Quand on y réfléchit, l’auteur (surtout d’un texte scénaristique) est d’abord un artisan. Il manipule des choix créatifs. Pour savoir où il va, il peut adopter certains principes qui guideront ses décisions.
Ces principes existent pour nous aider à gérer toutes les forces dramatiques de l’histoire, à les interpréter et les agencer comme nous le souhaitons.
Ces principes sont aidants en cela qu’ils assurent que le rythme de l’histoire sera soutenu, que la tension dramatique sera au rendez-vous, qu’au moins le personnage principal suive un arc dramatique… enfin, toutes ces choses qui font que l’histoire maintiendra l’intérêt du lecteur de la séquence d’ouverture au dénouement.
Avoir une prémisse suffisamment accrocheuse ne fait pas tout. Les principes qui seront mis en œuvre dans l’exécution de cette prémisse donneront une personnalité à l’histoire.
La structure
La structure (c’est le résultat de l’application de principes à l’écriture) ne peut être sous-estimée car une structure compromise, c’est assurément une histoire bancale. Elle est le moyen qui permet la tension dramatique, les arcs dramatiques, qui donne de la profondeur à l’histoire. La structure est ce modèle ou paradigme qui permet de présenter efficacement tous les éléments dramatiques qu’exige une œuvre de fiction.
Une manière de comprendre une structure est le principe de causalité. A tout effet, il y aura une cause. Les forces dramatiques inhérentes à un récit de fiction doivent être maîtrisées. Bien sûr, on peut simplement écrire comme on veut. Rien ne nous oblige à suivre presque mécaniquement des principes.
Suivre certaines règles cependant ne ruine pas pour autant notre créativité. Nous pouvons écrire comme nous le souhaitons. Pour être efficace, notre écriture doit seulement tenter de s’aligner à quelques principes fondamentaux de la fiction.
Ce n’est pas une science non plus. Certes, de nombreuses théories ont vu le jour. La plupart se recoupent et signifient la même chose avec un vocabulaire différent. A quoi sert une structure ? Elle permet les choix et les moments d’une histoire agencés de telle manière que cette histoire se révélera efficace.
En fait, lorsque la muse s’empare de nous, il ne nous faut pas la rejeter. Il faut être à son écoute et organiser ce qu’elle a à nous dire au sein d’une structure afin que la communication entre l’auteur et son lecteur fonctionne.
La structure est déjà dans la fiction
Qu’on le comprenne ou non, le modèle est implicite à toute œuvre fictionnelle. Que l’on sache ou non que l’on manipule des principes, ils sont de toutes façons déjà présents. Et c’est tellement confortable de suivre quelque chose qui soit en quelque sorte déjà planifié. L’effort créatif, le nouveau, se concentre sur le contenu. Inutile de réinventer la roue.
La stratégie narrative (c’est-à-dire la manière singulière de l’auteur de conter son histoire) n’est pas à confondre avec la structure. La stratégie narrative est un matériel dramatique (et dans le cas d’un scénario, ce serait même de la matière filmique). Ce matériel dramatique se sont les scènes, le contenu narratif, qui viendront s’insérer sans heurt dans la structure. La structure n’appartient pas à l’auteur. Mais ce qu’il lui apporte est sa création.
Que trouve-t-on dans une structure ? Des nœuds dramatiques comme l’incident déclencheur, le passage dans l’acte Deux ou dans l’acte Trois, le point médian, le climax… et ces nœuds ne se situent pas aléatoirement dans l’histoire. Ils ont des moments bien à eux et qu’il est préférable de respecter.
C’est pourquoi il est important de planifier son histoire. Le plan permettra non seulement d’exposer l’histoire dans son ensemble mais aussi de tester la structure. C’est un chemin balisé en quelque sorte. L’auteur établit un point de départ et un point d’arrivée et connaît les étapes qu’il doit accomplir afin qu’entre le point de départ et le point d’arrivée, le cheminement soit logique (c’est là que la causalité entre en jeu).
La stratégie narrative consistera alors à gérer les forces dramatiques afin qu’elles répondent à la structure.