Cinquième et dernière partie de notre article commencé ici :
LA STRUCTURE DU SCÉNARIO ET ARISTOTE
CHAPITRE XV : Des mœurs dans la tragédie. – De ce qu’il convient de mettre sur la scène. – De l’art d’embellir les caractères.
I. En ce qui concerne les mœurs, il y a quatre points auxquels on doit tendre ; l’un, le premier, c’est qu’elles soient bonnes.
II. Le personnage aura des mœurs si, comme on l’a dit, la parole ou l’action fait révéler un dessein ; de bonnes mœurs, si le dessein révélé est bon.
IV. Le second point, c’est que (les mœurs) soient en rapport de convenance (avec le personnage).
V. Le troisième point, c’est la ressemblance. Car c’est autre chose que de représenter un caractère honnête et (un caractère) en rapport de convenance (avec le personnage), comme on l’a dit.
VI. Le quatrième, c’est l’égalité. Et en effet, le personnage qui présente une imitation et qui suppose un tel caractère, lors même qu’il serait inégal, devra être également inégal.
D’abord, un peu de terminologie. Aristote pose comme principe que les mœurs soient bonnes. En un autre terme, que le protagoniste soit quelqu’un qui ne soit pas méprisable, un personnage avec lequel le lecteur pourra s’identifier sans en éprouver de honte.
Une remarque s’impose néanmoins. Rien n’empêche que le personnage principal commette des actes immoraux tant qu’il bénéficie d’un fonds qui ne le montre pas tout à fait mauvais. Comme indice, on peut le montrer jouant avec un chat, par exemple. Cette scène ne fait pas avancer l’intrigue mais elle est utile cependant à troubler le lecteur et l’invite à se demander si ce personnage est aussi mauvais qu’il prétend l’être.
Le dessein dont parle Aristote est essentiellement un but moral. L’objectif que se fixe le protagoniste illustre sa volonté fondamentale d’accomplir quelque chose qui soit moralement bon.
Le second point insiste sur les caractéristiques du personnage. Elles doivent être appropriées au type de personne qu’il est. Je me refuse à mentionner les propos (que l’on doit absolument rapporter à son époque et à sa culture) d’Aristote concernant la femme qu’il prend comme exemple pour étayer ce second point en contestant à celle-ci la responsabilité morale de ses actes.
Ainsi, une qualité comme la bravoure ne serait pas appropriée comme caractéristique d’un personnage féminin.
Cependant, un être humain est tellement fait de contradictions qu’il n’est pas rare dans la réalité de voir un individu être tout et son contraire. Néanmoins, l’idée est que l’auteur doit rester vrai avec le type de personnage qu’il représente. Un juge, par exemple, sera du côté de la loi et recherchera toujours la justice. Lester Burnham de American Beauty est un homme en pleine crise de la quarantaine qui finalement se rachète en ne cédant pas à Angela.
Mais ce n’est pas exactement cette ressemblance dont il est question dans le troisième point. Le personnage doit être en accord avec ce qu’il est supposé être, c’est certain. Mais aussi, comme je l’ai dit, nous ne sommes pas monoblocs. Par ressemblance, c’est réalité qu’il faut comprendre.
Le personnage doit être décrit d’une façon réaliste, c’est-à-dire humaine et présenter des défauts et peut-être quelques excentricités. C’est-à-dire qu’il faut le rendre crédible.
Lorsque le personnage est équipé des attributs qui permettent de bien le définir dans l’esprit du lecteur, il les conservera tout au long du récit. Voilà ce que dit le quatrième point.
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