Chacun d’entre nous possède des secrets. Nos personnages de fiction ne sont pas différents. Ces secrets expliquent nos décisions, nos comportements selon les circonstances. Quelque chose d’horrible qui s’est produit pendant l’enfance peut hanter un esprit jusqu’à le détruire complètement.
Donc, nombre de nos réactions sont en rapport avec notre passé. Un personnage est hanté par le souvenir traumatique d’une expérience. Et il le sera tant qu’il ne sera pas capable de dévoiler ne serait-ce qu’à lui-même ce vécu traumatisant.
Le traumatisme est une cause possible mais d’autres motifs peuvent expliquer tel ou tel comportement.
Un incident déclencheur qui ne dévoile pas tout
Il peut être intéressant de créer un incident déclencheur qui ne donne pas tous les indices. Par exemple, votre personnage a remporté un concours de mathématiques. Cela lui ouvre les portes d’une institution secrète.
Mais nous ne saurons pas avant le point médian ce que l’institution attend du personnage. Ce que nous apprendrons au point médian et le personnage aussi parce qu’à partir de ce moment, il agira en vue du climax ou du dénouement, c’est que le personnage est en fait un télépathe, que ce don l’a isolé des autres et que depuis, il est totalement asocial ce qui se reflète au quotidien dans ses comportements.
Si le passé d’un personnage est mystérieux, en plus du suspense du drame actuel qui se déroule dans votre récit, vous disposez d’une strate supplémentaire de tension dramatique qui naît de l’extraction progressive d’informations sur ce qu’était votre personnage avant que nous ne le rencontrions.
Idéalement, les informations que vous retenez sur le passé de votre personnage sont révélées au moment où elles sont le plus pertinentes, c’est-à-dire lorsqu’elles sont liées à une décision que le personnage prend dans l’action actuelle de l’histoire. Évidemment, cela suppose que les détails que vous cachez sont sordides. Sinon, il n’y a aucune raison de les terrer dans les profondeurs du personnage.
Vous pourriez vouloir créer un effet de surprise. Par exemple, un tailleur inoffensif se révèle être un criminel. Au dénouement, lorsque nous découvrons cela, nous apprenons également que le tailleur n’a pas toujours été aussi honnête.
Dans l’une des scènes finales, il retrousse les manches de sa chemise pour révéler une série de tatouages qu’il s’est fait faire lorsqu’il était membre d’un gang dans sa jeunesse. Ici, il était nécessaire de connaître le passé du personnage pour comprendre pourquoi il a commis les actes criminels que nous n’avons pas vus venir, et nous n’aurions pas pu l’apprendre plus tôt, car sinon nous aurions appris trop tôt qui était le véritable méchant de l’histoire.
Distribuer l’information
Lectrices et lecteurs ne sont pas véritablement intéressés pour connaître tous les détails de vos personnages. Pourtant, pour chacun d’entre eux, autrices et auteurs noircissent quelques pages de biographies. Une façon plus efficace de présenter des informations sur le passé d’un personnage est de les insérer progressivement dans le texte. Ce qui intéresse les lecteurs et les lectrices, c’est l’action présente de l’histoire.
Ainsi, même si votre personnage ne cache pas son passé car il peut très bien en être conscient, vous, l’auteur ou l’autrice, souhaitez probablement le dissimuler pour la simple raison qu’il ne sera pas passionnant d’en parler dès le début.
Planifier quand une information sera révélée consiste à juger de sa valeur pour l’action présente. Le passé peut donc surgir à tout moment au cours du récit et organiser d’ailleurs ce récit en jouant sur le temps des événements qui se distribuent alors en autrefois et présent (voire même futur).
La raison pour laquelle un personnage peut cacher son passé au lecteur/spectateur est qu’il se le cache aussi à lui-même. Il est dans le déni. Si c’est la raison pour laquelle un personnage refuse de révéler des informations sur son passé, et qu’à la fin il finit par l’accepter, alors non seulement nous avons une révélation ; nous sommes également satisfaits sur le plan émotionnel.
Une confrontation avec le passé est une confrontation avec soi-même, ce qui est finalement le sujet de nombreux récits.
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