Lorsque nous comprenons que notre véritable ennemi est nous-mêmes, nous voyons les choses sous un autre angle. Il est difficile d’écrire. Il nous est difficile de trouver le mot juste pour communiquer la pensée que nous avons en tête.
Mais la plupart des problèmes auxquels nous devons faire face sont générés par nous-mêmes. Et la plupart du temps, la source de ces problèmes est nos propres peurs.
En tant qu’auteur, il peut être malaisé de reconnaître qu’effectivement, le problème vient de nous. Force est de constater que dans la plupart des cas, ces peurs que nous ne saisissons pas sont non seulement cachées des autres mais de nous-mêmes aussi.
Des peurs qui nous rendent incapables
d’écrire autant ou comme nous le voudrions. La réponse passe par l’effort d’admettre nos peurs. C’est le moyen le plus évident pour les surmonter.
La peur du rejet
C’est probablement la peur la plus commune. Elle est certainement liée à notre nature humaine toute emplie de doutes et d’incertitudes. Lorsqu’on sabote ce qu’on avait pourtant commencé avec autant d’enthousiasme, c’est probablement la peur du rejet de notre personne ou de ce que nous créons.
Se voir opposer un refus est une forme d’humiliation. C’est surtout dans l’enfance et l’adolescence que nous apprenons à nous conformer, désespéré certes de ne pas sortir du lot mais du moins, ne souffrant pas du rejet que notre esprit ou notre imagination pourraient nous faire encourir.
Et pourtant pour percer (que ce soit dans l’écriture ou n’importe quel domaine de la vie), il faut faire quelque chose de différent de la moyenne. Et il y aussi quelque chose de vital à comprendre : on ne peut éviter le rejet. Il faut donc faire avec.
Attendez-vous à vous voir refuser votre projet MAIS ne le prenez pas personnellement. Son dard sera ainsi moins douloureux.
Et sachez que les personnes qui jugent votre projet et qui vous opposent un refus ne détiennent pas la vérité suprême. Elles sont faillibles. Que vous tentiez ou non d’analyser leurs raisons, de comprendre leurs opinions ou leurs préjugés ne changent rien à l’affaire : ce sont tout comme vous des personnes faillibles.
Développer une résistance
Lorsqu’on débute dans l’art d’écrire, il faut parallèlement développer une volonté (l’intention ne suffit pas si elle n’est pas accompagnée par la volonté), la persévérance (il faut croire en son écriture), la détermination et une certaine forme d’insensibilité aux critiques destructives.
Attention cependant à ne pas devenir quelqu’un de totalement fermé au monde. Parce que vous perdriez cette part de vous qui vous permet d’écrire des scénarios (ou toute autre forme d’expression) pertinents, émotionnels et qui toucheront le cœur et l’esprit d’un lecteur.
Pour développer cette forme de résistance qui nous permet de continuer, lorsque nous avons fini un projet, il ne faut nullement en attendre une récompense immédiate. Au contraire, il faut se lancer immédiatement dans un nouveau projet.
Si votre scénario ne devient pas le film qu’il est censé contenir, vous devrez vous dire que le projet sur lequel vous travaillez maintenant le deviendra.
Vous devez être toujours positif sur ce que vous faîtes actuellement même si ce que vous avez écrit précédemment accumule les refus. Ecrire n’est pas une chose facile et les échecs peuvent paraître nombreux. Mais ces échecs consécutifs ne doivent pas entamer d’une once votre volonté d’écrire.
Il n’y rien de plus terrible que de baser tous ces espoirs dans l’attente de la réussite d’un seul projet.
La peur d’être médiocre
Cette peur oblitère l’envie d’écrire. Pourquoi écrire quelque chose qui sera de toutes façons mauvais ? S’interroger sur son possible talent ne mène nulle part… tant que l’on n’a pas essayé d’écrire quelque chose.
Ce qu’on écrit s’inscrit dans notre présent. Nous écrivons dans un contexte singulier. Peut-être qu’il n’y aura aucune postérité à notre œuvre mais peut-être pourrons-nous marquer notre temps. Et notre écriture n’a pas à être rare pour qu’elle touche ses lecteurs.
