ÉCRIRE L’HORREUR : QUID DU RÉALISME ?

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Entre surréalisme et réalisme, les frontières sont mouvantes et confuses. Gothique, grotesque, horreur sont des genres littéraires quoi qu’on en pense. Qu’y a t-il d’illogique dans le fait que des artistes soient inspirées par des pensées ou des images (et peut-être même des souvenirs) numineux et souvent cauchemardesques (selon l’interprétation que l’on en fait).

L’amalgame du surréalisme possède après tout sa propre logique. L’horreur, sous sa forme écrite ou autre, n’est décidément pas d’un genre mineur ; ce serait faire preuve de mépris que de penser autrement (le mépris.. l’un des maux les plus graves rencontrés en société).

Le gothique, par exemple, est un puissant moyen d’exprimer une vérité. Une vérité, certes, toute intérieure. Le gothique est une forme qui sert à dire l’ineffable. Mais l’imagination est une région sauvage qui ne cessera jamais d’être explorée. Le surréel fait partie intégrante de nos vies tout comme le réel bien que l’on puisse argumenter que, puisque l’inconscient est en deçà de la conscience, et que nous sommes continuellement assaillis d’images, d’états d’âme ou de souvenirs provenant de ce lieu peu hospitalier, il est en fait plus prégnant sur nous que le réel.

Le tragique

Il y a dans le gothique, comme moyen d’expression écrite, du tragique par sa volonté de décrire la confrontation entre notre humanité et notre nature à nos secrets les plus sombres. Le problème de la perception est qu’il existe une différence entre ce qui est et ce qui paraît être.

En niant ou en contredisant la raison, le gothique tend à nous en apprendre plus sur nous-mêmes. Il nous faut affronter ces terribles révélations pour ne pas être normés et soumis.

Ce qui ne fonctionne pas dans l’horreur, c’est la verisimilitude. On dépeint des personnages trop proches de nous confrontés à des événements extraordinaires. Prioriser les faits se fait au détriment des personnages. Le héros ou l’héroïne sont masqués par le phénomène et celui-ci occupe l’esprit de la lectrice ou du lecteur qui perd alors la connexion émotionnelle avec les personnages.

L’intrigue et les situations décrites ne sauraient dire les intériorités passionnées. Au contraire, ce sont celles-ci qui justifient les situations.

L’horreur efficace comprend un concept, une profondeur des personnages et un langage spécifique d’égale importance. La fiction gothique est la liberté de l’imagination, le triomphe de l’inconscient. Son postulat est que, à partir de situations tout à fait plausibles et psychologiquement réalistes, des vérités profondes et sans concession émergent. Et l’œuvre est divertissante et elle l’assume totalement.

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