomplir.
Naître, Croître & Mourir
L’âme
Qu’est-ce que l’âme doit aux mythes ? Pour Joseph Campbell, les anciens mythes ont été conçus pour mettre l’esprit, le système mental, en harmonie avec ce système corporel, avec cet héritage qu’est notre corps.
L’esprit peut divaguer de manière étrange et vouloir des choses que le corps ne veut pas. Et les mythes et les rites étaient des moyens de mettre l’esprit en accord avec le corps, et le mode de vie en accord avec la manière que la nature dicte.
Ces mythes appartiennent à notre conscience collective car les étapes du développement humain n’ont pas changées depuis nos temps les plus anciens. Le problème de l’enfant élevé dans un monde de discipline, d’obéissance et de dépendance vis-à-vis des autres est qu’il doit se transcender lorsqu’il arrive à maturité pour qu’il ne vive plus dans la dépendance mais avec une autorité responsable.
Cette transition de l’enfance à la maturité, puis de la maturité et de sa pleine capacité à la perte de ces pouvoirs et à l’acceptation du cours naturel de l’automne de la vie puis du passage est difficile à accomplir ; les mythes sont là pour nous aider à aller avec, à accepter la voie de la nature et ne pas s’accrocher à autre chose.
Le chemin de la vie suit un rivage ; ce même rivage que d’autres ont déjà parcouru. Poursuivons cette métaphore : longer le temps et accepter les beautés (c’est-à-dire dans le langage de Campbell ce que la vie a de plus beau à nous offrir), c’est se préparer au passage. Les mythes et légendes nous aident en cela.
Pour expliciter davantage son propos, Campbell se prend lui-même comme exemple. Après une carrière universitaire qui l’a totalement comblé est venu l’heure de la retraite. Cela aurait pu être une continuité à peine différenciée mais pour Campbell, ce fut l’occasion d’un nouveau départ vers des horizons nouveaux : de nouvelles tenues vestimentaires, de nouvelles habitudes peut-être.. de nouvelles habitudes de pensée sa vie, certainement.. et de redécouvrir ce que la vie a à nous offrir.
Lorsque le corps a atteint son apogée de puissance et commence à la perdre, est de s’identifier, non pas au corps, qui subit la senescence, mais à la conscience dont il est le véhicule. On s’interroge alors. Suis-je l’incandescence ou la lumière qui en est la conséquence ? Le corps est un vaisseau. Lorsqu’on s’identifie à la conscience, le vaisseau perd son importance. C’est d’autant plus vrai que quoi qu’on tente, il finit toujours par s’abîmer.
Alors la conscience rejoint la conscience. Les mythes ne racontent rien d’autre.
Une métaphore
Métaphoriquement, Joseph Campbell considère cette identification particulière de la conscience avec elle-même à l’image du Christ qui réside en nous. Le Christ ne meurt pas, précise Campbell. Il survit à la mort et ressuscite.
Ou bien encore Shiva, la grande méditation des yogis. Et pour Campbell, il n’est pas vraiment nécessaire d’avoir recours à une telle métaphore si l’esprit est prêt à s’identifier à ce qui l’anime, c’est-à-dire l’âme.
La conscience de la vie n’a pas toujours été. L’absence de l’autre est apparue avec le Néandertalien et les premières sépultures. Ce que celles-ci révèlent est la croyance d’une vie au-delà du visible. Des autels furent découverts non seulement pour nos morts entourés des objets de leur vie quotidienne mais aussi pour des animaux tués. Campbell explique cela par une sorte d’expiation envers la mort.
C’est le thème de base de toute mythologie : il existe un plan d’existence derrière le plan visible.
Évidemment, cette existence hors de nos limites se représente sous une multitude de formes (peut-être même une infinité de formes suivant le futur de l’humanité) selon les époques et les cultures.