Harry Potter a réconcilié les enfants avec l’envie de lire. N’est-ce pas la plus jolie des récompenses ?
Il suffit d’écrire sur des choses que les gens peuvent reconnaître en eux. Il arrive souvent que dans le cours d’un projet, on réalise (à tort) que ce que l’on a écrit ne correspond pas à la vision (ou à l’intention) que nous avions. Peut-être qu’une autre idée a survenu et vous brûler de l’explorer.
Alors on met de côté le projet actuel et on se lance dans une nouvelle écriture persuadé que cette fois nous ne nous sentirons pas frustré par ce que l’on a écrit.
Le souci avec cette façon de faire est qu’il y a de très fortes chances que la frustration se répète. Et en fin de compte, vous abandonnerez toute envie d’écrire.
La réécriture est la solution
Ne plongez pas dans l’amertume si le premier jet de votre scénario ne correspond pas à l’idéal que vous aviez envisagé en le commençant. Lorsqu’il aura été réécrit et poli, si un regard extérieur vous a permis de comprendre des choses (je le pratique bénévolement si vous êtes intéressé), votre scénario aura grandi.
N’évaluez votre scénario qu’à la lumière des réécritures (et elles peuvent être nombreuses, ce n’est pas un problème). Et puis vous n’êtes pas le seul à éprouver que l’œuvre que vous avez créée ne s’harmonise pas avec l’idéal que vous aviez rêvé. C’est même très rare que cela arrive.
On se dit toujours que l’on aurait pu écrire autrement ce qu’on a à dire. Cela fait partie du processus de création de ne jamais être satisfait. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour s’auto-flageller d’un échec supposé.
Rien ne condamne un scénario à ne pas être divertissant, inspirant ou simplement capable d’illuminer la vie d’un lecteur. Essayez de calmer la voie intérieure qui ne cesse de critiquer votre création.
La peur du succès
On a autant peur d’échouer que de réussir. C’est probablement notre résistance au changement qui nous fait craindre le succès. Parce que le succès et la notoriété sont effectivement un grand changement dans la vie de quelqu’un.
Si c’est vraiment cela qui vous inquiète, dites-vous qu’en tant qu’auteur, vous aurez une vie publique bien plus discrète que dans n’importe quelle autre activité.
La peur de trop en dire
Cette peur nous prend lorsque nous réalisons que le scénario que nous sommes en train d’écrire en révèle beaucoup plus sur nous que nous n’en avions l’intention. Ce n’est pas d’une autobiographie dont il s’agit mais plutôt de l’étalage de nos peurs, de nos hontes et de nos aspirations.
D’abord, il faut savoir que lorsque des sentiments aussi profonds s’exhalent de notre écriture, il est fort probable que cela fera vibrer une corde chez le lecteur. Parce que si l’on ne s’ouvre pas, nos mots seront sans signification. Et puis il y a une sorte de catharsis pour l’auteur qui livre ainsi ses peurs et ses passions dans une histoire qui reflète comment il aurait aimé que les choses se passent plutôt que comme elles se sont passées.
Et puis rassurez-vous. Le lecteur ne devinera pas ce qu’il y a de très personnel dans l’histoire qu’il lit. La seule chose qui lui importe, c’est le personnage auquel il a donné son empathie. L’expérience personnelle de l’auteur dans ce personnage est transparente. Elle ne le recouvre pas d’une opacité qui vous trahirait.
Ne vous préoccupez pas non plus si vous vous inspirez de vos proches et connaissances dans l’élaboration de vos personnages. A moins qu’ils ne soient nommément indiqués, il est illogique de penser que vos proches pourraient se reconnaître dans le portrait de vos personnages et en prendre ombrage.
Laissez votre histoire vous guider. Ecrire, c’est communiquer des sentiments qu’elle exige. Et laissez les personnages devenir vivants et expérimenter des choses que vous avez vécu ou auriez aimé vivre. Et ne vous souciez pas trop si après coup, on vous interroge sur l’origine qui vous a inspiré vos personnages.
Merci