Pourquoi agit-on ? Et pourquoi disons-nous ce que nous disons ? parce que nous voulons quelque chose la plupart du temps. Même un conférencier monologuant cherche à convaincre son auditoire et souhaite lui apporter quelques lumières sur le problème en question.
Un protagoniste n’est pas différent de nous. S’il ne veut rien, s’il n’a aucun problème à résoudre ni de résultat à atteindre, il est inexistant.
Même un silence peut être significatif. S’il est suffisamment dramatique.
Jusque dans la scène, si vous donnez un but, une intention à un personnage et que cet objectif singulier appelle une réponse, une action extérieure, cette action fait avancer l’histoire.
De la matière à écrire
Cette action et sa conséquence vous donne de la matière à écrire. Le principe est relativement simple. Vous donnez à votre protagoniste quelque chose qu’il veut parce que c’est précisément cette volonté qui incite le personnage à agir.
Et cette façon de faire est valable pour tous les personnages. Dans une fiction dramatique, il est donc important de savoir ce que veulent les personnages. Un avocat par exemple voudra remporter le procès et la partie adverse aussi. Un enquêteur voudra résoudre l’énigme et ce garçon amoureux voudra conquérir le cœur de la demoiselle.
Vouloir est d’abord un désir. Maintenant, il faut le concrétiser. La volonté seule n’est pas suffisante si elle ne devient pas réalité. Pour qu’il y ait réalité, il faut qu’il y ait un effort qui tente de traduire notre désir en quelque chose de réel. On peut vaincre ou échouer.
Ce qui compte cependant est de faire quelque chose pour obtenir ce que l’on veut.
Avoir un but, c’est posséder un élan. Et celui-ci donne quelque chose à écrire. Avoir un désir est une chose mais former un but et le poursuivre, voilà qui est bien dramatique. Même soulever un sourcil peut être matière dramatique s’il y a une intention (peut-être cachée) derrière ce geste.
La première décision
Définir un but pour le protagoniste est la première d’une série de décisions que devra faire l’auteur. L’effort du héros dans la poursuite de son objectif modifie au fur et à mesure la situation et cela crée des problèmes nouveaux.
Chaque nouveau problème est une difficulté à résoudre (qu’elle se termine bien ou non, d’ailleurs) et ainsi une intrigue se forme.
Le but du protagoniste ne doit pas être un idéal. La quête du bonheur par exemple est un idéal. Mais ce n’est pas assez spécifique pour former une histoire. Tout le monde souhaite être heureux ou bien riche ou bien seulement être aimé. Cela ne porte pas en soi d’aspect dramatique.
Un objectif dramatique est foncièrement quelque chose de concret. Le lecteur doit assister à l’effort pour le voir se produire. Le protagoniste se fixe un point d’arrivée et le lecteur doit le voir le franchir.
Trouver l’amour par exemple se traduira dans le scénario par l’objectif de se faire aimer de ce garçon ou de cette fille. Et le lecteur assiste aux efforts du protagoniste pour convaincre l’autre de l’aimer.
Nous le voyons faire des choses intéressantes pour gagner le cœur de cet être désiré. Et le désir sous-jacent est la raison qui permet de formuler un objectif concret.
Le dénouement passe par la réalisation ou non de l’objectif
Définir un objectif, cela consiste à lui donner un début, un milieu et une fin. Après avoir clairement été défini au plus tard à la fin de l’acte Un, à la fin de l’acte Trois, le lecteur sait que l’histoire est finie.
L’objectif est atteint ou non. La jeune fille convoitée par le protagoniste par exemple a dit oui ou non.
Ce résultat met un terme à l’histoire puisqu’après, il n’y a plus d’objectif.
Maintenant, pourquoi le lecteur se préoccuperait de savoir si atteindre ou non le but que s’est fixé le protagoniste lui importe ou pas ? Pour créer ce lien empathique, il est nécessaire qu’il y ait un enjeu.
La question devient : qu’a à perdre le protagoniste s’il échoue ? ou bien qu’a t’il à gagner s’il parvient à ses fins ?
Un enjeu peut être petit et personnel. On dit souvent que cet enjeu devrait devenir de plus en plus urgent au fur et à mesure que l’intrigue se déploie. Cela aide à ferrer davantage le lecteur. Mais ce n’est nullement obligatoire.
L’enjeu peut être défini clairement et distinctement simultanément à l’objectif car si, par ailleurs, l’auteur est parvenu à créer un lien empathique suffisamment fort avec le protagoniste, le couple Objectif/Enjeu peut fonctionner.