Les détails, du moins ceux qui font vivre une scène (la réalité vient à la scène par les détails que vous en donnez), peuvent être aussi petits qu’un adjectif et aussi grand qu’une métaphore. Si on vous dit que votre scène manque de détails, ne vous interrogez pas sur la qualité de votre écriture, mais plutôt sur le fait que vous n’avez pas suffisamment montré les choses.
Dire que l’héroïne possède une « personnalité intéressante » ? N’est-ce pas un détail ? Eh bien, oui et non. C’est un détail, mais pas un détail utile. Une « calamiteuse personnalité », peut-être ; la « personnalité d’une abeille piégée dans un bocal » – maintenant nous parlons de détails.
Un détail est un mot, une phrase ou une image qui aide les lecteurs « à voir ». Ne dites pas à vos lecteurs que votre héroïne « avait l’air triste », parlez-nous plutôt de la forme de sa bouche ou des mèches sans vie de ses cheveux.
C’est-à-dire que vous sollicitez l’imagination de votre lecteur et de votre lectrice qui interpréteront chacun à sa façon ce que peuvent être des mèches sans vie et qui l’associeront à l’air triste de l’héroïne. Évitez les détails trop universels et qui font penser à tout le monde (il a des yeux bleus par exemple) ou des mots comme « l’homme » ou « la femme ». Au contraire, trouver les mots qui désignent quelque chose de propre, une propriété particulière qui distingue ce personnage des autres.
On peut dire mais il faut surtout montrer
Parfois, il suffit d’un ou deux détails pour éclairer un personnage pour vos lecteurs. Ces découvertes précises et éclairantes sont les détails « révélateurs » de l’état psychologique du personnage dans une scène donnée, car elles vont au-delà de la simple observation pour donner aux lecteurs un sens plus large et plus riche du caractère ou du lieu (un lieu parfaitement capable d’influencer l’état mental du personnage qui s’y trouve).
Les cheveux soigneusement rasés d’un vieil homme laissent penser qu’il n’a pas totalement abandonné. Le tintement de la vaisselle bon marché implique que le restaurateur a connu des moments difficiles. Le haussement d’épaules d’un adolescent maussade évoque une indifférence teintée de mépris.
Ce genre de détails fait que la fiction est plus qu’un simple récit de ce qu’il se passe ensuite (une interrogation que lecteurs et lectrices devraient néanmoins se demander). Le détail fait de la description plus qu’un récit. Les bons détails, insérés aux bons moments, permettent à vos lecteurs d’accéder au paysage intérieur d’un personnage, à ses particularités, ses peurs et ses compulsions qui ne peuvent être facilement expliquées.
C’est une chose de dire à vos lecteurs qu’un personnage est craintif, c’en est une autre de décrire la façon dont il se dérobe au contact humain. L’information est une chose abstraite. Le détail rend concret. Il apporte de la réalité à la scène.
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