Donald Maass donne quelques conseils pour élaborer un personnage spécial, celui dont l’influence sur le personnage principal est si puissante qu’elle pourrait bien être la conséquence de ce changement.
L’Influence Character
Selon la théorie narrative (théorie qui se veut très pragmatique) Dramatica, il existe un personnage qui influence le personnage principal, qui le pousse à voir les choses autrement.
Cet Influence Character n’est pas une fonction. Ainsi, il peut être l’antagoniste ou bien un allié (Sidekick dans la langue anglaise).
La première étape
La première étape consiste à observer votre Influence Character de la même manière dont le voit votre protagoniste.
Repérez chez votre personnage principal et chez son Influence Character, le concept qui les rapprochent. Prenons le cas le moins clair, c’est-à-dire lorsque cet Influence Character est l’antagoniste (mais ce pourrait être n’importe quel autre personnage).
Lorsque nous pensons aux personnages nécessaires, nous avons tendance à faire des choix évidents comme le protagoniste, l’antagoniste et peut-être le mentor, la passion amoureuse et le sidekick.
L’Influence Character n’est probablement pas en tête de votre liste. Mais il devrait l’être car vous ne pouvez pas créer un arc dramatique pour votre personnage principal sans lui.
Certains auteurs considèrent que cet Influence Character est une sorte de catalyseur pour le personnage principal parce qu’il a un impact sur le devenir de celui-ci. Par sa seule présence, du moins par sa relation au personnage principal, il incite celui-ci à changer.
Il est possible d’établir une nuance. Habituellement, en effet, le personnage principal change soit en s’améliorant, soit en renforçant ses convictions (car il pourrait manquer d’assurance au début du récit pour aller plus loin dans sa vie à la fin du récit). Il n’est pas impossible cependant de considérer que le personnage principal n’évolue pas mais qu’il change les autres. De ce fait, on peut voir le protagoniste (celui par qui l’action arrive) comme l’Influence Character.
La fonction (l’antagoniste est une fonction tout comme le mentor par exemple – la fonction rapproche le personnage de l’archétype) dans une histoire n’est pas ce qui qualifie un personnage comme le personnage au cœur du changement de votre protagoniste.
L’antagoniste représente le conflit extérieur, c’est-à-dire qu’il sera une épine dans le pied du personnage principal vers la réalisation de son objectif. L’Influence Character permet aux auteurs d’exprimer le conflit intérieur du héros, c’est-à-dire ce qui constitue son besoin (l’objectif est un désir). Un manque qui devient besoin n’est comblé qu’une seule fois alors que le désir toujours inassouvi ne laisse jamais de tourmenter (interprétations personnelles avec lesquelles vous ne pourriez pas être d’accord. Vos objections sont les bienvenues).
Tout comme l’antagoniste, l’Influence Character est en désaccord avec le protagoniste. Mais contrairement à l’antagoniste, le conflit n’est pas nécessairement le résultat de buts opposés. Il est plutôt le résultat de visions du monde opposées du protagoniste et de l’Influence Character.
Le conflit
Ainsi, pour comprendre cet Influence Character, repérez d’abord ce qui les oppose. On peut admettre que le personnage principal est la proie d’un mensonge. Il se ment à lui-même sur son état. Par exemple, votre personnage principal est une héroïne qui s’est laissé retourner le cœur par un amant qui complote contre elle pour la dépouiller de sa fortune.
Mais l’héroïne est trop aveuglée par ses passions pour s’apercevoir de cette vérité. L’Influence Character sera celui ou celle qui détient la vérité et qui verra donc clair dans le jeu de l’amant. Il ou elle tentera alors de convaincre le personnage principal de son erreur. Le conflit entre vérité et mensonge se situe dans cette opposition de points de vue sur une même situation.
Tout au long de l’histoire, le protagoniste et sa foi aveugle dans son mensonge ne cessera de se percuter à la vérité de l’Influence Character. Le protagoniste peut vouloir rester en paix avec son mensonge, mais la présence persistante de l’Influence Character ne cesse de faire prendre conscience au protagoniste de la vérité – et de créer un conflit interne.
C’est ce qu’il se passe entre Jane Eyre et Rochester. Rochester ne cesse d’inspirer Jane à se voir comme son égal et ce qu’il s’ensuit précipite Jane dans des tourments qu’elle ne soupçonnait pas.
