FICTION : QUELQUES CONSEILS

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Cinq erreurs courantes lors de l’écriture d’une fiction et tout particulièrement l’écriture d’un scénario et quelques suggestions de solutions pour les corriger. Ces quelques conseils sont applicables à toute écriture de fiction, scénarisée ou non.

L’objectif du héros

Lorsque le lecteur fait connaissance avec le personnage principal, le héros de l’histoire, l’auteur devrait faire comprendre clairement que ce personnage veut quelque chose. C’est cet objectif qui rend légitime la fiction.
Il doit être clair, défini et capable de propulser votre personnage dans l’histoire. Cet objectif est bien plus qu’un désir. C’est un besoin et il peut être lié aux thèmes de l’histoire. Ce besoin est souvent intime. Il peut représenter une faille, un signe de faiblesse, un manque qu’il faut combler.

C’est assez souvent un besoin psychologique sous-jacent qui s’oppose directement à un désir. Le désir qui devient un objectif extérieur est la manifestation de ce besoin personnel souvent ignoré du personnage, du moins jusqu’à ce qu’il en prenne conscience après un moment de crise.

Souvent, les personnages n’obtiennent pas ce qu’ils veulent ; ou s’ils l’obtiennent, c’est parce qu’ils ont été forcés de changer car sans ce changement (drastique, un retournement radical de la personnalité ou bien un renforcement de position), ils ne peuvent atteindre leur objectif.

Souvent aussi, ils font un sacrifice, la marque des héros. Mais s’ils n’ont pas de but ou d’objectif, alors l’histoire n’aura pas d’élan (au concept d’objectif est aussi très lié celui d’enjeux). Dans une fiction, les personnages sont censés nous émouvoir (c’est de l’empathie, de la compassion, de l’identification d’émotions ou de sentiments voire d’épreuves partagées).

Les personnage font des choix, et ces choix orientent l’action. La prise de décision n’est qu’un aspect des mécanismes d’agir d’un personnage. Certains comportements ou attitudes ou postures peuvent être déterminés par la fonction dans l’histoire. Par exemple, la fonction de protagoniste fait de ce personnage un être de fiction proactif.

En tant que personnage principal, cependant, on peut admettre un certain libre arbitre dans la prise de décision mais souvent aussi, ce qui humanise un personnage, c’est-à-dire les émotions, le rend aveugle et ces choix ne sont pas toujours très judicieux.

On peut avoir l’impression que les choses continuent de leur tomber dessus (les conflits et autres obstacles qui forment les tribulations et pérégrinations du héros à travers l’intrigue), mais – surtout dans les questions de scénario (le forum pour en discuter) – nous devons laisser nos personnages diriger.
C’est-à-dire que les situations dans lesquelles l’auteur jette ses personnages ne seront pas résolues par un Deus ex Machina mais bien par les actions et réactions des personnages. Ils veulent quelque chose. Ils essaient de l’obtenir. Essayez de garder cela à l’esprit dans chaque scène. Nos articles sur l’objectif du héros pourraient vous intéresser.

Minimiser les thèmes au profit des personnages

Lorsqu’il décrit la fiction qu’il est en train d’écrire, l’auteur préfère parler parfois des thèmes qu’il souhaite convoquer plutôt que de ses personnages. C’est une fiction sur l’espoir, pourrait-il dire sans se rendre compte que cette timidité reflète un manque de confiance dans ses propres personnages. Mais votre scénario ne porte pas vraiment sur un concept, mais sur des êtres de fiction, des êtres semblables à nous.

Il peut arriver que le lecteur s’intéresse d’abord aux thèmes, mais il est plus probable qu’il se fascine pour les personnages…

« C’est l’histoire d’un père de famille tranquille, professeur de chimie, qui découvre qu’il a un cancer et qu’il n’a pas les moyens de se faire soigner, alors il commence à fabriquer et à vendre de la méthamphétamine avec un de ses anciens élèves… »
Voyez comme cette prémisse est plus excitante que « c’est une histoire sur la peur, la fierté et les efforts que nous ferons pour protéger notre famille« .

L’auteur devrait faire un vrai travail sur ses personnages avant de commencer l’écriture de son scénario afin de s’assurer qu’ils sont suffisamment riches psychologiquement. Demandez-vous si votre personnage est suffisamment intéressant pour qu’un lecteur soit profondément curieux de ses motivations et désespéré de voir ce qu’il va faire ensuite.

Je vous renvoie à nos pages sur les personnages ainsi que nos articles où la problématique du thème est abordée.

