Qu’est-ce qu’une histoire ? Pour faire simple (et somme toute assez universel), une histoire doit avoir un héros (c’est-à-dire à la fois protagoniste – qui agit – et personnage principal – qui reçoit l’empathie du lecteur. Voir la théorie narrative Dramatica à ce sujet).
Ce héros a en charge la résolution du problème soulevé par l’histoire. L’auteur doit donc donner à ce personnage principal quelque chose à faire. Ce peut être un besoin, un défi, un but à atteindre, une quête.
Quel que soit le résultat souhaité par l’auteur (il peut vouloir combattre l’ignorance ou l’intolérance par exemple), il lui faut inventer des obstacles qui viendront perturber l’avancée du héros dans sa recherche d’une solution.
D’où vient alors la tension dramatique ? De la collision (que le lecteur ressent intuitivement) entre l’objectif du protagoniste et ces obstacles. Concrètement, c’est une situation conflictuelle. Le conflit est une force narrative en soi qui incite le lecteur à s’interroger sur l’issue dont on ne sait jamais de ce qu’elle sera faite. Même au moment du climax (l’ultime confrontation), l’auteur peut très bien souhaiter donner un point de vue négatif sur le monde.
Et cette question initiale en soulève implicitement une autre : Pourquoi le lecteur se sent-il concerné par ce qu’il arrive à ce personnage ?
La nature du conflit
L’essence d’une fiction est le conflit. Celui-ci est le fondement de toute histoire. Il règle les choix créatifs de l’auteur. Bien sûr, certaines scènes seront plutôt contemplatives (l’intérêt de la scène est dans les dialogues) ou bien de récapitulation afin de permettre au lecteur de faire le point sur certaines informations clefs de l’histoire.
Il faut dans toute la mesure des exigences de l’histoire que chaque scène serve à construire ou à exposer ou encore à manifester le conflit. La tension dramatique se nourrit du conflit qui est lui-même une force narrative. Le conflit est l’un des moteurs de l’histoire. Qu’il soit interne à un personnage ou bien marqué de manière subtile, il doit être présent (et d’une présence puissante).
Lorsqu’il s’agit d’un conflit intérieur, il en sera fait la démonstration par les attitudes, les comportements, les postures, les décisions et les choix du personnage en question. D’ailleurs, plus ce conflit sera intérieur et subtile, plus cette démonstration devra être effective et efficace.
Le moment de la tension dramatique
Dès que l’incident déclencheur est consommé, le conflit devrait s’insinuer dans l’histoire. Ce qui produira de la tension dramatique. Notez que cette tension peut se présenter à différents degrés. C’est le moment décrit qui en décide, c’est-à-dire le contexte ou la situation.
Avant l’incident déclencheur, lorsqu’on décrit la vie ordinaire du héros, la dynamique conflictuelle ne sera pas véritablement en place. Mais lors de cette mise en mouvement, il sera bon de pointer vers le conflit potentiel en fournissant au lecteur des indices qui laissent envisager de quelle nature sera ce conflit.
La mention du passé du héros peut servir aussi à indiquer qu’il y a un problème comme une cicatrice, une blessure qui peut expliquer son comportement actuel. On peut établir aussi les enjeux avant même l’incident déclencheur.
Les enjeux sont primordiaux parce qu’ils vont motiver le héros. Effectivement, avoir un but, chercher à donner du sens à sa vie est une préoccupation universelle. Les personnages de fiction n’en sont pas dépourvue.
Mais comment justifier une telle volonté d’atteindre à un but bien déterminé chez un personnage fictif ? En donnant au lecteur l’information sur ce qu’il risque dans cette histoire. L’enjeu est une question dramatique en soi : Est-ce que l’héroïne sera aimé de ce garçon qu’elle a d’abord rejeté ? Et qu’après avoir vécu quelques tribulations avec lui s’est découverte amoureuse de lui ?
Les enjeux sont le pourquoi de l’histoire. Pourquoi les personnages veulent-ils ce qu’ils veulent ? Et font-ils ce qu’ils font ?
Le gain ou la perte, les conséquences en cas de réussite ou de perte sont des forces narratives. Elles agiront sur le lecteur et si elles fonctionnent, l’histoire fonctionnera.
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