UNE INTRIGUE N’EST PAS LA VIE

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La vie peut être intéressante à vivre. Elle est pleine d’événements. Néanmoins, il est rare de distinguer une quelconque intrigue dans nos vies.
Je me rends à mon travail et j’en reviens. Jour après jour.
J’ai certainement rencontré toutes sortes de gens mais c’est essentiellement par hasard et sûrement moins excitant que les rencontres que l’on trouve dans les fictions.

Même lorsque nous mourrons, nous sommes loin d’avoir atteint une quelconque totalité. Bien sûr, une intrigue se présente comme si elle était réelle. Si l’on extrait tout ce qui peut être ennuyeux.
Malgré cela, cependant, il faut bien constater qu’une intrigue n’est pas exactement comme la vie réelle.
Plus précisément, l’intrigue est ce qui sépare le monde fictionnel de la réalité. Lorsqu’un lecteur s’interroge sur ce qu’il va lire, il s’attend à une réponse.
Celle-ci sera la promesse d’une série d’événements qui vont non seulement le fasciner mais aussi en quelque sorte lui apporter une connaissance.

L’intrigue prend vie

L’intrigue est ce qui permet au lecteur de rester accrocher à l’histoire. Elle apporte du suspense, de la tension.
Il y a un principe de causalité à l’œuvre. Un événement en met en mouvement un autre encore plus captivant que celui qui en est la source.

La situation devient de plus en plus tendue et le lecteur se demande ce qui va bien pouvoir encore se passer. C’est d’ailleurs cela la grande difficulté de l’intrigue (qui occupe l’espace de l’acte Deux).
Maintenir le lecteur dans l’histoire. Et c’est la fonction de l’intrigue de tirer ainsi littéralement le lecteur du début à la fin de l’histoire.

Si l’intrigue échoue à captiver son lecteur, celui-ci n’ira pas jusqu’au bout de l’histoire. Au cœur de chaque fiction, il y a une excitation. Celle-ci est causée parce que le lecteur a vraiment senti qu’il se passe quelque chose. Et s’il se passe quelque chose, c’est parce qu’il y a une intrigue.

C’est assez simple, en fait. L’intrigue assure la cohérence de toute l’histoire. Elle est un assemblage de personnages, de situations, de dialogues… et il y a une force qui organise tout cela. Cette force est l’intrigue.
Une histoire ne peut pas errer dans toutes les directions. Elle est à propos d’une seule chose. Et cette chose très spéciale se formule au-travers de la question dramatique.

La question dramatique

La question centrale qui préoccupe le lecteur et dont le dénouement de l’histoire lui répond par oui ou non.
Classiquement, est-ce que le héros réussira ?
Obtiendra-t-il cette estime pour laquelle il s’est tant investi depuis le début de l’histoire ?
Est-ce que l’héroïne acceptera l’amour de ce jeune homme qui l’aime si sincèrement mais qui est un obstacle pour sa carrière ?…

Toute l’intrigue se résume à la question dramatique. Mais cette question dramatique en elle-même n’est pas le message de l’auteur. L’auteur donnera son propre sentiment sur la question lors du climax.
Mais cette question dramatique est cette force qui maintient et organise le monde de l’histoire. Et parfois, elle peut révéler la complexité de l’intrigue.
Est-ce que l’héroïne arrivera à temps pour le mariage ? Et si elle y parvient, est-ce que le discours qu’elle s’apprête à y faire lui apportera ce qu’elle en attend ?

Quelques exemples :
Dans Orgueil et préjugés de Jane Austen, la question est de savoir si Elisabeth finira avec Darcy ou non ?
Dans Pour qui sonne le glas de Hemingway, la question est de savoir si Robert Jordan échappera à sa destinée présumée en survivant à sa mission ?
Et pour A l’est d’Eden, Cal sera t-il pardonné pour ce qu’il est devenu ?

Quelle que soit la complexité de l’histoire, il y a toujours une question qui domine. Et c’est une des raisons majeures qui nous incitent à tourner les pages parce que tant qu’elle n’est pas résolue, la tension et le suspense sont maintenus.

Une réponse nécessaire

Mais c’est l’auteur qui la choisit. Ce peut être un oui, un non ou bien un peut-être. Il peut même laisser la question ouverte en résolvant l’intrigue mais en permettant à l’histoire de poser une ultime interrogation directement au lecteur.
Comme un sourire énigmatique qui se dessine sur le visage du héros lors de la dernière scène.

Tant que vous avez été honnête avec le lecteur et avec vous-même (question d’authenticité) et que vous avez exposé le pour et le contre de votre message sans faire de propagande, vous pouvez choisir la réponse qui vous convient (en regard des événements et de la nature de votre personnage principal).
Et cette réponse doit correspondre à la question dramatique.

En somme, la question dramatique se formule dans la relation qui unit trois éléments dramatiques fondamentaux :

  1. Le protagoniste
  2. Son objectif
  3. Le conflit qui bloque l’objectif.

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