Qu’est-ce qui motive un personnage ? Ou plutôt comment faire en sorte qu’il soit motivé ?
Pour Dwight V. Swain, la problématique est simple. L’auteur concevra quelque chose que son personnage doit changer afin qu’il soit enfin heureux.
Qu’est-ce qu’une motivation ?
Une force mentale qui induit un acte ; une impulsion déterminante. Une intention ; un but ; une conception. Dans un récit de fiction, la motivation est essentiellement une volonté de changement ou plutôt un profond désir de changer les choses de sa vie d’où l’intervention d’une exigence que l’on s’impose à soi-même.
On part d’une présupposition. Le bonheur est la finalité humaine. Il est donc un concept universel qui devrait être reconnu par le plus grand nombre.
Malheureusement, nous rappelle Dwight V. Swain, l’insatisfaction, la détresse, la peine, le désarroi, le déplaisir… sont la condition humaine.
Pour qu’un individu passe du malheur au bonheur, il faut généralement qu’un aspect de sa situation ou de son état d’esprit soit modifié.
Le changement peut aller de l’obtention d’une augmentation à l’humiliation d’un ennemi, en passant par le fait de retrouver un sentiment de jeunesse nous propose Swain en quelques exemples. Je pense que vous comprenez l’idée et notez que sur les trois exemples, deux sont moraux ou spirituels (certainement plus passionnants à lire ou à écrire).
Si le désir de changement est si fort qu’il pousse un individu à faire quelque chose, à prendre des mesures (et des risques) pour y parvenir, cela constitue un sérieux motif pour agir.
Dit ainsi le tableau est évident. Donnez à un personnage un désir si irrépressible de changer quelque chose dans sa vie qu’il ne peut pas faire autrement (il ne peut s’en faire une raison. C’est comme s’il était pris tout entier dans un tsunami passionnel), et vous avez la base d’une histoire.
Dans la vie, cette motivation peut être un peu moins facile à comprendre. Pourquoi ? Parce que dans la vie, on ne peut pas voir, ni lire, ni entendre ce qu’il se passe dans la tête des autres. On tombe d’ailleurs souvent des nues lorsque quelques révélations sont inopinément portées au jour.
Une révélation positive ou négative
La désillusion n’est pas la seule à gouverner le monde. Un personnage peut découvrir que la bonté lui fait énormément de bien comme a fini par le comprendre Ebenezer Scrooge.
Ce que l’on devrait d’abord comprendre, tente de nous enseigner Dwight V. Swain, est que, quoi que vous soupçonniez, vous ne pouvez pas vraiment lire les pensées d’une autre personne ou entrer dans sa tête.
En fait, un personnage ou une personne réelle peuvent pour des raisons personnelles, donner intentionnellement une fausse impression d’eux-mêmes (c’est ce que l’on nomme habituellement une personnæ, une image de soi que l’on a sciemment fabriquée pour la renvoyer aux autres).
Tout devient subterfuges, tromperies ou mensonges et fausses impressions.
Pourtant, en tant qu’auteur, vous ne pouvez pas vous permettre de ne pas jouer de cette attitude.
Rappelez-vous toujours que vous êtes le créateur, assène Dwigt V. Swain ; en premier et en dernier lieu, vous êtes maître de la situation.
La tromperie et le subterfuge ne sont que des outils que vous utilisez pour donner à votre histoire de la profondeur et de l’intérêt. En comprenant leur dynamique, vous les faites intervenir selon les besoins, en les préparant soigneusement et en les insérant dans la tête de votre personnage.
Comment obtenir la compréhension nécessaire de ce processus bien humain ?
Plus précisément, quels sont les principes qui sous-tendent la pensée et le comportement d’un personnage ?
La recherche du bonheur
La chose que nous recherchons tous, à la base, est ce que nous appelons le bonheur.
Qu’est-ce qui constitue le bonheur ? C’est un état d’esprit qui existe chez une personne lorsque, ses besoins corporels étant satisfaits, elle ressent également un sentiment d’importance, de valeur personnelle. Et ce sentiment peut prendre des formes diverses et variées.
Un tel état peut cependant s’avérer extrêmement difficile à atteindre.
Pourquoi ? Parce que le monde et la vie ne cessent de nous poser des problèmes. Des circonstances qui bloquent nos efforts pour atteindre nos objectifs, brisent nos rêves, nous font nous sentir impuissants et ridicules et sans importance. Pourtant, malgré tout, la plupart d’entre nous continuent à lutter.
De plus, le bonheur est une chose différente pour chaque personne. Hériter d’une fortune peut n’apporter que la panique à l’idée des responsabilités qui en découleront. Ou alors, je peux être tellement pris dans l’excitation de la bataille que j’en oublie la peur de la mort.
Chacun trouve ce qu’il appelle, pour un instant peut-être, le bonheur, l’accomplissement d’une fonction, une sorte de perfection.
D’une manière ou d’une autre, chacun peut éprouver une certaine idée du bonheur, même brièvement. Et si d’autres jugent bon de l’approuver aussi, tant mieux.
Ce sont des choses que nous vivons tous. Pourtant, selon les mots de l’immortel Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle, nous voyons mais nous n’observons pas.
C’est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre en tant qu’auteurs. Nous devons apprendre à prêter attention au comportement humain dans toutes ses nuances et ses teintes variées. Plus particulièrement, nous devons nous familiariser presque instinctivement avec ces méandres qui influencent la manière dont la vie des gens se développe.
Pourquoi ? Parce qu’ils nous donnent un aperçu des chemins possibles que nos personnages peuvent suivre et des actions qu’ils peuvent entreprendre.
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