Lorsque l’inspiration jette son dévolu à l’improviste, beaucoup de choses se bousculent dans notre esprit. On peut imaginer des circonstances particulières, un trait dans la personnalité d’un personnage qu’on aimerait approfondir ou bien encore une image nous hante.
Même des lignes de dialogue qu’on imagine peuvent cacher en elles le cœur de l’histoire qu’on cherche à raconter.
Parmi toutes ces choses qui tourbillonnent, il en existe cependant une qui englobe toutes les autres. Et nous comprenons qu’elle est importante. C’est précisément le cœur de l’histoire.
De quoi est-elle faite ?
D’abord, elle peut être une situation intrigante comme dans Speed où une bombe menace d’exploser si le véhicule roule en-deçà d’une vitesse limite.
Ce peut être aussi un personnage qui possède un vrai potentiel en tant que protagoniste. Ou bien encore, dans ce fatras d’idées, il y en a une qui porte déjà en germe un thème que vous pourriez vouloir explorer comme la course au pouvoir par exemple.
Le plan fait ressortir le cœur de l’histoire
Ce n’est pas facile de rejeter toutes ces idées qui libèrent notre muse dans des élans lyriques pour se concentrer sur quelque chose à l’accès difficile. Mais le cœur de l’histoire est la ligne directrice même si apparemment, elle freine votre inspiration.
Notre inspiration crée de très nombreuses idées mais elles sont un peu comme les adventices qui couvrent la moindre once de terre nue. Certes, elles donnent un aperçu de ce que sera cette histoire mais lorsqu’elles surgissent emplissant notre esprit avec de nombreuses possibilités narratives, nous ne savons pas encore quelle sera l’histoire que nous essayons de raconter.
Pas encore, du moins, Tant que nous ne nous serons pas livrés à une exploration plus fine de ces idées. Faire le plan d’un projet, ce n’est pas définitif. Beaucoup de choses sont susceptibles de changer et elles changeront certainement au cours des recherches nécessaires sur votre sujet.
La seule chose cependant qui restera en place, l’épine dorsale de l’histoire, sera le cœur qui la fait pulser. Les autres idées devront mériter leur place pour être conservées dans le plan.
Parce que si vous les y forcez lorsque vous construisez le plan de votre histoire, vous finirez certes avec une fiction mais incohérente, inégale et qui en fin de compte ne plaira pas.
Prendre du recul
Lorsque vous aurez fini de planifier votre histoire, vous aurez une vue d’ensemble de votre projet.
Vous comprendrez alors quelles sont les idées qui devront rester (et peut-être revoir l’ordonnancement des événements) et parviendrez aussi à dépasser l’amour certainement immodéré que vous aviez pour d’autres (et il sera alors plus facile de les supprimer et de les oublier (en fin, pas totalement) ou bien de les réserver pour une prochaine histoire).
Le recul vous permettra d’évaluer avec davantage d’acuité les idées qui devront être incorporées pour que l’ensemble fasse sens et sans qu’aucune d’elles ne soient contraintes dans le plan parce que vous vous êtes amourachés de certaines d’entre elles.
D’ailleurs, ce sont les recherches sur le sujet que l’on souhaite traiter qui apporteront les bonnes idées, celles qui n’ont pas besoin d’être incorporées au pied de biche dans l’histoire. Notez néanmoins que certaines idées spontanées (presque instinctives) peuvent s’avérer tout à fait à leur place dans le plan.
Il faut aussi garder en tête que, comme le rappelle la théorie narrative Dramatica, une histoire est avant tout la résolution d’un problème. Cette résolution qui nourrit l’intrigue n’est pas le cœur de l’histoire. Elle est en quelque sorte le moyen de l’histoire. L’histoire se manifeste comme résolution d’un problème. Et de nombreuses idées qui ne sont pas le cœur de l’histoire appartiennent en fait à l’intrigue.
Et le plan décrit aussi l’intrigue. Donc, il ne faut pas rejeter toutes les idées sous prétexte qu’elles s’éloignent du cœur de l’histoire. Ces idées serviront à déployer l’intrigue, à lui accorder une succession d’événements dont la finalité consiste à résoudre un problème.
Un dénouement logique
Il arrive assez souvent que le plan fait ressortir des problèmes dans le troisième acte. Le dénouement est imparfait. Dans ce cas, il peut être bien de se remémorer toutes ces idées que nous avions eues et que nous n’avons pas forcément incluses.
Un brainstorming peut nous mener à une solution plus évidente. L’idée à retenir est que toutes les idées que nous avions eues lorsque nous pensions à notre histoire (dans un grand moment d’inspiration) n’appartiennent peut-être pas à l’histoire mais lorsque nous nous trouvons dans ces moments critiques où nous sommes bien prêts à abandonner notre projet, ces idées que nous avions rejetées, si nous les réexaminions, peut-être pourraient-elles nous conduire à d’autres idées auxquelles nous n’avions pas pensées.
Donc, ne pas hésiter à écarter des idées qui, si nous restons accrochés à elles, nous conduiront dans une impasse mais les conserver tout de même dans un recoin de notre esprit afin de les solliciter pour qu’elles nous ouvrent l’accès à d’autres idées (qu’elles avaient probablement obscurcies).
Le brainstorming permet de lister des possibilités narratives. Telles quelles, toutes ne fonctionneront pas. Mais en revenant vers elles pour trouver d’autres possibilités est aussi un moyen d’en trouver de plus viables pour l’histoire que nous sommes en train de raconter.
Pour résumé
Jetez sur le papier toutes vos idées. Ne vous épargnez pas cette peine, elle peut vous éviter le syndrome de la page blanche. Parmi toutes ces possibilités narratives, tentez de repérer le cœur de l’histoire : une situation, un personnage ou un thème.
Écartez toutes les autres idées pour ne conserver que ce cœur. Travaillez le plan de votre histoire selon la direction vers laquelle vous entraîne le cœur de celle-ci. Toutes les autres idées vous serviront alors comme une banque de données dans laquelle vous puiserez d’autres voies à explorer.
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