Un mélodrame se reconnaît à ses événements qui parlent directement à l’imagination et aux émotions. Dans la vie réelle, certaines personnes sont plus grandes que nature. Qui elles sont et ce qu’elles sont nous apparaît immédiatement.
Il n’y a rien de caché derrière les apparences. En ce sens, les personnages du mélodrame sont presque des caricatures qui dessinent en traits gras les traits les plus associés à ce personnage et minimisent ceux qui ne le sont pas.
Le mélodrame est une technique qui permet de révéler la réalité en se concentrant sur les extrémités du spectre plutôt que sur le milieu, sur le remarquable plutôt que sur l’ordinaire.
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Les événements et les personnages dont l’attrait et la signification parlent directement de cette manière, qui n’ont pas besoin d’être expliqués, peuvent immédiatement impliquer les lecteurs et susciter leur sympathie.
Leur utilisation dans la fiction peut donner lieu à des intrigues fortes, relativement peu encombrées par l’exposition et peuplées de personnages vifs et colorés. C’est pourquoi le mélodrame est le fondement de la fiction populaire (de genre), qui s’adresse au plus large éventail possible de lecteurs et de lectrices et vise principalement (mais pas uniquement) à divertir.
Le mélodrame est intéressant parce qu’il permet aux auteurs et aux autrices de représenter leur point de vue sur le monde ou la vie ou sur les autres.
En raison de sa réalité exacerbée et exagérée, le mélodrame se prête facilement au symbolisme, à l’allégorie et au surréalisme, un type d’exagération différent mais connexe par lequel les significations implicites des objets, des personnes ou des événements deviennent plus lumineuses et plus accessibles que les significations normales dans la confusion chaotique de notre monde quotidien.
Parfois, la réalité visionnaire et exacerbée est la plus réelle de toutes, parce que tous les détails transitoires et insignifiants ont été dépouillés pour révéler l’essence fondamentale des choses.
Parce que le mélodrame ignore l’ordinaire pour se concentrer sur l’inhabituel et l’improbable, il crée souvent un problème de crédibilité. Parce qu’il privilégie le cœur à la tête, la réaction instantanée à la réflexion, l’émotion peut dériver gratuitement vers des effets de sentimentalisme, de larmoiement, de frisson ou de peur.
Le mélodrame semble ainsi n’être que du sensationnalisme faisant appel au plus petit dénominateur commun et à nos réactions les moins intelligentes ; il a donc aussi un problème de respectabilité.
Mais soigneusement géré, il a du pouvoir. Un tel pouvoir inhérent n’est pas quelque chose que l’auteur ou l’autrice peuvent se permettre de rejeter ou d’ignorer sans risquer une certaine fadeur dans leur écriture. Mais l’emploi du mélodrame devrait être parcimonieux.
Au même titre que nos mythes, nos légendes et nos contes de fées, le mélodrame appartient à notre langage culturel et émotionnel. Il crée un rapport immédiat entre lecteur et auteur.
Qu’un événement ou un personnage mélodramatique donné soit efficace ou devienne une sorte de cliché émotionnel et littéraire, banalisant l’histoire dans laquelle il apparaît, est juste une question de comment il est géré, mis en place, montré.
Si le récit se fonde sur le mélodrame, que ce soit la mort d’un enfant, la perte d’un amour, un vampire amoureux ou un tueur en série pourchassant des adolescents, il devra être traité avec une attention particulière si on veut éviter d’être ou de paraître cliché ou carrément stupide et bizarre.
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Bonjour Scenarmag, bonjour William (selon la formule consacrée 😉 ).
Peut-être d’abord se reporter à l’étymologie de « mélodrame » : drame en musique (ou éventuellement « drame musical »).
Enfant, j’avais découvert avec une réelle révélation mon 1er dit mélo, « Miracle en Alabama » d’Arthur Penn, suvi pré-ado, de « L’incompris » de Luigi Comencini.
On pourrait dire ainsi que tant de pouvoir d’émotions pour L’incompris, serait porté par l’adagio du concerto pour piano et orchestre n°23 de Mozart mais pas de souvenir d’oeuvre musicale sur « Miracle en Alabama » (à toutefois vérifier, c’est vieux).
Par contre, je me souviens très bien que Quincy Jones ait précieusement servi la scène des retrouvailles de Celly et de sa famille dans « La couleur pourpre » de Steven Spielberg assumant son défi d’un mélo.
Même si le scénario se rapproche davantage d’une partition musicale que d’un exposé littéraire, ces films dits mélodramatiques possèdent un dénominateur commun : Ils s’appuient sur une composition musicale existante ou originale (et ce doit donc être aussi le cas de « Miracle en Alabama »).
Quant au fond, toujours retenu de Robert McKee, mon 1er consultant lu, qu’à défaut d’être « crédible », une histoire doit être « vraisemblable ».
Cà renvoie aussitôt aux exigences de construction dramatique inhérentes à tous les genres sans distinction (permise).