Le court-métrage est en effet une histoire en un acte. Par court-métrage, on entend aussi bien la fiction que le documentaire et quelle que soit sa destination comme la publicité par exemple. Robert McKee décèle dans de telles histoires une entrée en matière rapide, un rebondissement et un moyen de sortie.
En 10 ou 15 minutes, il vous faudra un incident déclencheur, puis construire des complications, exposer une crise majeure pour aboutir à un climax. Donc, une structure sensiblement identique que l’histoire tienne sur 15 ou 120 pages.
Un mouvement en un acte
Robert McKee explique qu’une histoire, c’est la description de choix faits sous la pression physique, psychologique ou un mélange des deux. Sensiblement, il y a des changements mineurs, majeurs jusqu’à aboutir à un climax, préambule du dénouement.
Un court-métrage en somme est précisément une réplique d’une histoire plus longue élaborée avec un souci de minimisation sans altération de la qualité. Qu’implique le court-métrage ? Selon McKee, l’histoire courte n’a pas le temps de l’exposition.
L’auteur d’un court-métrage n’a matériellement pas le temps de dire qui sont les personnages de son histoire, de démontrer ce qu’est leur vie dans le contexte de l’histoire. Ces informations qui manqueraient dans une histoire plus longue deviennent superflues dans le cadre d’une histoire courte parce qu’elles ne peuvent être matériellement donnée. L’auteur ou l’autrice d’un court-métrage est dans la même position que son personnage principal : la nécessité de choisir est impérieuse.
Il faut donc créer dès les premières pages un incident déclencheur, conseille McKee. Et s’il pouvait se produire sur la toute première page ou au plus tard sur la seconde, ce serait préférable.
Un incident déclencheur consiste à bouleverser les forces qui maintenaient l’équilibre dans la vie du personnage principal avant le début de l’histoire. C’est événement devrait être immédiatement perçu par le lecteur/spectateur pour ce qu’il est : une mise sens dessus-dessous, une profonde perturbation de ce qui faisait le quotidien du personnage principal.
Il ne faut pas chercher à expliciter qui est ce personnage. La signification de l’événement doit frapper le regard du lecteur immédiatement. Par exemple, une jeune femme se prépare à se coucher dans la quiétude et la sécurité de sa chambre. Soudain, une silhouette se dessine furtivement sur le sombre encadrement de la fenêtre.
Vous êtes aussitôt plongé dans l’histoire, constate Robert McKee. Et cela dès les premières secondes. C’est la principal difficulté de l’écriture d’un court-métrage. C’est l’invention d’un événement dramatiquement puissant (capable de jeter hors de ses gonds la vie d’un héros ou d’une héroïne) et qui sera reconnu comme tel par le lecteur/spectateur.
Éviter le cliché
C’est le principal écueil de cette novation. On risque à tout moment le cliché. La solution à ce problème est de nourrir sa propre imagination de celle d’autres auteurs qui se sont livrés à cet exercice du court-métrage.
L’approche suggérée par McKee est non de s’approprier le travail d’autres auteurs et autrices mais de s’en inspirer afin de comprendre comment ils ont contourné cet écueil du cliché relatif à l’incident déclencheur. Cela vous permettra de comprendre ce qui fonctionne et de repérer l’incident déclencheur qui ne remplit pas sa fonction.
Cette fonction est de se saisir immédiatement de l’attention du lecteur/spectateur en termes émotionnels et intellectuels. C’est-à-dire que ses sens lui communiquent un fait qui crée une sensation, cette sensation poursuit son chemin à travers notre esprit pour devenir un sentiment (tel le malaise provoqué par la silhouette de l’étranger qui se dessine à l’extérieur mais pourtant qui nous rend si accessible, si vulnérable).
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