Besoin et désir sont différents. Le désir d’un personnage est quelque chose qu’il se forge, forcé en quelque sorte par la situation : un compétiteur veut gagner le titre, une femme veut retrouver sa fille disparue, un homme ordinaire veut retrouver l’assassin de sa femme.
Ces désirs sont concrets et visibles de la lectrice et du lecteur qui peuvent alors juger si les actions du personnage le rapprochent ou non de son objectif.
Parallèlement à ce désir, le personnage est animé d’un mouvement interne. Il s’agit d’une idée : le compétiteur ne veut pas la victoire, ce dont il a besoin et qu’il ne se dit peut-être pas clairement à lui-même, dont il est inconscient, c’est de gagner le respect de son père ; la femme qui a toujours privilégié sa carrière s’est aperçue que ce dont elle avait vraiment besoin, c’était l’amour de sa fille et non sa réussite sociale ; et c’est homme ordinaire, au-delà de la vengeance, a besoin de faire le deuil de sa femme.
L’objectif est action
Lorsque le personnage se décide à confronter son problème, cela oriente l’intrigue : humilié de s’être fait voler la victoire qu’il pensait acquise, le compétiteur cherche à effacer ce qu’il considère comme un échec personnel ; l’instinct maternel de cette femme ambitieuse s’éveille lors de la disparition de sa fille et cet homme ordinaire n’accepte pas que l’assassin de sa femme soit encore en vie.
Ce qu’il se passe, c’est un événement qui bouleverse le quotidien du personnage. Il se fixe alors un objectif qui lui permet d’agir et de prendre des décisions. Peut-être que le compétiteur pensera t-il qu’il lui faut se doper pour vaincre son adversaire ; cette femme peut-elle refuser la promotion pour laquelle elle s’est tant battue afin de se concentrer sur la recherche de sa fille ; cet homme ordinaire peut-il tout risquer pour satisfaire à sa volonté de vengeance ?
Les actions et les décisions nourrissent le développement de l’intrigue mais aussi celui du personnage. Progressivement, celui-ci sera amené à la découverte de lui-même. Il comprend ce qu’il lui manque vraiment.
C’est ainsi que le thème s’invite dans le récit qui est alors une illustration particulière de ce thème. Il y a quelque chose d’universel dans le thème. Autrices et auteurs peuvent être convaincus que l’amour conquiert sans faillir l’adversité, que la réussite sociale ne donne aucun sens à la vie ou que notre relation aux autres est ce qui nous définit ou au contraire notre égoïsme détruit toute relation.
Le thème est abstrait. Lorsque vous déterminez ce dont votre personnage a besoin, les méthodes que vous choisissez pour répondre à ces besoins démontreront votre thème. Un thème possède donc de multiples interprétations qui favorisent la créativité.
Alors qu’un récit contient plusieurs thèmes, le personnage n’a qu’un but. S’il devait courir plusieurs lièvres à la fois, ce serait le chaos et la confusion. Et cela fonctionne même dans la plupart des scènes : un personnage veut quelque chose et se bat pour l’obtenir car son interlocuteur n’est pas prêt à le lui céder. Le conflit est l’essence du drame et rend l’intrigue passionnante.
Cependant, ce qui rend un personnage fascinant, c’est de le voir évoluer jusqu’à la prise de conscience de son véritable besoin. D’ailleurs, il lui faut souvent toucher le fond afin de rendre possible cette découverte.
Lorsque vous déterminez le besoin de votre personnage, vous trouvez la clé de la relation entre le lecteur/spectateur et ce personnage.
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