Dans notre tentative de combiner le thriller à la comédie, nous nous sommes aperçus que nous devions privilégier le suspense et de ménager des espaces dans les creux de tension dramatique afin d’y insérer des éléments de comédie.
Notre axe de pensée est donc orienté vers le thriller. Et nous suivons d’abord les conventions de ce genre. Notre intention est de ne pas dans le même mouvement négliger pour autant ce qui fait l’essence de la comédie.
Pour établir le suspense, il nous faut respecter certaines conditions que nous avons déjà passées en revue dans les articles précédents.
Une de ces conditions est de limiter les mouvements du protagoniste que nous avons résumé par la mise en place d’un univers borné. C’est-à-dire des limites que le héros ne peut franchir et dont il essaie cependant de se désaliéner.
Un monde limité
Recherché par les autorités après le coup contre le laboratoire de OGM et poursuivi par les hommes de main de l’industriel qui veulent le faire définitivement taire, notre héros se sent bien seul et acculé.
C’est ainsi que l’intrigue débute.
Je prévois aussi qu’au point médian de l’histoire, le héros et sa petite amie seront enfermés dans l’usine qui n’est pas encore en service. Ils pourraient se trouver près d’une unité qui émet des radiations par exemple. Ils ne sont pas pieds et poings liés mais totalement enfermés avec apparemment aucun moyen de fuir.
L’idée générale consiste à situer la scène dans une situation où le protagoniste se trouve confiné dans un espace clôt. Un peu comme une grande sphère qui se remplit d’eau. La menace augmente et il n’y a apparemment aucune issue de secours. Pour que le suspense soit efficace, il faut que les personnages se sentent piégés.
Dans cet espace réduit, le personnage va devoir affronter sa plus grande peur. S’il ne parvient pas à la surmonter, il mourra. Nous avons évoqué précédemment l’amour que notre héros et sa petite amie en devenir se découvrent au cours de l’intrigue.
Cet amour doit enfin permettre à notre héros de justifier son existence dans le monde. Jusqu’à présent, il était un être solitaire et il n’était pas heureux.
Ce qu’il craint le plus est la solitude. A chaque fois qu’il se retrouve confiné par les circonstances, c’est cette peur de la solitude qui doit surgir. Et lorsque sa petite amie est menacée de mort, il est d’autant plus motivé à la sauver car il se sauve lui-même. A propos de rédemption, on peut tenter d’expliquer que la petite amie se retourne en fin de compte contre le méchant de l’histoire alors que tout indiquait qu’elle en était une alliée. Ce sont des pistes à travailler et qui sont, me semble-t-il, génératrices de suspense.
Dans un thriller, il est important de créer des scènes qui vont picoter le lecteur. C’est concrètement le résultat de l’identification au héros. Un autre moment important qui doit profiter du resserrement de l’espace scénique est le climax.
Le héros et l’antagoniste sont face à face pour un ultime combat. Que l’espace soit délimité comme sur un ring ou bien que les personnages se retrouvent le long de la flèche d’une grue, ce qui est important est de réduire leurs libertés de mouvement.
On peut même penser qu’en essayant de défaire son antagonisme, le personnage principal lutte contre lui-même.
La distorsion temporelle et le thriller
Le thriller sait jouer de la durée pour établir le suspense. Dans le développement du pitch, la mise en service de l’usine est planifiée avant le début de l’histoire. Généralement, les plans de l’antagoniste ne commencent pas lors de la rencontre avec le protagoniste. C’est quelque chose qui existe déjà.
Par contre, lorsque notre héros découvre par hasard des secrets et que la divulgation de ceux-ci au public risque de compromettre l’ouverture de l’usine, une certaine urgence se fait jour et l’antagoniste se voit contraint d’accélérer son grand plan.
Il faudra d’ailleurs réserver quelques scènes à l’explication des motivations de cet antagoniste en rapport avec l’usine.
Au point médian, lorsque notre héros et sa petite amie seront enfermés dans l’usine, il sera bon de doubler le confinement des lieux décrits avec un compte à rebours quelconque afin de renforcer l’effet de suspense.
De même, j’ai prévu une scène où le méchant se sert de la petite amie pour contraindre le héros à revenir sur sa décision. Après avoir échappé de justesse à une mort apparemment certaine au point médian et avant le climax, on peut en effet envisager que l’antagoniste a trouvé un autre moyen de faire pression sur le héros en s’en prenant seulement à sa petite amie.
Là aussi, il sera bon de compresser la durée afin que le héros agisse dans l’urgence. Et symboliquement, toutes ces durées qui se resserrent autour du héros répondent à l’imminence de la mise en service de l’usine qui pourrait s’avérer fatale pour la planète.
Et tout comme pour le point médian de l’histoire, il sera bien de renforcer le suspense du climax par un compte à rebours car même si le héros parvient à vaincre l’antagoniste, s’il ne le fait pas dans un temps limite, il aura perdu.
Le prochain article traitera de l’éthique des personnages dans un thriller.