Le concept est essentiel puisqu’il fait d’une idée confuse, incomplète, une possible histoire. Il se présente sous deux aspects. L’un concerne le quoi de l’histoire et l’autre, le comment de celle-ci. Le quoi de l’histoire relève du domaine créatif par lequel l’ossature de l’histoire commence à se former.
Le comment est de l’ordre de la stratégie narrative de l’auteur, c’est-à-dire son approche particulière de comment il va raconter son histoire.
Le concept est une proposition et une invitation à partager une histoire entre un auteur et un lecteur. Cela suggère que l’auteur inventera des personnages et des situations dans lesquelles il les projettera. C’est de la combinaison de ces deux forces dramatiques que peut émaner un récit.
Si personnages et situations ne sont pas intrinsèquement liés, point d’histoire. Une histoire, c’est d’abord une excitation, une force qui nourrit le lecteur à vouloir continuer sa lecture. Elle est capable aussi de faire éprouver des sentiments et des émotions (de la peur par exemple ou bien du rire ou de l’étonnement). Une autre force à l’œuvre dans une histoire est la tension dramatique.
Le personnage n’est rien hors de son contexte
Les personnages à eux-seuls ne peuvent véhiculer de telles choses. Néanmoins, ils sont des horizons vers ces choses. Ils deviennent les véhicules d’une expérience par personnage interposé. C’est le concept qui détermine ces horizons. Et de ces horizons émergent le thème.
Qu’est la finalité du concept ? Il permet la question dramatique. Et cette question dramatique est l’accroche qui permet au lecteur de s’ancrer dans l’histoire et de percevoir la tension dramatique, le ou les thèmes développés, l’arc dramatique des personnages et en fin de compte, d’engager émotionnellement le lecteur dans l’histoire.
Seulement, cet aspect créatif du concept ne permet pas de l’exploiter totalement. Il permet de découvrir et d’exercer les forces dramatiques mais il serait trop limité s’il n’était secondé par un second aspect qui consiste à trouver la manière d’exposer le plus efficacement possible les forces dramatiques, c’est-à-dire la manière de raconter une histoire.
Il s’agit donc de la stratégie narrative. Un exemple de stratégie serait de raconter l’histoire à la première personne (à travers les yeux d’un personnage principal) et donc de conter son histoire au présent narratif. Un autre exemple serait de passer par un narrateur omniscient parce qu’il aurait déjà vécu l’histoire et la conte par conséquent au passé. Ces deux exemples sont des décisions conceptuelles.
Ce choix, cette décision d’une approche conceptuelle de conter l’histoire doit être fait tôt dans le processus de développement. C’est lorsque nous sommes encore dans la phase de recherche de notre histoire que cette décision doit être prise.
Une question de structure
La stratégie narrative de l’auteur a tout à voir avec la structure. Certes, on peut déceler un certain mécanisme à l’œuvre dans une structure mais cette dernière par les différentes étapes ou nœuds dramatiques qu’elle impose définit l’histoire dans son ensemble.
Ce double aspect, créatif et mécanique, du concept donne de la puissance à l’histoire et permet aussi d’en voir l’étendue entre la séquence d’ouverture et le dénouement.
Et plutôt que de se poser des questions comme Que pourrait faire mon héros dans cette situation ? Ou bien encore Comment puis-je renforcer la tension dramatique dans cette scène ?, nous devrions nous interroger sur l’aspect mécanique des choses : le point de vue adopté dans cette scène, le rythme de la scène, les dialogues… C’est-à-dire la manière dont nous devrions organiser ces forces dramatiques qui sont au cœur de toutes les fictions.