Robert McKee rappelle que le dilemme, la prise de décision mais aussi une motivation qui change au long de l’intrigue sont des composantes fondamentales de la constitution d’un personnage. McKee introduit ainsi les notions de désir conscient et inconscient.
Le désir conscient est l’objectif pour le héros ou l’héroïne. Cet objectif n’est pas secret et la ligne dramatique qui le décrit englobe tous les personnages. En somme, l’objectif peut être considéré en soi comme un fait social puisqu’il s’inscrit au sein d’une communauté.
Quant au désir inconscient, il correspond à un besoin, à une nécessité. Le personnage doit devenir plus complet non pas qu’il possède un désir de perfection mais il y a un manque dans sa personnalité qui doit être comblé (par exemple, il a constamment besoin d’être rassuré et, se faisant, il phagocyte littéralement la vie des autres qui finissent inexorablement par le rejeter ; ou bien il est atteint d’une phobie comme conséquence d’un événement passé, il a failli se noyer dans son enfance par exemple donc depuis, il craint plus que tout l’eau ce qui l’empêche de réaliser son objectif qui consiste précisément à prendre la mer ; ou encore sa croyance dans un certain ordre social interfère avec son intention de faire le bien autour de lui).
Le personnage doit surmonter une faille dans sa personnalité. Tant qu’il ne triomphe pas de lui-même, il sera incapable de mener à bien son objectif, son désir conscient.
Robert McKee appuie sa démonstration en expliquant que le thème, c’est-à-dire ce qui intéresse l’autrice et l’auteur et qu’ils mettent en avant, est l’idée maîtresse (Controlling Idea) qui guide le personnage dans ses décisions. Ainsi, cette idée influe sur le devenir du personnage ou dit autrement sur son arc dramatique, c’est-à-dire son évolution intime en se confrontant aux événements de l’intrigue.
Une quête
Pour McKee, depuis des temps immémoriaux, nous nous racontons la même histoire, la même quête. Ce terme de quête lie le personnage au récit et suppose sa transformation au sein de ce récit. Robert McKee le dit clairement : À la fin du récit, vous devriez voir l’arc du récit, le grand mouvement de changement qui fait passer la vie d’une condition au début à une condition modifiée à la fin. Cette condition finale, ce changement final, doit être absolu et irréversible.
Ce changement absolu et irréversible crée une unité et participe à la cohérence du récit. Lorsque le personnage atteint cette condition finale, l’histoire est terminée. En fait, cette histoire singulière se clôt sur la transformation du personnage mais ce même personnage peut faire partie d’une toute autre histoire.
L’unité est alors trouvée dans la notion que actions et changements appartiennent à un but déterminé. Le personnage agit et devient autre au cœur d’un même récit. Cela présuppose que ses actions ou les renversements majeurs qu’il peut expérimenter avant qu’il ne soit changé par les événements n’alignent pas nécessairement le personnage sur une structure en trois actes.
Car pour McKee la fonction de la structure est de fournir des pressions qui augmentent progressivement et qui forcent les personnages à faire face à des dilemmes de plus en plus difficiles où ils doivent prendre des risques de plus en plus importants.
La notion de dilemme et de choix est ici mise en avant. Ces idées sont essentielles à l’arc dramatique du personnage, dans la mesure où l’accent est mis sur les dilemmes et les décisions. Cela implique aussi qu’en chacun de nous, puisque les personnages fictifs sont des imitations de la vie, il existe quelque chose de caché qui devrait être mis au jour pour le meilleur ou pour le pire.
McKee affirme que la structure est au service de l’évolution du personnage car si vous changez la conception des événements, vous changez aussi le personnage ; si vous changez le personnage en profondeur, vous devez réinventer la structure pour exprimer la nouvelle nature du personnage.
L’idée centrale est ici la symbiose entre le personnage et la structure. La structure est là pour faciliter la compréhension par le lecteur/spectateur du personnage au sein de l’histoire. Le personnage et la structure étant intimement liés aux yeux de McKee, il faut en déduire que la structure en trois actes est effectivement le résultat du développement ou de la transformation du personnage.
Dans cette interprétation, on peut lire qu’un arc dramatique composé de trois moments ou trois étapes majeures de l’évolution d’un personnage pourrait en soi générer sa propre structure en trois actes.
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