L’Influence Character peut ou non essayer activement de faire comprendre cette vérité au protagoniste, mais il sera là aux moments cruciaux de l’histoire pour aider le protagoniste à voir son erreur. Il a les réponses que le protagoniste recherche (même si celui-ci l’ignore au début de l’histoire), et ces réponses finiront par être déterminantes dans la capacité du protagoniste à vaincre son antagonisme et le conflit extérieur dans la résolution de sa quête (que Dramatica ramasse sous le terme de Story Goal).
La seconde étape
La seconde étape consiste à définir chez le personnage principal ce qui le fascine le plus chez l’Influence Character. Et dans le même coup, ce qu’il comprend le moins de cet Influence Character.
Lorsque le conte Dracula découvre incidemment le portrait de Mina, il est fasciné par la ressemblance frappante avec sa défunte épouse Elisabetta. A partir de cet incident déclencheur, il n’aura de cesse de rencontrer Mina bien qu’il ne s’explique pas ce que signifie cette réincarnation.
La troisième étape
La troisième étape consistera à entrer dans les détails, c’est-à-dire que ce que vous avez ruminé dans votre intellect prendra la forme de mots. Vous allez donner à votre pensée une autre réalité. Cette réalité autre sera de définir le moment (c’est-à-dire la scène) au cours de laquelle lecteurs et lectrices comprendront que la relation qui unit deux personnages sera une relation particulière entre un personnage principal et son Influence Character (certes lecteurs et lectrices ne formulent pas les choses ainsi).
Donald Maass suggère de noter les détails spécifiques du lieu, du moment, de l’action et des dialogues pendant cet événement. Pour vous aider dans votre réflexion, vous pourriez vous interroger sur quel détail votre protagoniste se souvient le mieux ou dont il se souviendra le mieux ainsi que quel détail il souhaite oublier.
Dans Orgueils et Préjugés de Jane Austen, le personnage principal est Elizabeth Bennet. La relation au cœur de l’histoire est celle que Elisabeth entretient avec Darcy, parce que c’est à travers leur relation que nous percevons la plupart des changements et l’évolution d’Elizabeth tout au long du récit. Cette relation est une composante essentielle du parcours d’Elizabeth.
Lors d’un bal à Meryton, quand Bingley arrive, il exprime son intérêt pour Jane, ce qui ravit Elizabeth. Cependant, lorsqu’Elizabeth entend son ami plus riche, Fitzwilliam Darcy, la snober, elle développe immédiatement une aversion envers lui. Elle promet de ne jamais danser avec lui.
La quatrième étape
Cette dernière étape concerne l’impact que cet Influence Character peut avoir sur le protagoniste. C’est la force de son influence en quelque sorte. Nous sommes encore dans le détail. C’est par la description d’un fait, d’une attitude, d’une situation ou bien de circonstances que l’on peut spécifier et incarner toutes ces pensées, toutes ces réflexions qui s’activent dans notre intellect.
Comme il s’agit d’une force, au début du récit, le personnage principal résistera à l’Influence Character même si c’est son meilleur ami ou bien un amant ou une amante.
Tout au long de Avatar, Neytiri enseigne à Jake les coutumes des Na’vi, comme la chasse, l’orientation dans la forêt, ainsi que les rapports avec des créatures ressemblant à des dragons. Le rôle de la femme dans Avatar a été dépeint comme fort, indépendant et leader, qui sont tous des caractéristiques masculines traditionnellement stéréotypées.
La vision de la société sur les rôles des sexes changent. Des récits comme celui d’Avatar manifestent cette tendance. Le film dépeint les traditions et la culture d’une société. La culture est un thème majeur dans Avatar. Le récit fait la démonstration de comment le protagoniste a appris à accepter cette culture et a finalement été intégré comme l’un des leurs, car il n’était pas un simple scientifique, mais un guerrier dans l’âme.
Lorsque Jake a rencontré la culture des Na’vi la première fois, il l’a jugée sur la base de sa propre culture. On parle d’ethnocentrisme, lorsqu’une personne utilise sa propre culture pour juger une autre culture.
Ce concept a été démontré lorsque Jake s’est retrouvé entouré par les graines flottantes de l’arbre sacré. Il a tenté de les chasser, mais Neytiri l’en a empêché en déclarant que dans sa culture, ce sont de purs esprits. Plus tard dans le film, alors que Jake enregistrait son journal de bord, Grace lui a fait remarquer qu’il devait essayer de voir la forêt avec les yeux de Neytiri qui lui avait enseigné les coutumes de sa culture.
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Genial,juste ce qu’il me fallait,
Merci. Je suis comblé de savoir que cet article vous sera utile.