Il faut savoir de quoi parle votre histoire avant de la commencer, et vous avez intérêt à savoir de quoi il s’agit avant qu’elle ne soit terminée et qu’on vous demande de quoi il s’agit.
Lorsqu’on vous demande de quoi parle votre projet, ce qu’on demande vraiment, c’est : Quelle est la prémisse ? Quelle est l’histoire en une ou deux phrases facilement compréhensibles ? En somme, quel est le principe de votre histoire ?
Une phrase
Cette phrase doit vous donner une idée de l’ensemble de l’histoire : le personnage du protagoniste, le personnage de l’antagoniste, le conflit, le cadre, le ton, les enjeux, le genre.
Si vous écrivez une comédie, cette prémisse d’une ligne ou deux devrait être drôle en soi et suggérer également toute une série de situations comiques.
Si vous écrivez un suspense, le danger et la peur doivent être clairement indiqués dans la prémisse et, là encore, la situation doit suggérer toute une série de situations terrifiantes et de dangers à plusieurs niveaux, c’est-à-dire que les événements (situations et pérégrinations) seront plus ou moins intenses.
Alexandra Sokoloff n’apporte rien de nouveau dans sa définition de la prémisse. La prémisse est comme une carte qui permet de se repérer dans son récit.
Voici trois exemples de prémisse que donne Alexandra Sokoloff :
- Lorsqu’un grand requin blanc commence à attaquer les habitants d’une ville côtière pendant la haute saison touristique, un shérif terrifié par l’eau doit réunir une équipe pour le traquer avant qu’il ne tue à nouveau.
- Une jeune femme stagiaire du FBI doit échanger des informations personnelles avec un génie psychopathe emprisonné afin d’attraper un tueur en série qui capture et tue des jeunes femmes pour leur peau.
- Un archéologue chasseur de trésors parcourt le globe pour retrouver la légendaire Arche perdue de l’Alliance avant que les nazis ne puissent l’acquérir et l’utiliser pour alimenter l’armée nazie de façon surnaturelle.
Notons que dans la prémisse des Aventuriers de l’Arche Perdue, nous aurions pu remplacer nazis par force du mal. Dans la note d’intention ou même dans le synopsis, cette expression pourrait être mentionnée et ferait sens.
Seulement la prémisse doit atteindre son but immédiatement. Le lecteur doit avoir immédiatement une idée de l’histoire que la prémisse recèle en son sein (d’ailleurs la prémisse ne concerne pas seulement les textes narratifs).
Alexandra Sokoloff reconnaît que ces prémisses (qui sont des interprétations, donc subjectives et donc encore, vous pourriez vous-mêmes venir avec une autre prémisse constituée d’autres termes, d’autres agencements de mots) ne sont pas parfaitement énoncées.
Mais, et c’est là que les choses comptent, elles contiennent toutes :
- Un personnage principal déterminé
- Un antagonisme puissant
- Un sens du cadre, du conflit et des enjeux
- Une idée de la manière dont l’action se déroulera
Notons aussi un aspect de la relation qui unit le personnage principal (dont la fonction est d’être le protagoniste mais parfois, selon les exigences du récit, le personnage principal et le protagoniste peuvent être distincts) et l’antagonisme. Je précise bien antagonisme et non antagoniste car ce dernier terme me semble un peu trop anthropomorphe. En effet, l’adversité peut prendre toutes formes. Elle peut être la nature, une institution comme une justice aveugle et être représentée par un individu qui n’est pas en lui-même le véritable antagoniste.
Cet aspect singulier qui unit le personnage principal à l’antagonisme, c’est que le personnage principal est en lutte contre des forces qui le dépasse nettement.
La prémisse amoureuse
Alexandra Sokoloff nous propose donc quelques prémisses romantiques :
- Un anglais avec une aversion de l’engagement tombe amoureux d’une belle et insaisissable américaine pendant une année où tous les gens autour de lui semblent se marier et trouver leurs compagnons lors d’un tournoi de quatre mariages – et d’un enterrement.
(Quatre mariages et un enterrement). Remarquez comme Alexandra Sokoloff insiste sur le registre de l’humour : une aversion de l’engagement amoureux, une jeune femme belle et surtout insaisissable. Elle compare aussi ces événements si caractéristiques à un tournoi. Ainsi Sokoloff suggère déjà une idée de situation conflictuelle au sein même de la prémisse. - Un veuf inconsolable et solitaire et une journaliste brillante et tout autant solitaire qui vivent à des kilomètres l’un de l’autre tombent amoureux l’un de l’autre sans jamais s’être rencontrés.
(Nuits blanches à Seatle). On pourrait se demander où se situe le conflit dans cette prémisse. Il se niche en fait dans la distance qui sépare le personnage principal (Sam) du personnage qui peut le sortir de son marasme émotionnel et dans le même coup, trouver le véritable amour (Annie). Cette distance devient un compte à rebours, une course à l’amour. - Un homme et une femme débattent de la théorie selon laquelle un homme et une femme ne peuvent jamais vraiment être amis parce que le sexe fait toujours barrage. (Quand Harry rencontre Sally).
Selon Alexandra Sokoloff, avec votre propre argumentaire (lorsque vous dites votre prémisse à qui veut bien l’entendre), vous devriez détailler et vous devriez être précis.
Dans notre article précédent, Alexandra Sokoloff suggérait de lister les 10 histoires qui vous ont le plus marquées. Elle suggère maintenant de pratiquer. Prenez votre liste des films et des livres que vous avez aimés et pour chaque histoire, écrivez une prémisse d’une phrase (ou deux si vous pensez mieux y arriver) qui contient tous ces éléments d’un récit de fiction : le protagoniste, l’antagoniste, le conflit, les enjeux, le contexte, l’atmosphère et le genre.
La meilleure chose que vous puissiez faire est de passer un peu de temps à rédiger les prémisses de votre liste. Non seulement c’est une excellente façon de rédiger les prémisses, dit Sokoloff, mais cela vous donnera une excellente idée des éléments que vous voulez voir dans une histoire, et probablement une bonne idée des modèles que vous appréciez le plus.
Nous continuerons d’étudier les conseils d’Alexandra Sokoloff dans le prochain article. En attendant, si vous pouviez pensez à faire un don pour soutenir Scenar Mag, ce serait franchement apprécié. En effet, Scenar Mag est une initiative de partage de connaissances parce que la connaissance se donne. Comme d’autres, nous avons néanmoins un coût dans notre volonté de vous voir finir tous vos projets d’écriture et surtout en commencer sans cesse d’autres. Nous voulons être à vos côtés. Alors, aidez-vous en nous aidant. Faites un don. Merci