A regarder autour de soi, on s’aperçoit bien que tout semble avoir une structure.
Un premier étonnement serait de vérifier que le but d’une structure est de remplir une fonction. La structure est conçue pour fonctionner d’une certaine façon. Plus la structure est conforme aux principes de base selon lesquels elle est censée fonctionner, plus elle sera fonctionnelle.
La structure signifie harmonie
Il est intéressant de noter que, si les composants d’un squelette doivent être rigides, les articulations sont arrangées pour faciliter les déplacements.
En structure narrative, nous reconnaissons ces mêmes termes de squelette et d’articulations dans le sens de mouvement plutôt que dans celui de déplacement.
Mais une structure qui fonctionne correctement est aussi discrète que nécessaire. De la même manière, un bon scénario n’affiche pas sa structure si ce n’est qu’il fonctionne.
On peut vouloir s’intéresser à la structure ou bien la mépriser. C’est une question de goûts ou de couleurs. On peut estimer inutile ce que d’autres considèrent comme nécessaire. On peut même voir en la structure un aspect castrateur de notre créativité.
L’idée que la structure et la créativité sont antinomiques est assez répandue, surtout chez ceux qui ne peuvent se poser un instant afin d’y réfléchir. Mais les deux sont nécessaires. La structure est un aspect d’une créativité débridée.
C’est le soin et la précision sans lesquels l’expurgation créative de notre besoin impérieux de dire n’est qu’une diatribe. Pour revenir à l’ancien adage, il faut deux ailes pour voler. Ceux qui déclament que la créativité doit s’épanouir sans entraves et ceux qui croient qu’il suffit de tous les bons morceaux dans le bon ordre ont tort les uns comme les autres selon Robin Mukherjee.
Les bons morceaux, soigneusement arrangés, peuvent être aussi insatisfaisants, à leur manière, que les incohérences d’un esprit sous l’emprise de l’alcool ou de n’importe quelle substance addictive. La structure n’est pas là pour contraindre, mais pour faciliter. Sa fonction n’est pas d’asservir la créativité, mais de la libérer.
Si la structure est bien conçue, vous avez le véhicule parfait pour votre génie. Si vous vous trompez, votre génie risque de se tourner les pouces dans une aire de repos, en attendant que le mécanicien se présente, si vous me permettez cette image de Robin Mukherjee.
La structure devient une contrainte lorsque nous tentons de l’apprendre sous forme de formule. Il existe de nombreuses théories sur la structure dramatique, dont la plupart sont indéniablement utiles. Il y a ceux qui ne jurent que par les cinq actes, d’autres par les trois actes, ou bien les 22 étapes à suivre, ou encore un voyage héroïque ou peut-être pas.
La théorie narrative Dramatica aussi a longuement réfléchie sur cette question. En attendant, la riche terminologie tels que Incident déclencheur ou Gardien de seuil a un rôle valable à jouer dans nos tentatives de comprendre la forme d’une histoire, forme apparemment nécessaire à sa transmission et à sa réception.
C’est l’auteur qui s’empare de la structure, pas l’inverse
Ce qui compte, c’est que vous ne perdiez pas de vue ce que vous voulez dire, les thèmes que vous souhaitez explorer et l’histoire que vous voulez raconter. Tout cela semble parfois se mélanger, alors que nous le transformons en scénario. Néanmoins cela fait partie parfois du processus.
L’écriture est autant découverte qu’exécution. L’histoire peut prendre un certain temps à mûrir. Qu’une première ébauche ne fonctionne pas encore ne la rend pas mauvaise. Si nous pouvons nous reconnaître dans le visage de personnages ennuyeux ou des dialogues grisâtres ou des scènes sans aucune rondeur mais avec cette envie originelle d’écrire, nous pourrions même apprécier ce travail de reconfigurer notre matériau dans une forme que d’autres personnes peuvent apprécier (et aimer).
Donc (j’aime bien ce mot. Il semble comme un clapet qui frappe et qui est destiné à réveiller votre attention), donc, disais-je, la structure n’est pas une formule.
C’est un moyen (comme un autre) de déployer votre propre sens concernant une fiction à raconter.
Mais si vous êtes bloqué, ou si vous voulez planifier quelque chose avant de vous lancer dans l’écriture proprement dite, ou si votre récit s’enlise dans un nœud insurmontable vers la fin, ou encore si vous continuez à arriver au même endroit vous forçant à l’abandonner et de passer à autre chose (vous condamnant ainsi à une vie d’efforts inachevés), il vaut la peine d’envisager un peu de réflexion sur la structure.
Vous pourriez relire nos articles sur la théorie narrative Dramatica, ceux sur Robert McKee, sur Joseph Campbell ou Blake Snyder.
JOSEPH CAMPBELL & L’IMAGE DE LA DIVINITÉ
Bonjour William, nouvel article indispensable en précisant que me concernant, j’ai décidé de ne plus discuter avec ceux qui s’opposent à l’idée de structure. Ils verront bien pour étendre leurs draps s’ils n’ont pas à recourir à un fil étendoir et sans le moindre risque en cas de coups de vent, s’ils ne placent pas de pinces à linge aux endroits les plus stratégiques.