Cet article pose comme postulat certains présupposés. Il suffit de garder un esprit critique afin de parfaire ses connaissances.
Nous présupposons donc que notre vie comme tout dans l’univers est un processus de constante évolution et de transformation.
La fiction pourrait alors avoir un rôle important comme guide ainsi que pour régir cette transformation. Une fiction aurait la particularité de révéler des significations cachées.
Ces significations cachées qui sont à découvrir dans la fiction nous rapprochent d’un potentiel que nous possédons tous mais que nous n’avons pas encore réalisé.
Il existe pourtant un chemin qui nous mène à ce potentiel. Et ce qui nous guide le long de ce chemin est une force créatrice et inconsciente qui se manifeste par la fiction.
Pour James Bonnet, à l’origine du monde, il existait une excellente communication entre notre soi conscient et cette force inconsciente. Et cela nous permettait d’évoluer.
Le silence s’installe
Mais le monde a perdu cette communication privilégiée. Nous avons perdu le sens véritable que recelait la fiction (du moins, nous ne savions plus le voir) et partant, nous fûmes incapables d’atteindre à notre plein potentiel (puisque nous avions perdu le guide qui nous montrait le chemin vers une totale réalisation de nous-mêmes).
Nos vies devinrent moins significatives et bien plus difficiles. Nous n’avions plus de but. Les auteurs de fiction ont alors tenté désespérément de réparer le lien perdu entre notre inconscient créateur et notre moi.
Si nous considérons que le processus évolutif fonctionne par cycles, ce serait alors une série de progrès et de déclins.
A l’apex du cycle, c’est un moment de l’évolution où un certain état psychologique a été réalisé. Mais ce moment contient aussi des défauts inhérents, Tout état possède un double aspect. Le progrès contient aussi les graines de sa propre déchéance.
Pour James Bonnet, ce déclin se situe dans une dépossession de nos valeurs spirituelles, de nos dimensions mentales et émotionnelles. Nous devenons plus pratiques.
Ce qui a été atteint par le progrès doit alors être détruit et reconstruit afin d’atteindre à un état encore plus haut. Constructivité et destructivité sont le bien et le mal modernes.
Ainsi, la découverte de l’agriculture a permis une abondance de nourriture et à une vie sédentaire rassurante.
Mais ce progrès majeur pour l’homme que fut l’agriculture contenait déjà en lui le problème d’une demande supérieure à l’offre parce qu’il a permis à la population de croître. Cette exigence s’est alors transformée en une compétition féroce pour les ressources et elle-même en états belligérants.
C’est le déclin annoncé dans tout progrès. Pour James Bonnet, nos sociétés actuelles sont le reflet de ce déclin. Nous sommes dans un âge où nous ne parvenons plus à illuminer spirituellement nos êtres. Nous pensons ne plus avoir besoin de ces pouvoirs qui nous dépassent.
Un temps de discorde
La dépossession de nos êtres essentiels, l’incompréhension mutuelle des uns et des autres parce qu’il faut se conformer à l’ordre établi (ou du moins de respecter une normativité imposée plus que voulue) ne nous permettent plus d’évoluer.
Mais nous pouvons choisir de reprendre le cours du cycle. Nous pouvons prendre conscience de notre potentiel. Et quel est ce potentiel autrement que notre génie (mental, émotionnel, physique et spirituel) ; que nos talents cachés ; qu’une conscience supérieure ; qu’une profonde capacité à aimer et tous ces pouvoirs extraordinaires mais latents que portent en elles notre intuition, notre capacité à créer et à apaiser nos angoisses.
Nos perceptions et nos sensations immédiates ne nous disent-elles pas qu’il y a quelque chose d’autre au-delà de nos expériences ?
Évoluer serait donc suivre le chemin qui nous mène à réaliser notre plein potentiel. C’est-à-dire que nous devons passer par certains passages émotionnels, psychologiques et spirituels de notre naissance à notre mort.
Si nous éludons ces étapes nécessaires, nous n’évoluons plus. Nous nous sentons perdus, déçus, incomplets. Pourtant la sagesse nécessaire pour réussir ces passages est là au plus profond de notre inconscient.
