Le conflit extérieur, celui qui s’impose au personnage principal, est souvent considéré comme la forme de conflit évidente. Ce n’est que lorsque le travail devient un peu plus fouillé que la question de l’évolution psychologique du personnage, de son changement ou encore de sa remise en question interpelle l’autrice et l’auteur.
C’est étrange d’ailleurs ce changement car face au méchant de l’histoire, on s’aperçoit bien que le héros ou l’héroïne sont des êtres meilleurs.
Alors pourquoi cette nécessité du changement ? Le récit se focalise donc autour de l’idée qu’il faut déjouer les plans du méchant ou triompher de ce qui le représente au moment de l’apogée de tout le récit, l’ultime confrontation avec l’adversité, l’ultime dilemme.
D’accord, mais on se coupe d’un travail passionnant autour de la recherche de qui sont les personnages. Alors mettre beaucoup plus de profondeur émotionnelle dans son récit en donnant au moins à son personnage principal un conflit interne ainsi qu’un conflit externe se révèle être une exigence dont la difficulté apparente (pénétrer un individu et trouver le moyen d’exprimer ce qu’il se passe en lui) ne doit pas intimider l’auteur et l’autrice d’un tel personnage.
Un problème à résoudre
Admettons que chaque histoire décrit l’effort pour résoudre un problème que tous les personnages (Dramatis personæ) ont en commun. Cet objectif commun est ce que la théorie et pratique Dramatica nomme le Story Goal qu’on peut interpréter comme un fait social qui s’impose à tous les personnages car en effet, si quelqu’un veut quelque chose qui gêne le désir d’un autre, alors tous deux s’opposent autour de deux volontés contraires.
Alors que la plupart des personnages de votre récit seront impliqués ou affectés d’une manière ou d’une autre par cet effort, le principal conflit externe sera entre deux personnages. Votre protagoniste sera le personnage principal qui poursuit le but de l’histoire (c’est-à-dire le Story Goal), cette personne dont l’action ou le choix face à un dilemme majeur détermine le résultat.
Votre antagoniste sera le personnage opposé à cet objectif et qui veut que le protagoniste échoue, qui fera tout ce qui est en son pouvoir pour que le but ne soit pas atteint. Votre antagoniste peut se présenter sous n’importe quelle forme (une personne, un animal, une force de la nature ou un monstre, la société dans son ensemble ou une institution vécue comme une contrainte douloureuse, une machine ou encore une idée abstraite).
Tout ce qui importe, c’est que cet antagoniste puisse s’opposer efficacement (jusqu’à sembler impossible à vaincre) aux efforts du protagoniste pour atteindre son objectif. Habituellement on incarne l’antagoniste (lorsque celui-ci est la nature par exemple, on trouve la moyen de la représenter par un individu qui pourrait interférer avec la survie de l’héroïne ou du héros au sein de cette nature justement).
Cette opposition rend l’issue incertaine. Et parfois, dans quelques messages, la force antagoniste est simplement trop puissante pour être battue. Mais comme est belle la résistance qu’on lui oppose.
Quel que soit le degré d’équilibre de votre protagoniste et de votre antagoniste, le conflit externe seul ne suffit souvent pas à soutenir l’intérêt de vos lecteurs et de vos lectrices. Lectrices et lecteurs connaissent le type de personne que sont votre héroïne et votre héros, leurs capacités et approches de la résolution de problèmes.
Et si votre personnage principal n’est confronté qu’à un conflit externe, le récit peut paraître un peu bidimensionnel – même si vous dépeignez le conflit externe d’une manière intéressante et surprenante.
En interne
Le conflit interne concerne les doutes de votre personnage principal – son dilemme sur la meilleure façon d’atteindre le but de l’histoire. Nous nous sommes tous retrouvés dans des situations où nous ne nous sentions pas en sécurité, où nous n’étions pas certains que notre façon habituelle d’être ou de nous comporter était la bonne pour atteindre nos objectifs.
Un conflit externe serait vous contre tous les autres. Le lecteur/spectateur apprécie les personnages qui ont des conflits internes et externes. Plus important encore, le conflit interne de votre personnage principal crée du suspense, car les lecteurs et les lectrices ne sauront pas comment il pourra résoudre son dilemme personnel jusqu’au moment où ce dilemme le submergera totalement. Votre personnage principal fera-t-il le bon choix ? Quel est ce bon choix ? Ces questions maintiennent l’intérêt de votre lecteur/spectateur.
Votre personnage principal commencera votre histoire avec une façon habituelle de gérer les problèmes. Cependant, au cours de la poursuite de son objectif et de la gestion du conflit externe que ce but à atteindre impose au personnage, le personnage principal devrait commencer à ressentir un conflit interne pour savoir si sa façon de faire les choses lui permettra de vaincre l’adversité.
Pour communiquer ce dilemme au lecteur/spectateur (car le scénario ne permet pas de pénétrer sous la surface d’un personnage), il est possible d’inventer un personnage avec une approche différente sur la manière de résoudre la préoccupation du personnage principal.
Cette autre manière de penser, d’agir, en un mot d’être sera alors le catalyseur du changement chez le personnage principal car le dilemme a tout à voir avec l’idée de transformation qui justifie la présence de votre héros ou de votre héroïne dans votre récit. La question dramatique serait alors de savoir, de l’échec ou du triomphe, qui l’emportera ?
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