Le conflit est au cœur du drame. Voilà un terme néanmoins qui mérite quelques nuances. Quel est donc ce méchant de l’histoire à la source du conflit ?
Le méchant de l’histoire
Il y a une raison pour laquelle on trouve souvent de tels personnages malfaisants en fiction : ils nourrissent de leur présence (donc de leur existence) le récit classique du bien contre le mal, dont les enjeux élevés rendent les histoires si captivantes.
C’est un être indubitablement immoral. Son origine est antédiluvienne. Auteurs et autrices tentent pourtant de le rendre légitime en lui inventant un triste passé ou en lui conférant une humanité au détour d’une scène (comme par exemple un amour pour les félins) mais tout ceci ne concourent qu’au caractère d’horreur dont se revêtent son attitude et ses actions.
Les méchants classiques possèdent souvent des pouvoirs apparemment omnipotents, une grande variété de ressources et un manque définitif d’empathie pour la souffrance d’autrui. Lord Voldemort (Harry Potter), Agatha Legourdin, Sauron.. en sont quelques exemples.
Par tradition, la nature extrême de l’antagonisme du méchant de l’histoire projette le protagoniste dans la lumière du héros ou de l’héroïne. Bien que les méchants classiques soient souvent mauvais pour le seul plaisir de l’être, cet antagoniste est parfois considéré comme un cliché.
En aidant le lecteur/spectateur à comprendre le pourquoi des actions maléfiques de votre méchant, vous pouvez donner à son personnage la profondeur dont il a besoin.
L’antagonisme au quotidien
Bien plus réaliste est le bad guy en fiction. Les antagonistes existent pour créer un conflit dans la vie du personnage principal. Cependant, ils n’ont pas nécessairement de mauvaises intentions pour jouer efficacement leur rôle.
L’antagoniste de tous les jours est un personnage imparfait qui se trouve être un obstacle contre la volonté de votre protagoniste de poursuivre son but. Ses actions peuvent être grossières ou même cruelles, mais il reste un être humain. Il a des espoirs, des rêves, des blessures et des peurs.
Les Lannister de Game of Thrones sont de ce type. [lannister.jpg] Ce type d’antagoniste peut créer un conflit dans la vie de votre protagoniste en partageant le même objectif (dans lequel un seul peut réussir) ou en poursuivant son propre objectif qui s’oppose à celui du protagoniste.
Ils peuvent également encourager le protagoniste à agir contre son intérêt, alimenter le mensonge auquel le personnage principal s’accroche et sur lequel il doit ouvrir les yeux, ou encore nourrir le feu émotionnel que le personnage principal doit étouffer pour trouver le bonheur.
Pour créer un antagoniste ordinaire efficace, prenez soin de développer son humanité. Explorez qui il est, ce qu’il veut et pourquoi il le veut. Donnez-lui des peurs, des failles et une histoire personnelle. Faites-en le protagoniste de sa propre histoire.
La corruption
La corruption est non seulement un thème intéressant mais elle peut désigner aussi un antagonisme lorsqu’elle est représentée par une entité. C’est une force qui s’illustre sous la forme d’une corporation, d’un gouvernement, d’un groupe religieux…
Quelle que soit la façon dont cette corruption se manifeste, ce type de force antagoniste a généralement des intentions hautement immorales. Ils agissent souvent de la même manière que le méchant classique, manquant d’empathie et recherchant un pouvoir et un contrôle omnipotents.
Un vrai méchant peut même incarner cette force, ce qui donne au personnage principal une figure à combattre. Le Capitol (Hunger Games de Suzanne Collins) ou la République de Gilead (The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood) sont de telles entités.
La corruption n’est pas seulement extérieure. Un héros ou une héroïne peuvent être leur pire ennemi. Dans les récits axées sur le personnage, la principale source de conflit n’est pas un antagoniste externe, mais plutôt un obstacle interne qui empêche le personnage de trouver le bonheur ou la réussite.
Cet obstacle est généralement un doute, une peur, un imperfection ou une fausse croyance, que le protagoniste peut ou non reconnaître comme une entrave. La culpabilité que ressent Briony dans Reviens-moi décrit ce type de souffrance. Souvent, un personnage secondaire peut renforcer le mensonge auquel croit le protagoniste, contribuant ainsi au conflit interne qu’il vit.
Certains auteurs choisissent également de manifester la lutte interne de leurs protagonistes sous une forme physique afin de leur fournir une source de conflit plus matérielle tels le portrait de Dorian Gray ou le monstre de Frankenstein.
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