Pour Neil Gaiman, la fiction et l’histoire qui la constitue propose au lecteur un monde différent. Elle peut emmener lecteurs et lectrices quelque part où ils ne sont jamais allés.
Une fois que vous avez visité d’autres mondes, comme ceux où l’on mange des fruits de fée, vous ne pouvez jamais être entièrement satisfait du monde dans lequel vous avez grandi. Le mécontentement est une bonne chose : les personnes mécontentes peuvent modifier et améliorer leur monde, les rendre meilleurs, les inciter à oser être différents.
Alors jusqu’où votre histoire peut-elle aller ?
En tentant de répondre à cette question, Robert McKee songe au déjà-vu. C’est un phénomène très subjectif. Probablement, notre imagination le met en œuvre. Mais est-ce pour autant que ce déjà-vu ne pourrait être crédible si l’envie venait d’en faire une œuvre de fiction ?
Cette crédibilité recherchée pour le monde inventé de l’histoire ne dépend pas du genre. On pourrait penser que ce phénomène sied mieux à la fantasy ou bien à la science-fiction. Robert McKee considère néanmoins qu’un drame contemporain ou bien un sujet historique pourrait être élaboré sur cette seule intuition du déjà-vu qui nous a saisi si inopportunément.
Ce qui compte, c’est que vous vous assuriez de la cohérence de votre récit. Si vous souhaitez étudier la théorie narrative Dramatica, vous constaterez que sa finalité est précisément de vérifier que vous êtes consistant tout au long des événements de votre récit.
Pour Robert McKee, dans votre monde inventé, il vous faut vous interroger sur la logique de ces événements. Dit autrement, il s’agit de mettre en place les causes et les effets qui régissent votre récit. Un effet doit avoir telle cause bien comprise du lecteur car pour une cause, il existe une multitude d’effets.
Cette causalité influe aussi sur le comportement des personnages. Il est un peu vain de vouloir analyser votre récit (c’est-à-dire considérer que chaque élément qui le compose peut en être extrait et posséder une signification indépendamment du récit).
Car le récit est un tout qui souffre d’être éclaté. En créant des liens de causalité entre les événements, les réactions des personnages aux événements, vous garantissez une consistance à votre récit. Vous aurez assemblé de la matière dramatique hétérogène en la fondant dans un ensemble. Et votre histoire fait sens.
Robert McKee en est certain. Ce n’est pas en peignant la réalité telle qu’elle existe dans notre réalité qu’une œuvre de fiction sera davantage crédible. Une histoire copie la vie et c’est d’autant plus évident avec ce moyen d’expression qu’est le cinéma.
N’importe quelle histoire, aussi intuitive que soit l’idée qui lui donnera naissance, sera crédible si vous prêtez attention à sa cohérence.
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C’est plutôt inspirant seulement,ça ne résout pas forcément mon problème