ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (7)

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Maintenant que vous avez une fin et un début pour votre scénario, il y a entre ces deux points fondamentaux un espace vacant qu’il va falloir remplir.
Pour nous aider en cette tâche, il existe une structure depuis longtemps éprouvée et qui fonctionne plutôt bien surtout lorsqu’on se lance dans l’art scénaristique.

La structure en trois actes est donc composée d’un début, d’un milieu et d’une fin. Cette définition est néanmoins un peu insuffisante car elle ne permet pas vraiment d’envisager la construction d’un récit de manière pratique.
Cette structure n’est pas seulement utile à l’auteur. Elle est aussi quelque chose auquel le lecteur est habitué. Indubitablement, ce n’est pas une règle d’or. Chaque auteur est libre d’expérimenter ou de se servir d’autres formes pour conter son histoire.

Il s’avère seulement que la structure en trois actes est si réputée qu’elle en devient en quelque sorte facile.

Comment concevoir une structure en trois actes ?

L’acte Un est l’exposition. C’est-à-dire que l’on introduit dans le scénario quelqu’un ou quelque chose (représenté par quelqu’un) qui veut quelque chose.
En somme, l’acte Un est l’apologie de la volonté et du libre-arbitre.

L’acte Deux sera la démonstration de la détermination de ce quelqu’un à chercher à obtenir ce qu’il veut. Ce ne sera pas facile. Et l’acte Trois consiste pour l’auteur à dire si ce quelqu’un a obtenu ou non ce qu’il voulait.

L’acte Un

Il consiste à mettre en place votre histoire. Vous présentez un personnage dans une certaine situation qui décrit le quotidien de ce héros. Puis un événement viendra bouleverser le statut quo de la vie de ce personnage.
Après quelques hésitations, le héros décidera alors de quitter ce monde ordinaire (qui en fait ne lui convient pas vraiment) pour s’en aller vivre une aventure.

L’acte Deux

L’acte Deux est l’aventure, c’est-à-dire l’espace de l’intrigue. Tous les personnages de l’histoire tentent d’obtenir ce qu’ils veulent. Il n’y a pas que le héros.
Même son antagonisme cherche à obtenir quelque chose. Il s’avère que ce quelque chose que veulent les personnages les oppose les uns aux autres. Soit parce que leurs volontés sont contradictoires, soit parce que leurs buts s’entrechoquent.

L’acte Deux est donc tout empli de conflits. Et après de nombreux rebondissements, le protagoniste parvient enfin à comprendre comment il peut résoudre son problème.

L’acte Trois

Puisqu’il est parvenu à concevoir ou à entrevoir une solution possible, il lui faut la mettre en œuvre afin que la résolution de l’histoire puisse avoir lieu.
C’est le moment de la confrontation finale. L’ultime débat est celui entre le protagoniste et l’antagoniste dont la conclusion mène au dénouement.

Quelle durée pour chacun de ces actes ?

L’acte Deux est le plus long. C’est souvent à cause de cela qu’il est si difficile à écrire.
On peut concevoir à la suite de Syd Field que le premier acte et le troisième acte représentent chacun 25 % du scénario (et donc que l’intrigue s’étale sur 50 %).

Une autre distribution de la durée est aussi possible et souvent employée :
Acte  Un : 40 %
Acte Deux : 40%
Et l’Acte Trois : 20 %
Ainsi, la peinture des personnages est davantage mise en avant sans que l’intrigue ne souffre aucunement de ce focus particulier sur eux. Vous constaterez d’ailleurs que les relations entre les personnages sont tout de même ce qui fascinent le plus dans une histoire (probablement davantage qu’une course-poursuite).

L’importance de l’acte Deux n’est pas à négliger dans la réception du dénouement par le lecteur. Sa fonction notamment est de rendre le lecteur anxieux (ou du moins impatient) de savoir comment les choses vont se terminer. Et il faut du temps pour faire entrer le lecteur dans cet état d’anxiété.

C’est comme si l’auteur joue avec l’angoisse de son lecteur. Il la provoque et le lecteur cherche à se soulager. C’est là que la résolution de l’histoire vient lui apporter un apaisement.
Attention alors à ne pas le frustrer.

L’aventure de l’acte Deux

Le second acte est véritablement le lieu de l’aventure (quel que soit le genre). Ce mot d’aventure ne signifie pas non plus que votre héros va s’embarquer dans un tour du monde sur un radeau.
On parle d’aventure parce que l’intrigue va le forcer à pénétrer un monde dont il ne connaît pas ou ne connaît plus les règles.

En quittant son monde ordinaire, le personnage principal se met en péril quel que soit la nature de ce péril. Ce peut être un professeur des écoles qui décide de ne plus suivre les recommandations du ministère parce qu’il les juge incompatibles avec la réalité du terrain.
En se mettant en porte-à-faux avec sa tutelle, il s’engage dans une aventure parce qu’il ne peut savoir encore les conséquences de cette décision.

Et bien sûr qu’il rencontrera de nombreuses oppositions dans sa démarche. Mais comme il est persuadé d’être dans le vrai, il sera déterminé à faire valoir son point de vue (malgré les risques pour sa carrière que cela suppose).

Quand on prend un risque, il y a un enjeu. Le héros dans la poursuite de son objectif a donc toujours quelque chose à perdre. Dans Piège de cristal par exemple, ce n’est pas parce qu’il est dans la nature de John McClane d’être un flic qu’il décide de tenter de libérer les otages (bien qu’il ne soit pas dans sa juridiction).
Ce qui le pousse véritablement à agir, c’est que parmi les otages se trouve sa femme. Voilà son enjeu !

Notez aussi que le passage d’un acte à l’autre est souvent marqué par un événement qui oriente l’histoire dans une toute  nouvelle direction. Le passage dans l’acte Deux est par exemple souligné par la décision de s’engager dans l’aventure.
Dans Le Verdict, Frank décide de poursuivre l’institution lorsqu’il est face à cette jeune femme dans le coma. Alors que tout était prêt pour un compromis (s’il l’avait accepté il n’y aurait d’ailleurs pas eu d’histoire), il décide de prendre un risque. Ce sera aussi pour lui un acte de rédemption.

Et quant à l’acte Trois, soit il débute avant le climax (l’ultime confrontation) après que le héros ait connu une grave crise de doute. Soit le climax fait partie de l’acte Trois et est suivi du dénouement.

Prochain article :
ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (8)

 

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