DIALOGUES : UNE PART DE NOUS-MÊMES

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Chaque autrice et chaque auteur possèdent leur propre voix, c’est-à-dire leur propre manière de raconter leur histoire. Les dialogues nous aident à assumer cette part de nous-mêmes que nous mettons dans l’écriture.

Le temps de l’écriture est fortement marqué par les expériences que nous venons de vivre dans notre réalité quotidienne : il suffit de quelques préoccupations domestiques et nos personnages s’en ressentent aussitôt.

Pour lutter contre cette tendance de notre quotidien à s’immiscer dans notre récit (événements et dialogues), il peut être utile de se souvenir du genre dans lequel s’inscrit l’histoire. Le genre détermine les personnages, la tension dramatique, le rythme, les thèmes et les dialogues.
Par exemple, lorsque les événements se précipitent, les dialogues suivront le même rythme. En revanche, les scènes dans lesquelles les personnages se révèlent seront plus calmes car il faut du temps pour se confier et dire sa vérité.

L’attraction du genre

Lectrices et lecteurs sont attirés par un genre. Un état d’esprit particulier peut vouloir de l’horreur ou de la romance, selon qu’il cherche à échapper à sa réalité quotidienne le temps d’un récit .

La science-fiction, la fantasy et la romance autorisent une espèce de magie dans les dialogues car les personnages sont tout à fait crédibles lorsqu’ils disent par exemple Que la force soit avec toi, une expression qu’il est difficile de placer dans une conversation réelle.

Tant la science-fiction que la romance ont la faculté de dire des choses qui transcendent notre quotidien, le langage nous porte sur un autre plan de réalité. L’héroïne sauve la vie d’un chevalier, celui-ci lui jure une reconnaissance éternelle : un tel dialogue n’existe pas dans la réalité mais est tout à fait réel et crédible dans le monde du récit dans lequel il est proféré.

La romance en particulier permet de dire des choses que nous ne saurions dire dans la réalité. Elle interpelle des sentiments en nous que nous ne pourrions exprimer. La reconnaissance est magique car elle est faite d’émotions. Et pour dire l’émotion, la métaphore est essentielle : lorsqu’une femme mariée dit à un homme qu’elle vient de rencontrer qu’elle aimerait prendre la route avec lui, ce à quoi elle fait référence est la liberté dont jouit cet homme et qu’elle a perdu lors de son mariage.
Ce n’est pas qu’elle soit pétrie de regrets, bien au contraire, mais elle sait qu’elle a une responsabilité envers sa famille et la liberté retrouvée et goûtée de nouveau pendant quelques heures est impossible.

L’émotion est le moyen privilégié de la vérité. Si la scène s’y prête, cherchez l’émotion. Parfois, les dialogues auront un double sens qui n’est pas nécessairement celui de la métaphore. Un zélote par exemple tient un langage qui tient davantage de l’analogie qui nécessite alors une interprétation.

Le dialogue peut aussi servir à donner des indices sur des informations qu’il n’est pas encore temps de clarifier. Le dialogue s’entoure alors de secret. Et cet indice travaille dans l’esprit du lecteur et de la lectrice jusqu’à ce que l’autrice ou l’auteur parviennent à donner l’information.

Et puis, tout comme dans notre réalité, les choses prennent sens avec le temps parfois. Ce qui distingue le dialogue cryptique des autres types de dialogue, c’est son caractère indirect, subtile et ambigu. Les paraboles par exemple sont de cet ordre. Matthieu, Marc, Luc et Jean tiennent des propos qui ne sont pas immédiatement accessibles, souvent à double sens. Des histoires qui peuvent être interprétées de différentes manières, selon ce que le lecteur et la lectrice veulent entendre.

Pourquoi vouloir utiliser un dialogue difficilement accessible ? Parce qu’il véhicule bien mieux des messages que lecteurs et lectrices ne sont pas prêt à recevoir.
Mais en général, ils ne sont pas dérangés que leurs systèmes de croyance actuels soient remis en question. Un dialogue indirect, c’est-à-dire une déclaration concrète (la parabole par exemple utilise des éléments familiers, habituels pour porter l’enseignement, le message) qui a des significations cachées que le lecteur/spectateur doit découvrir, honore l’intelligence de la lectrice et du lecteur et leur capacité à parvenir à leurs propres conclusions sur le sujet de l’histoire.

Être plus direct, c’est faire de la propagande.

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