Lorsque nous observons les personnages de Steven Spielberg, il est possible de les considérer comme un peu extrême car les polarités créent du conflit et pour Spielberg, le conflit est essentiel à la dynamique de la narration.
Ainsi, la relation entre le protagoniste et l’antagoniste prend la forme d’une relation entre l’enfant & l’adulte, le blanc & le noir, les juif et les gentils.
Le personnage principal chez Spielberg
Deux qualités apparaissent chez le personnage principal. La première est, quel que soit l’âge du protagoniste, une innocence propre à l’enfance. Il en résulte un esprit ludique, espiègle. Ainsi est James Graham dans L’empire du soleil.
Bien que James soit arrêté à Shanghai pendant l’invasion japonaise, et bien qu’il soit emprisonné, séparé de ses parents et exposé à un danger considérable, il reste ouvert à une vision du monde à travers une perspective curieuse, individualiste et ludique.
Cette caractéristique se retrouve chez Indiana Jones ou Alan Grant de Jurassic Park. Bien qu’Indiana Jones et le Dr. Alan Grant soient des adultes, ils conservent tous deux un enthousiasme d’enfant et une croyance dans leur travail. Ils sont à l’opposé de personnages désabusés par la vie.
Le second critère des personnages principaux de Spielberg est qu’ils font preuve d’une certaine réticence à s’engager dans l’aventure. Cela ne veut pas dire qu’ils sont passifs ou ambivalents, mais plutôt que ce sont des personnages qui ne s’associent pas facilement ou impulsivement à un objectif.
Cependant, une fois qu’ils s’engagent dans un combat, ils s’y consacrent de toute leur âme. Ainsi en est-il de John Miller (Il faut sauver le soldat Ryan), Oskar Schindler de La liste de Schindler ou encore, bien qu’il ne soit pas vu comme véritablement principal par Spielberg mais plutôt par l’auteur David Franzoni, l’avocat Roger Baldwin dans Amistad.
Comme on peut s’y attendre, tous ces personnages sont orientés vers un objectif et, avec passion, tenteront de le mener à bien. Le shérif Brody fera tout ce qu’il peut pour éliminer la menace que représente le requin en s’opposant aux habitants d’Amityville dans Les dents de la mer de Peter Benchley et Carl Gottlieb.
Dans chaque cas, l’hésitation initiale du personnage principal fait place à un effort héroïque et à la réalisation de l’objectif.
L’antagoniste chez Spielberg
Pour que les actions du personnage principal soient vécues comme héroïques, il faut un antagoniste très puissant. Plus l’antagoniste est puissant, plus il y a de chances que le personnage principal soit perçu comme héroïque, même si ce personnage est un enfant ou un adulte hésitant.
L’essence démoniaque du nazisme est incarnée par Amon Goeth, le commandant du camp de travail nazi en Pologne. Goeth personnifie le pouvoir, l’arbitraire, la cruauté des Nazis envers les Juifs. En tant qu’antagoniste, il représente la plus grande menace pour Oskar Schindler dont l’objectif est de sauver autant de Juifs que possible de l’extermination nazie.
Dans Amistad, l’esclavage se substitue au nazisme. Notons que Spielberg ne se fonde pas exclusivement sur des antagonistes de l’ampleur de Goeth. L’antagoniste dans Les Aventuriers de l’Arche perdue est l’archéologue véreux.
Belloq s’est associé aux nazis qui recherchent l’Arche perdue pour exploiter son pouvoir spirituel et physique à des fins matérielles et maléfiques. En raison de son niveau de compréhension de l’importance historico-religieuse de l’Arche en tant qu’artefact archéologique (polarité entre l’esthétique et le matérialisme), cet archéologue est un homme vraiment dangereux, alors que les nazis ne sont que de grossiers détenteurs de pouvoir.
Ensemble, cependant, ils poussent Indiana Jones à des proportions héroïques dans son effort pour sécuriser et protéger l’Arche à des fins plus éclairées. En conséquence, le personnage principal devient un héros.
La caractérisation de l’antagoniste donne de l’ampleur à l’accomplissement du personnage principal.
La relation protagoniste antagoniste » entre les juifs et les gentil »… je pense que vous avez voulu écrire nazis…
Bonjour et Merci pour ce commentaire. Par gentils, je faisais référence au nom que les juifs et les premiers chrétiens donnaient aux personnes étrangères à leur religion. Le contexte prête à confusion, j’aurais dû préciser cette source. Encore merci d’avoir soulevé ce point.
A bientôt