LA CRISE DU PERSONNAGE PRINCIPAL

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Structurellement parlant, il se produira un moment au cours de l’intrigue où le personnage principal connaîtra une grave crise personnelle. Elle peut être identitaire, il ne sait plus vraiment qui il est. Il peut être physiquement empêché.

Pour le personnage principal, tout semble perdu. Notez qu’il lui semble et nous semble que tout soit perdu. Quoi qu’il en soit, émotionnellement, cette impression doit produire quelque effet chez le lecteur.

Des émotions de toutes sortes

Comme l’émotion est un concept forcément abstrait, on peut lui donner la forme souhaitée, c’est-à-dire que l’auteur peut s’efforcer de provoquer chez son lecteur tel ou tel effet (il verse quelques larmes ou est surpris de la tournure des choses…).

La finalité de ce moment est que cet enfer que connaît le personnage recharge l’investissement émotionnel du lecteur dans le succès de votre héros, une fois de plus.

Pour susciter le plus fort degré d’émotion, les événements de l’histoire qui mènent inexorablement à la crise doivent bien sûr concerner vos personnages, votre thème et le monde de votre histoire, nous rappelle H.R. D’Costa.

Et H.R. D’Costa ajoute que si ce moment où nous avons un personnage au plus bas ne parvient pas à intensifier l’implication émotionnelle du lecteur, cela ne signifie pas nécessairement que vous avez choisi les mauvais événements dont les conséquences sont cette crise de votre héros.
Changer les événements ne fonctionnerait pas non plus. Souvent, la solution consistera à remanier des éléments antérieurs de votre scénario, généralement dès le premier acte.

Certes, il y a quelques techniques pour s’assurer de la réaction émotionnelle du lecteur et du spectateur. Si vous écrivez à l’intuition, à l’inspiration (au kilomètre dit-on aussi), accordez une attention particulière à l’effet émotionnel recherché lorsque vous révisez votre ébauche.
Si vous planifiez votre scénario, si vous aimez en déterminer les grandes étapes (sans que rien ne soit figé d’ailleurs), veillez à intégrer ces techniques dans l’ébauche de votre scénario et évaluez ensuite leur efficacité lors de vos réécritures.

L’enjeu

L’enjeu est une question de valeur. Pour faire simple (donc une piste à explorer), il faut démontrer au lecteur/spectateur la valeur ce que le personnage peut perdre s’il ne sort pas du désespoir profond dans lequel, vous, l’auteur, l’avez jeté.

H.R. D’Costa pense que l’une des erreurs les plus fréquentes est d’assumer (mais qui sommes-nous pour décider ce que doit penser autrui ?) que ce qui est jeu (donc la valeur accordée par le personnage principal à une certaine chose) est évident.

Naturellement, le lecteur reconnaîtra la valeur des objets objectivement précieux, qu’ils soient tangibles comme un collier de diamants ou intangibles comme une amitié de plusieurs décennies. Malgré tout, vous intensifierez l’impact émotionnel de la crise si vous prenez le temps de montrer au lecteur comment et pourquoi cet objet particulier a de la valeur pour votre héros.

personnageDans Taken, Luc Besson et Robert Mark Kamen auraient pu se contenter de l’enlèvement de Kimmy. Il est évident ce que peut représenter une fille pour un père.

Cependant, avec l’ajout de quelques détails supplémentaires, les scénaristes ont rendu cette terrible perte encore plus effrayante (et effectivement, c’est bien le concept de perte qui est en jeu ici).

Nous apprenons plusieurs choses sur Bryan au début du film. Le travail de Bryan le tenait éloigné de chez lui, il a donc manqué la plus grande partie de l’enfance de Kimmy.
Aujourd’hui, il a pris sa retraite et s’est installé dans un appartement près de Kimmy (qui vit avec sa mère et le nouveau mari de celle-ci).

L’appartement est minable, mais ça ne dérange pas Bryan. Sa proximité avec Kimmy est tout ce qui compte. Il est également obsédé par le choix du cadeau parfait pour l’anniversaire de Kimmy. Ce détail nous montre non seulement à quel point il s’efforce de reconstruire leur relation, mais il établit aussi sa personnalité méticuleuse (ce qui rend les événements ultérieurs plus crédibles).

Si Bryan ne trouve pas Kimmy à temps, il la perdra et perdra la précieuse chance de se réconcilier. À la fin du deuxième acte, elle est vendue aux enchères et il semble bien que les méchants de l’histoire auront le dernier mot.
Il semble impossible pour Bryan de sauver sa fille, et encore moins de faire amende honorable avec elle. La compassion du lecteur envers la situation de Bryan (par identification du désespoir que ressent Bryan) est intense à ce moment.

Car il a observé Bryan essayer si désespérément de regagner l’affection de Kimmy au début du film. Si leur relation avait été saine avant le début de l’histoire, l’effet émotionnel de la proximité de la perte n’aurait pu atteindre un tel niveau.

Voyez qu’apporter des changements mineurs au passé de votre héros (Bryan est séparé de sa fille) peut profondément modifier l’impact émotionnel que le All is Lost (ce moment où tout semble perdu) a sur le lecteur/spectateur.

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