Qu’est-ce qui nous plaît autant en Homer Simpson ? La seule chose qui lui importe dans ce monde est lui-même. C’est un personnage qui possède vraiment des caractéristiques détestables et pourtant, nous l’apprécions. La raison est qu’il est un anti-héros.
Lecteurs et lectrices exigent de leurs auteurs et autrices des personnages bien formés. La lutte du bien contre le mal n’intéresse pas le lecteur/spectateur. Il a certes besoin de distinguer le protagoniste et l’antagonisme de celui-ci mais l’un comme l’autre doivent posséder en eux autant de ténèbres que de lumière.
Parmi les protagonistes, il en est même un particulièrement attachant : l’anti-héros.
L’anti-héros
Héros et héroïnes sont ceux et celles qui gagnent généralement à la fin. Ils peuvent avoir de profonds défauts, mais ils surmontent et conquièrent. Ils sont capables de mettre leurs propres soucis et préoccupations de côté quand il s’agit d’aider les autres.
Les anti-héros, en revanche, jouent contre les normes établies. Ils manquent de morale ou de bonté humaine. Ils peuvent être malveillants et pitoyables, puis se retourner et être charmants.
La clé d’un véritable anti-héros est qu’il ou elle ne fera la bonne chose que si cela lui donne ce qu’il ou elle veut et lui profite d’une manière ou d’une autre. L’anti-héros n’existe que pour lui-même.
Tel est Homer Simpson. Seule sa propre personne compte : ni sa famille, ni ses amis, ni qui que ce soit d’autre ne vient bouleverser cette position. Il fait constamment des crises à propos de tout et se lance dans d’immenses engueulades avec quiconque ose lui tenir tête.
Il est souvent violent et grossier, et se complaît dans la misère de son bigot de voisin.
Alors pourquoi Homer nous fascine t-il tant ? Ou d’autres personnages présentant toutes sortes de traits de personnalité ou d’habitudes de vie que nous ne saurions admettre dans la vie réelle ?
Parce qu’en eux, il y a un peu de nous. Nous pouvons voir un peu de nous-mêmes dans leurs défauts. Pour chaque acte que nous jugeons horrible (selon nos normes), il y a une lueur d’amour et d’humanité. Notre compassion (et un excellent scénario) nous aide à comprendre comment et pourquoi l’anti-héros est comme il est, et nous permet de lui pardonner.
Les anti-héros n’ont pas seulement des défauts majeurs qu’ils peuvent surmonter. Ils ont une qualité par laquelle nous pouvons les atteindre, peut-être un peu de psychose, et généralement leur concept de soi est exagéré. Mais en fiction, l’exagération est aussi un moyen de signifier les choses.
Un personnage détestable
D’abord, l’anti-héros n’est pas un modèle. On ne peut prendre raisonnablement exemple de son comportement. Ce qui définit un anti-héros est son égoïsme. Il n’agit que pour son propre bien jusqu’à être immoral s’il en tire un quelconque profit personnel.
Il faut pousser ses personnages dans leurs limites extrêmes en règle général, ne pas être tendre avec eux bien que cela fait mal à écrire. Mais dans le cas d’un anti-héros (homme ou femme), il faut vraiment appuyer le trait pour le décrire.
Ce qui se révèle passionnant chez un anti-héros, c’est qu’il est motivé par des émotions conflictuelles. Qu’est-ce que cela signifie ?
Il existe des situations dans lesquelles des peurs enfouies empêchent une personne de recevoir ou d’exprimer un tendre amour, et cette personne voit son corps soudainement envahi par une tension qui l’éloigne de l’affection qu’elle désire réellement, par exemple. Une émotion conflictuelle est un combat entre désir et besoin. Le désir extérieur s’oppose au besoin intérieur. Ces moments de conflit sont considérés comme des enchevêtrements émotionnels, lorsqu’une personne veut exprimer une émotion, mais ne peut le faire sans qu’une autre ne semble s’y attacher de façon permanente.
Ce qui peut être intéressant aussi est que l’anti-héros ne nécessite pas le pardon au moment du dénouement. Pourquoi ne pas considérer l’antagoniste comme un anti-héros plutôt que comme un méchant de l’histoire ?
Pour me permettre d’aller vraiment loin avec vous, aidez-moi à maintenir Scenar Mag à vos côtés par vos dons. On a tous à y gagner. Merci