Nous n’échappons pas au doute. Nous doutons de notre devenir, nous doutons de nos relations, nous doutons des plus petits détails de nos quotidiens.
Le doute est au cœur des conflits tant externes qu’internes. Et dans le cœur de chaque personnage réside un dilemme.
Soyez curieux de ce dilemme et vous saurez ce que votre récit a d’universel. C’est par ses actions qu’un personnage se manifeste au monde, et tout comme dans la vie réelle, nos personnages sont susceptibles d’être tentés.
La tentation est dans notre ADN et l’observer chez autrui, par procuration ou non, est assez fascinant. Nos personnages sont susceptibles d’agir à tout moment et d’une manière parfois très surprenante. L’autrice et l’auteur se doivent de comprendre le doute et d’exposer le dilemme.
En interrogeant nos propres doutes, les situations que nous décrivons, les circonstances qui font agir les personnages, s’inscrivent dans le réel. À tout moment, un personnage peut choisir l’une ou l’autre voie. Comme dans la vie réelle, nos personnages sont toujours à la croisée des chemins.
Un personnage toujours dynamique
La personnalité d’un être de fiction n’est pas figée. Lorsqu’un personnage doit prendre une décision, explorez la solution inverse pour créer un conflit et révéler son humanité. Dans le film La vie est belle, lorsque Potter propose à George Bailey de venir travailler pour lui, George y réfléchit quelques instants.
C’est une décision lourde de conséquences pour George. Potter est l’homme qui est bien décidé à corrompre la ville que George aime tant, et George envisage la proposition de Potter ? ! Pourquoi ? !
Parce qu’à ce moment du récit, George veut désespérément s’enfuir de Bedford Falls. Les enjeux sont de vie ou de mort pour lui. Il finit par dire non à Potter, et lui dit aussi qu’il n’est « rien d’autre qu’une petite araignée pleine de scorbut« .
Mais pas avant d’avoir considéré l’offre. C’est ce qui rend George plus humain, et qui nous fait nous attacher à lui. À tout moment dans le parcours de votre personnage, intéressez-vous à la décision contraire qu’il ou elle pourrait prendre face aux dilemmes ou au seul dilemme auxquels il ou elle sont confrontés.
Pensez au choix que le personnage ne fait finalement pas. Cela peut rendre votre travail plus dynamique et spécifique. En effet, le doute et l’incertitude sont des caractéristiques de l’expérience humaine qui traduisent un mouvement jalonné de moments clefs, où les personnages font des choix importants qui les conduisent à un changement fondamental de leur perception du monde et d’autrui.
Dans une romance par exemple, on sait que le garçon et la fille seront réunis pour le meilleur et pour le pire. Mais avant cet accord conclusif, les moments de leur relation seront ce qui rend leur histoire passionnante à suivre. Ces moments seront précisément de doutes et d’incertitudes.
Le doute existe dans Roméo et Juliette car il explore la question de la possibilité d’un amour durable face à des familles en guerre. Ce doute est universel. Est-il possible de suivre son cœur face aux pressions de la société ? Cyrano de Bergerac, quant à lui, explore le doute à travers une pression interne. Cyrano doute qu’il soit aimé tel qu’il est.
Le changement pour finalité
Pour qu’il y ait une transformation, un changement de perception, il faut être précis dans l’exploration du dilemme de son personnage. La conclusion est toujours l’amour, mais elle est nécessairement différente de l’idée de l’amour au début du récit. Écrire est liée à l’envie d’évoluer, de travailler sur le doute, de comprendre ce que je ne comprenais pas auparavant.
Le changement n’implique pas une réponse au doute, il permet simplement de recadrer ses valeurs afin d’avoir plus de clarté pour naviguer dans ce doute. Autrices et auteurs sont audacieux et curieux de la vie telle qu’elle est, et non telle qu’ils espèrent qu’elle soit. Pour paraphraser Térence, rien de l’humain ne devrait leur être étranger.
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