Voici quelques affirmations sur le scénario. Comme toutes les affirmations, elles sont hautement critiquables (pour ceux qui osent se le permettre).
Vous pouvez les appliquer dans votre propre approche de l’art scénaristique.
L’importance de l’intrigue
Lorsqu’on se lance dans l’écriture d’un scénario et que l’on ait fait les recherches (indispensables) concernant son sujet, il peut en résulter que nous nous consacrions essentiellement au thème.
C’est-à-dire le sujet de l’histoire, ce dont elle parle.
Le thème est important, bien sûr. Mais ce qui importe le plus au lecteur, c’est l’espace de l’intrigue (l’acte Deux). Dans l’écriture dramatique en général (et le scénario en particulier), l’intrigue devrait être privilégiée. Aristote l’avait déjà pressenti.
Vous trouverez de nombreux articles sur les différentes formes d’intrigue sur Scenar Mag. Il n’y a aucune règle particulière à suivre dans l’élaboration d’une intrigue (surtout pas de formalisme). Nos articles ne sont que des pistes de réflexion dont nous vous conjurons d’en tirer le meilleur parti pour votre projet singulier.
S’interroger sur l’intrigue
Si vous avez lu ces articles :
- LE PRINCIPE DIRECTEUR DE VOTRE HISTOIRE
- UNE APPROCHE ORIENTEE PERSONNAGE
- SAVOIR UTILISER LA STRUCTURE
- L’INTRIGUE SELON FORSTER
- LA PYRAMIDE DE FREYTAG OU LA STRUCTURE EN 5 ACTES
vous avez certainement constaté que les termes différents recouvrent en fait de nombreux points communs et cependant quelques différences.
Ce que je vous conseille, ce n’est pas de vous plier à un modèle d’intrigue mais de réfléchir à celle qui vous permettra au mieux de concrétiser votre projet de scénario.
L’écriture visuelle
C’est une expression qui peut prêter à confusion. Un scénario est constitué de didascalies et de dialogues. Les didascalies racontent l’histoire. Elles décrivent l’action. L’erreur que peut faire un scénariste est de se lancer dans des descriptions des lieux qui deviennent rapidement ennuyeuses pour le lecteur.
La plupart des scènes sont fondées sur un conflit (résolu ou pas à la fin de la scène). Ce conflit est dramatique. Il est l’essence de l’œuvre dramatique. Ecrire une scène consiste à plaquer dans les didascalies ce qui est nécessaire à la scène. Rien de plus.
Il faut être concis surtout dans les descriptions. Il faut suggérer plutôt que prescrire. Ainsi vous laissez à d’autres corps de métier (un scénario est d’abord un outil de création) l’espace créatif dont ils ont besoin pour s’exprimer.
Montrer les choses
Un scénario montre les choses simplement parce qu’on ne peut pas pénétrer dans la tête des personnages comme le permet le roman. il faut traduire à l’image ce qui se passe à l’intérieur d’eux. Leurs attitudes, leurs comportements, leurs façons de se vêtir et ce qu’ils disent, l’environnement sonore… Tout cela cherche à communiquer les pensées et les processus de pensée des personnages.
Un bagage scénaristique
Aimer le cinéma est une chose. Aimer lire des scénarios est bien aussi. Mais cet amour n’est nullement nécessaire si l’envie vous prend d’écrire un scénario.
Un scénario est un film en puissance. Vous suggérez des images et une première mise en scène. Mais la construction de ces images et le langage cinématographique ne sont pas forcément requis dans ce que vous allez écrire.
Vous allez utiliser des mots. Ils seront fortement soumis à l’interprétation. Suggérez et laissez faire les choses par d’autres créateurs qui utiliseront leurs propres moyens d’expression.
Un talent pour écrire
Ce n’est pas non plus nécessaire. Chacun d’entre nous peut écrire un scénario. Le talent est certainement plus prononcé chez certains que chez d’autres mais cela ne doit surtout pas vous priver d’une expérience extraordinaire.
Et puis l’on dit souvent qu’écrire est une forme de catharsis. Le rêve ou l’idéal serait que le scénario devienne un film (c’est sa destination, après tout).
Mais si cela ne se fait pas ou si aucun de vos projets de scénario ne seront jamais projetés sur un grand ou un petit écran ne doit pas vous interdire de les écrire. Et puis le génie s’acquiert. Il n’est pas inné.
Avoir quelque chose à dire
On a tous un point de vue singulier et privilégié sur la vie. Cela suffit pour écrire. Ne vous convainquez pas que vous n’avez rien à dire. C’est un mensonge que vous vous faites à vous-mêmes.
Beaucoup d’auteurs d’ailleurs ne savent pas ce qu’ils ont à dire tant qu’ils ne l’ont pas dit.
Inventez une histoire engageante n’est pas si difficile tant que vous êtes authentiques. Votre vérité se trouve au bout de votre stylo comme l’avait remarqué Norman Mailer. Si vous savez trouver votre voix (et écrire encore et encore peut vous y aider même si vous ne publiez jamais rien), vous serez authentiques et cela peut suffire pour vous faire rencontrer la réussite (à ne pas confondre avec la notoriété).
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Une idée originale
Si vous ne cessez d’ajourner votre projet de scénario parce que vous estimez que votre idée n’est pas suffisamment originale, détrompez-vous !
Toutes les situations humaines possibles ont déjà fait l’objet d’un traitement dramatique. Un garçon rencontre une fille pourrait vous sembler tellement rabattu comme sujet que vous pourriez désespérer d’y donner un angle suffisamment nouveau pour intéresser un lecteur. C’est simplement une excuse pour ne pas se mettre à écrire.
Ne cherchez pas à être original mais seulement honnête et courageux. L’originalité trouvera son chemin toute seule dans votre écriture. Considérez seulement la réalité socio-historique, votre contexte par exemple. Votre point de vue particulier sur cette rencontre entre un garçon et une fille sera originale.
Briser les règles
Si nous partons sur le principe de refaire le monde avec notre scénario, cela revient à dénier l’apport dramatique des auteurs qui nous ont précédés. Pourquoi tout réinventer ? alors que la voie à suivre nous est déjà tracée ?
Il faut apprendre les techniques narratives qui ont par ailleurs largement été éprouvées et que de nombreux scénaristes utilisent encore de nos jours avec succès. Il faut apprendre les règles avant de les briser. Scenar Mag offre suffisamment d’articles en particulier sur les différentes structures pour vous permettre d’écrire votre scénario de façon pertinente et cohérente.
Ainsi, vous finirez toujours par trouver votre voix à travers vos différents projets.
Et l’inspiration ?
L’inspiration est un concept. Concrètement et pratiquement, cela n’a aucune réalité. La seule réalité de ce concept de muse est comment un auteur invente une solution pour le problème immédiat qu’il cherche à résoudre.
Et s’il n’y parvient pas, une nouvelle expression tout aussi vide de sens surgit : le blocage. il faut prendre ce manque d’inspiration comme de la procrastination. Ce peut être un manque de temps ou bien que vous consacriez le temps de l’écriture à d’autres activités qui vous paraissent plus urgentes.
Ce peut être aussi simplement que votre vie est organisée de telle façon qu’elle ne vous permet pas de consacrer plus de temps à l’écriture.
Pourquoi procrastination et non pas ce qu’on nomme habituellement le blocage de l’auteur ? Le problème est qu’on ne sait pas quoi écrire ensuite. Mais pourquoi ? simplement parce que l’on n’a pas su planifier convenablement son histoire.
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