SCÈNES À CONSERVER

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Avez-vous déjà relu des scènes dans votre intrigue et vous avoir demandé si elles fonctionnaient ?
L’acte Deux, l’espace de l’intrigue, est difficile. Trop de scènes sont routinières, sans éclat, juste posées là, sans rien de spécial. Qu’est-ce qui ne va pas ? Est-ce un manque de concentration ? Est-ce un manque ou une incohérence dans votre plan ? Est-ce que ces scènes ont été écrites par des après-midi pluvieux où l’inspiration manquait ?

Donald Maass soupçonne que beaucoup de scènes s’effondrent comme elles le font, non pas à cause d’une mauvaise planification du récit, mais parce que leur but n’a pas encore émergé. Les auteurs, en défrichant la partie centrale de leurs textes, ont tendance à écrire ce qu’ils pensent devoir venir ensuite comme conséquence ou effet ; de plus, ils l’écrivent de la première façon qui leur vient à l’esprit.

Lors des réécritures successives, ces scènes ont tendance à rester en place, peu altérées. Ne sachant pas quoi faire, un auteur peut laisser une scène en place parce que, enfin, juste parce que. Il est facile d’éviter de démonter une scène pour l’ouvrir chirurgicalement (c’est-à-dire analyser les parties qui la constituent et dont l’assemblage est une scène).

Adopter une nouvelle approche signifie perdre du temps et refaire beaucoup de travail. Qui veut faire cela ? Il est compréhensible que les auteurs laissent ces scènes fautives de côté, mais il en résulte trop souvent des scènes inefficaces, constate Donald Maass.

Une raison d’être

il est d’abord utile de se rendre compte que chaque scène mise en place par l’auteur ou l’autrice a généralement une raison d’être. Il se peut qu’il ou elle n’en saisisse pas encore la raison, mais l’impulsion de décrire ce moment particulier, cette rencontre particulière, cette action particulière, vient de la source profonde des rêves dont les histoires sont tirées, commente poétiquement Donald Maass.

Une scène a un sens. La tâche consiste à faire ressortir cette signification. Comment ? Changer les mots sur la page ne fonctionnera pas. Être auteur ou autrice, c’est s’attacher à ses mots. Notre instinct est de les préserver. C’est donc toute la scène qui doit être explorée à nouveau. La révision de la scène est, pour Donald Maass, moins une question d’expression et plus une façon de voir.

Pour reconstituer une scène, il faut détourner le regard de la page et regarder ce qu’il se passe réellement. Quel changement a lieu ? Quand ce changement a-t-il lieu ? À ce moment, comment le point de vue du personnage est-il modifié ? Le but de ces questions est de trouver les pivots de la scène (notez le pluriel) qui permettent son articulation.

Après avoir identifié les articulations de la scène, vous constaterez qu’il est plus facile de la mettre au point. Tout le reste contribue à ces changements ou éloigne les lecteurs de ces changements. Tous les éléments supplémentaires, comme les décors, les personnages, les entrées et sorties de scène, sont désormais remplaçables, ou bien ce sont des outils qui permettent de mettre en scène de manière sélective l’objectif principal de la scène.

Entraînez-vous à repenser les scènes de cette manière ; après un certain temps, vous serez non seulement insatisfait des scènes floues que vous venez pourtant d’écrire, mais vous aurez également à portée de main les outils nécessaires pour les modeler efficacement dès le début – peut-être même quelques astuces pratiques et la maîtrise des techniques à utiliser pour orchestrer des scènes à impact multiple sur de nombreux personnages.

Les articulations de la scène

La raison d’inclure une scène en premier lieu répond à deux exigences : 1) la façon dont les choses changent, que tout le monde peut comprendre ; 2) la façon dont le point de vue du personnage dans cette scène change également en conséquence. Pour dire les choses clairement, les scènes fonctionnent mieux lorsqu’elles ont des retournements extérieurs et intérieurs, c’est-à-dire que la situation prend une orientation nouvelle mais aussi que le point de vue du personnage sur sa situation s’ouvre sur de nouvelles connaissances.

Lorsque la situation change, il y a une contrepartie dans l’esprit du personnage comme s’il ouvrait les yeux sur quelque chose qu’il ne comprenait pas encore. Qu’en est-il de vos scènes ? Chaque scène d’un voyage, ou bien d’un retour, les conséquences d’un décision, le résultat d’une investigation, une rencontre – tout ce qui mène vos personnages du début à la fin – saisissent-elles un changement de cap bien défini et révèlent-elles leur signification intérieure ? En êtes-vous sûr ?

Et si vous faisiez une ébauche de scène ? Supposez que vous ayez décomposé chaque mouvement de l’histoire, défini précisément le moment qui explique la nouvelle orientation donnée au récit, et consigné le tout dans un rapport explicitant le changement qu’il apporte au point de vue du personnage central de la scène ? Votre histoire sera-t-elle plus forte ?
Donald Maass pense que oui. Vous pourriez même découvrir qu’une scène que vous avez envisagé de couper est désormais indispensable à la progression de l’intrigue.

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