Une intrigue qui se fonde sur une évasion appelle naturellement des éléments de poursuite et parfois même de sauvetage. C’est une intrigue essentiellement physique (il y a donc de l’action).
On retrouve dans ce type d’intrigue des événements liés à une capture d’abord puis à l’évasion ensuite.
D’une manière ou d’une autre, le héros cherche toujours à s’évader d’un enfermement quelconque. Que celui-ci soit matérialisé par de hauts murs ou bien à l’air libre mais sous le regard d’hommes armés, il est nécessaire que les mouvements du héros soient limités pour qu’il envisage une évasion.
Cette évasion ne concerne pas les intrigues où un personnage est prisonnier de ses propres démons (une addiction, une phobie, une dépendance…).
Vous pouvez la mettre en parallèle de l’intrigue qui décrit une évasion. Comme ce combat personnel du protagoniste contre lui-même est de vaincre ses propres faiblesses afin de s’ouvrir vers l’extérieur pour trouver la clef s’il veut espérer réussir son évasion, littérale celle-ci.
Contre sa volonté
L’intrigue est relativement simple : le protagoniste est confiné contre son gré et veut s’échapper.
Quelques exemples : Le prisonnier de Zenda, Midnight Express, L’invasion des profanateurs de sépultures ou encore La grande évasion.
Une évasion n’est pas un sauvetage. Ce dernier implique qu’il y a une victime et quelqu’un (classiquement le héros) qui vient la secourir. Dans l’intrigue d’une évasion, c’est la victime elle-même qui se porte secours. C’est la victime qui est le héros ou l’héroïne de l’histoire.
Il est simplissime (trop simplissime) de créer un argument moral qui serait le bien contre le mal. Il faut aller plus loin. Tout ne peut être bien et le mal s’accommode aussi en chacun de nous. Le héros n’a pas nécessairement à être injustement prisonnier.
Il peut mériter sa situation et il peut aussi connaître une rédemption.
Il peut être intéressant de voir dans l’évasion une lutte de deux volontés. Ce serait un combat entre deux personnalités fortes : celui qui est détenu et celui qui détient. Et celui qui détient peut être une entité comme dans Midnight Express.
Une structure en trois phases
La première phase consiste en l’emprisonnement du personnage principal. Qu’il y ait eu crime ou non (que le protagoniste soit innocent ou coupable) importe peu. Dans Midnight Express, la punition (d’abord les quatre ans et deux mois puis la peine commuée en trente années pour faire un exemple) est disproportionnée en regard du crime commis.
Cela facilite l’identification avec Billy Hayes parce que le lecteur est indigné du traitement infligé. Et Billy devient comme un être humain dans un enfer d’une bestialité inouïe.
Conflit et tension dramatique sont comme naturels dans une intrigue qui se concentre sur une évasion. D’autant plus si vous ajoutez une demande de rançon.
La seconde phase illustre le quotidien de l’enfermement et la prise de conscience progressive de fuir cette réalité immédiate. Bien sûr, il est possible de mettre en place une tentative d’évasion au cours de la première phase. Cela est même conseillé. Dans ce cas, elle doit échouer.
Soit le protagoniste est dénoncé ou bien s’il réussit à s’évader, cela ne dure pas. Il sera capturé de nouveau.
La question dramatique d’une telle intrigue est simple : le héros réussira-t-il à s’évader ? Et la troisième phase apporte alors la réponse. Bien sûr, dans la plupart des cas, le lecteur connaît la réponse.
Parce que c’est une question de morale. On ne s’attend pas à ce que le mal (donc l’antagonisme) prévaut dans une telle histoire parce que ce serait vraiment trop frustrant. Le triomphe du bien contre le mal est inscrit dans les gênes du genre.
Une intrigue optimiste
Ainsi, la troisième phase est l’évasion elle-même. Gardez à l’esprit qu’il faudra ajouter des rebondissements car bien qu’il soit clair dans l’esprit de l’auteur que l’on parvient toujours à se libérer de l’enfer, ce ne sera pas facile.
Pendant les deux premières phases, la situation a été fermement contrôlée par la force antagoniste. Mais soudain la situation devient plus fluide.
Soit le héros parvient à retourner la situation en sa faveur parce qu’il en est maintenant capable soit l’auteur préfère ajouter un peu de gratuité dans les événements (un peu comme si le hasard créait des circonstances favorables dont le héros pourraient alors se servir).
Le héros qui était clairement désavantagé jusqu’à maintenant reprend la main. Et s’il y a un point moral qui doit être distillé, c’est ce moment que choisit généralement l’auteur.
La troisième phase est habituellement celle qui contient le plus d’action. En effet, la seconde phase était la préparation de l’évasion. Maintenant, c’est la réalisation de l’évasion qui est illustrée.
D’ailleurs, les plans ne se déroulent pas exactement de la façon dont ils étaient prévus. Et c’est cela qui importe. Le lecteur doit être surpris par le dénouement.
Dans La rivière du hibou de Robert Enrico pour La quatrième dimension, Peyton Farquhar retrouve sa femme qui l’attend. Mais le dénouement nous montre Farquhar se balançant au bout d’une corde le cou brisé. L’évasion a réussi cependant. Car c’est dans l’esprit de Farquhar qu’elle a eu lieu.
Immatérielle ou non, la vie ou la mort ne comptent plus.
Dans un autre registre, celui de la comédie, nous avons Un chenapan au Far-West adapté d’une nouvelle de O. Henry. Le concept d’un garçon de 9 ans qui rend fou ces kidnappeurs et dont le père accepte de reprendre le gamin à condition que les kidnappeurs lui versent une somme d’argent…
Ce qu’ils font pour pouvoir enfin se libérer de l’enfant.
Rien ne doit se produire comme cela a été planifié. Il y a toujours quelque chose qui tourne mal. Et c’est pour cela que le lecteur apprécie tant ce genre d’intrigue.
Les différents points à retenir
- Le concept d’évasion est littéral. Votre héros est emprisonné (ou confiné, sa liberté de mouvement est restreinte) contre sa volonté. Cet enfermement est parfois justifié et d’autres fois, injuste.
Le personnage principal cherche à s’évader, voilà ce qui constitue l’essence d’une telle intrigue. - L’argument moral planant au-dessus de l’intrigue est souvent en fin de compte une question de bien contre le mal.
- Le personnage principal est la victime. Dans le cas d’un sauvetage, le héros doit sauver la victime. Mais dans le cas d’une évasion, c’est lui qui doit s’évader.
- Il est nécessaire aussi que l’antagonisme ait le contrôle des deux premières phases de l’intrigue lors de la description d’une évasion. Le héros reprend le contrôle au cours de la troisième et ultime phase.
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