De véritables enjeux

Lorsque nous rencontrons un personnage, nous le rencontrons à un moment précis de sa vie. Vraisemblablement, un moment où quelque chose lui arrive plutôt qu’un moment où il est raisonnablement satisfait de son statu quo tellement qu’il ne nous semble pas urgent de l’en voir changer.

Peut-être par affection, nous hésitons à les accabler. Nous pourrions même trouver des moyens providentiels et moins crédibles pour les aider à se sortir de situations délicates plus tôt que nous ne le devrions.

C’est néanmoins beaucoup plus satisfaisant, captivant et émotionnellement engageant pour notre lecteur si nous faisons le contraire. L’auteur ne devrait cesser de créer des problèmes à ses personnages. Et quand il y a problème, nous pouvons admettre qu’une des principales raisons est qu’il y a quelque choses à perdre ou à gagner pour le personnage face à un problème.

Ce n’est que dans les moments les plus sombres et les plus désespérés, lorsque nos personnages ont atteint le fond du gouffre, qu’ils peuvent trouver les réponses dont ils ont besoin ou la clé de la rédemption (les grecs ont appelé ce moment de la vie metanoïa comme basculement).

Votre personnage doit choisir un chemin de souffrances ou de périls (informé par la combinaison de ses défauts et de ses objectifs préexistants) et vous devriez continuer à aggraver les choses pour lui car à chaque nouveau défi, votre personnage sera confronté à une décision ou à un dilemme (le dilemme est assez dramatique) et observer ce personnage, peut-être même comprendre son dilemme, est passionnant.

Sur la notion d’enjeux, vous pourriez consulter quelques uns de ces articles.

Le conflit, l’arme de la fiction

Le conflit est lié aux enjeux. C’est dans la scène qu’il se manifeste le mieux. La notion de conflit dans ce contexte est souvent interprétée à tort comme de la violence ou des disputes. Le conflit peut être une lutte interne ou un jeu subtil dans la relation qui existe à un moment donné entre deux personnages ; et le conflit, ce n’est pas toujours une fusillade.

Mais il devrait y avoir un conflit dans presque toutes les scènes. Si nous cherchions à donner un titre et décrire une scène, nous ne devrions jamais pouvoir dire quelque chose comme Joseph et Sarah s’interrogent sur le nouveau travail de Sarah.

Cette scène, du moins si elle fonctionne dans l’ensemble car Joseph et Sarah ont besoin d’avoir cette discussion à propos du nouveau travail de Sarah, présentez de cette manière présage d’une discussion sans réels enjeux, ni conflits.

Trouvez plutôt le conflit – « Joseph essaie désespérément de convaincre Sarah de ne pas quitter son nouvel emploi« .

C’est une différence subtile, mais vous pouvez voir comment cette nouvelle scène a la capacité d’être beaucoup plus intéressante, en forçant le lecteur à poser des questions sur les personnages et leur relation, plutôt que de simplement accepter les informations proposées.

Les situations conflictuelles sont abordées dans nos articles sur le conflit.

L’arc dramatique

Trop souvent, dans les scénarios du moins par manque de temps, l’auteur ne semble pas se préoccuper que son protagoniste n’apparaisse pas touché par ce qu’il a vécu ou ce qu’il vit au moment même où cela lui arrive.

Cela est souvent dû au fait que tous les facteurs mentionnés ci-dessus ne fonctionnent pas correctement (c’est une hypothèse. Je vous invite au forum pour en discuter).

Si vous avez un personnage intéressant, dynamique, compliqué qui veut vraiment, vraiment quelque chose ; qui rencontre des difficultés en cours de route qui l’obligent à faire des choix difficiles ; qui est souvent en conflit avec lui-même et les autres ; alors il y a des chances qu’il doive changer à la fin.
Dans les drames télévisés, les personnages peuvent ne pas changer avant le dernier épisode de la série. Jusqu’à ce moment, ils peuvent avoir eu la possibilité de changer, mais ils peuvent avoir choisi de ne pas le faire. C’est ce qui permet à la série de continuer.

fictionSi le personnage de Phoebe Waller-Bridge décidait de changer et d’affronter ses démons dès le premier épisode de Fleabag, il n’y aurait pas de série. Elle change à cause des choses qui lui arrivent (et qui sont le résultat de ses choix)… et à travers les façons dont elle est défiée, provoquée et blessée, elle révèle finalement sa capacité de développement personnel.

Dans les films, la trajectoire est plus courte car nous avons affaire à une période de temps plus concentrée. Le changement peut être subtil. Il peut même avoir lieu après la fin du film, mais si on ne le laisse pas au moins deviner, on risque de se demander à quoi tout cela a servi.

Voici une liste d’articles où nous avons parlé de l’arc dramatique.

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