Quelle que soit son intrigue, des personnages parfaitement incarnés sont un atout certain. Un personnage capable de nous surprendre d’une manière convaincante rappelle E.M. Forster. Des personnages sont parfois si lisses que lecteurs et lectrices glissent sur eux.
Les apparences sont nécessairement soutenues par une complexité. Un personnage est un être de fiction mais ils possèdent dans les mots une puissance de vie. Auteurs et autrices établissent une relation sincère avec les personnages qu’ils inventent. Lorsqu’ils pensent à eux, ils dialoguent avec eux.
Face à l’auteur ou à l’autrice se tient un un être humain fictif (ou quelque chose qui possède des traits habituellement attribués à l’être humain) qui a une existence. Il faut savoir prendre un peu de distance pour apercevoir cet être et créer un lien avec lui.
Ce personnage a une personnalité à multiples facettes avec des antécédents, des motivations et des désirs complexes. Un être fictif est tout aussi difficile à comprendre qu’un véritable être humain et lorsque nous découvrons progressivement qui il est, à force de le côtoyer, il ne cesse de nous étonner et de nous interroger encore.
Une complexité à l’épreuve de la vie
Tout au long du récit, lecteurs et lectrices apprendront à connaître chacun de vos personnages. Certaines personnes fragiles ou médiocres pourraient même s’emparer de vos personnages, s’en imprégner jusqu’à les mimer dans leur propre vie.
Lorsque l’être fictif que vous avez créé est capable d’un tel exploit, certes vous avez réussi quelque chose. Ce qui compte néanmoins, c’est la trace que votre personnage laisse dans l’esprit du lecteur/spectateur à la fin du récit.
S’identifier à un personnage, c’est reconnaître et partager ses expériences. Un personnage qui aime, qui souffre, qui s’étonne n’est pas un étranger qu’on ignore. Les personnages ont des personnalités et des traits de caractère qui ne sont pas toujours cohérents, et généralement, ils changent ou apprennent quelque chose à la fin de votre histoire.
Ils vivent des défis et des situations contradictoires qui les transforment. Plus ils affirment leur existence et plus ils seront crédibles. Le personnage principal en particulier n’agira pas toujours selon ce qu’on attend de lui.
Même si un personnage n’est pas appeler à changer d’ici la fin du récit, sa personnalité n’en sera pas moins complexe. Ainsi, on distingue des personnages dynamiques qui deviennent véritablement autre à la fin du récit et dont l’arc dramatique sera dessiné pour qu’il en soit ainsi. Car votre intrigue ou votre thème ou message exigent ce développement singulier du personnage.
Cette dynamique n’est cependant pas obligatoire pour tous les personnages. Ce qui compte, c’est d’en faire des personnages compliqués qui se contredisent eux-mêmes, dont les motivations et les désirs peuvent changer au gré des circonstances mais sans que eux soient radicalement changés.
Considérons Jay Gatsby de Gatsby le Magnifique de Fitzgerald. Jay Gatsby est un homme mystérieux. Mais à la fin du roman, on le comprend beaucoup mieux. Les lecteurs découvrent que l’obsession de Gatsby pour Daisy a été le moteur de toute sa vie d’adulte. A travers les yeux de Nick, le narrateur, nous découvrons Gatsby dans toute sa complexité et ses émotions.
Ne pas être économe sur les détails concernant un personnage est le moyen par lequel lecteurs et lectrices créeront un lien empathique avec lui. En révélant progressivement toute la complexité d’un personnage, vous maintenez l’attention du lecteur/spectateur, et malgré lui, il se préoccupera de ce qu’il lui arrive.
Vous constaterez aussi en dialoguant avec vos personnages que non seulement vous leur donnez une consistance dans votre imaginaire mais aussi qu’ils portent en eux vos thèmes et vos idées aussi embrouillés qu’ils peuvent être. Et surtout, qu’ils vous aident à les mettre au jour.
Ne restez pas indifférent à notre effort de partage. Soutenez Scenar Mag. Nous avons tous à y gagner. Faites un don. Merci