Vous souhaitez écrire une scène. Commençons donc par établir en une phrase ce que le personnage principal (qui apparaît dans la très grande majorité des scènes) cherche à obtenir dans cette scène. Par exemple, le personnage doit trouver un moyen de sortir de ce qui ressemble de plus en plus à un labyrinthe, Perceval veut sauver la reine Guenièvre des griffes de Méléagant, il faut que je prouve mon courage aux autres…
Notez l’importance du verbe : devoir, vouloir, falloir que l’on peut étendre à avoir à, avoir besoin de, être tenu de… désirer, convoiter, exiger, aspirer à…
Il y a une volonté et Rayne Hall conseille que cette volonté exprimée le soit très tôt dans votre scène. D’où l’importance de nommer votre scène, de lui donner un titre. Ainsi, pour l’intelligence de votre projet, car avec cette absurdité du temps qui passe, vous pourriez reprendre cette scène bien des mois plus tard, ce titre qui résume un objectif (qui légitime la scène) sera particulièrement efficace pour le travail nouveau sur cette scène.
Une motivation
Lorsque le titre évoque le but de la scène, vous déterminez aussi une motivation. Vous répondez à la question du pourquoi le personnage principal doit accomplir quelque chose dans cette scène (il pourrait d’ailleurs échouer à l’obtenir).
Avec cette motivation, vous énoncez aussi les conséquences d’un échec toujours possible. Cela confère de l’importance au but de la scène.
Par exemple,
- Il faut que je prouve mon courage aux autres [Titre]
- afin d’être accepté dans cette communauté [Motivation]
- sinon je perdrais toute chance de me rapprocher de cette fille qui a frappé mon regard [Conséquence de l’échec]
Un temps limite
L’urgence ajoute de la tension dramatique. En fait, vous posez une condition. L’avantage d’un compte à rebours est qu’il est en soi dramatique. Une scène a un commencement ce qui impose nécessairement une fin. Un temps limite marque la fin de la scène.
Cette forme paraît arbitraire et l’on pourrait se sentir obligé et contraint, ce qui limite la créativité. Mais il faut se rassurer car la forme est un moyen d’expression dont ne dépend aucunement le contenu.
Par exemple, le personnage principal doit désamorcer la bombe avant que le compteur n’atteigne zéro. Pourquoi doit-il prendre le risque d’être tué ? Parce que ses enfants sont dans l’immeuble. Le contenu est sous-jacent. Ce contenu parle du sacrifice des parents. Maintenant, c’est une question de point de vue de l’auteur ou de l’autrice sur ce sacrifice, de son intention dans cette scène.
L’obstacle
La scène devrait comporter un obstacle, probablement différent de ce que le personnage principal cherche à atteindre globalement dans l’histoire. C’est toujours un petit péril en la demeure. Néanmoins, suggère Rayne Hall, bien qu’il soit indéniable qu’une menace, quelle que soit sa forme, ajoute au suspense de la scène, il faut toutefois s’assurer que le profil de cette menace potentielle soit bien supérieure à la prudence tout à fait normale du personnage.
L’obstacle devrait être bien supérieur à ce que le protagoniste attendait de la scène. Par contre, cette vérité pâtirait si elle était annoncée dès le début de la scène. En la révélant progressivement, vous travailleriez bien mieux le suspens.
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