Et c’est par la fiction que nous pouvons faire effleurer à la surface cette sagesse. La fiction nous aide à prendre conscience de cette sagesse. L’information que contient la fiction (une information dont la qualité dépend de la qualité de la fiction) concerne ces passages et comment nous pouvons parvenir à une existence supérieure.
L’ego et notre inconscient
Nos pensées, nos sentiments et sensations, nos images mentales… sont conscientes. Le moi (ou ego) est le centre de notre conscience. Notre pensée rationnelle ou créative, nos prises de décision… sont des fonctions conscientes.
Pour James Bonnet, c’est la part consciente en nous qui a besoin d’être guidée le long du chemin. C’est le Je, le héros de nos histoires personnelles.
L’inconscient est alors cette force inconsciente et créatrice qui nous guide. Carl Gustav Jung la nommait inconscient collectif. L’inconscient collectif désigne les fonctionnements humains liés à l’imaginaire, communs ou partagés, quels que soient les époques et les lieux, et qui influencent et conditionnent les représentations individuelles et collectives.
Freud la nommait le surmoi, la libido et le çà. Pour Erich Neumann (élève de Jung), c’était un inconscient créatif.
La religion l’a nommé l’Esprit de Dieu en nous ou bien le Saint-Esprit ou l’âme ou encore… le diable.
Quant à George Lucas, l’aspect négatif de cette force inconsciente est devenu le côté sombre. L’aspect positif est la Force.
Obi-Wan Kenobi étant sans doute une métaphore ou une incarnation de ce guide telle que se manifeste cette force.
Cet inconscient créatif présente une dualité. Il y aurait deux aspects opposés qui, par leur confrontation constante, construisent notre conscience. L’aspect négatif de notre inconscient serait alors comme un allié réticent (un peu comme l’Influence Character de la théorie narrative Dramatica).
Une vérité cachée
Selon Carl Gustav Jung, une très ancienne sagesse s’est accumulée dans nos psychés depuis le commencement des temps. James Bonnet en déduit donc que ce chemin qui devrait nous mener à notre plein potentiel est déjà tracé.
Cet inconscient créatif quelle que soit l’explication que l’on souhaite en donner est la source d’une intelligence, d’une sagesse et d’une vérité que nous possédons tous.
Et l’une des principales fonctions de cet inconscient créatif est de nous guider le long du chemin qui est lui-même une métaphore de la transformation de ce potentiel non encore réalisé en une énergie conscience et concrète.
Les deux aspects de cette force inconsciente agissent comme un mouvement dialectique qui va accroître, renforcer et élever notre conscience (et notre conscience de soi, en particulier).
Parce que si nous voulons sortir du courant dominant, avoir une opinion autre que celle de la majorité, si nous ne souhaitons pas nous fondre dans l’ordre établi, en d’autres termes, si nous voulons atteindre à ce que nous sommes réellement, c’est par notre conscience de soi que nous y parviendrons.
C’est par l’illumination que nous connaîtrons qui nous sommes. Encore faut-il se préparer à cette intuition.
La fiction devient alors un outil important pour permettre à notre inconscient créatif de communiquer sa connaissance cachée à la conscience.
La fiction est une métaphore visuelle. Elle est un langage symbolique. Et l’inconscient créatif utilise les métaphores visuelles pour manifester sa sagesse mystérieuse à la conscience. L’inconscient créatif est pure énergie. Pour que cette énergie soit expérimentée, elle doit être traduite en une forme que l’esprit conscient peut assimiler et comprendre.
C’est d’ailleurs ainsi que nous pouvons atteindre au sens véritable des Écritures saintes.
Nos perceptions à l’œuvre
Dans Starman, l’extraterrestre nous apparaît d’abord comme une boule lumineuse d’énergie flottant à travers le ciel. Ensuite, lorsqu’il arrive par hasard à la maison de Jenny, veuve depuis peu, il découvre une photographie dans l’album de famille.
Et il se transformera lui-même à l’image de Scott.
Pour James Bonnet, Starman est une métaphore parfaite pour ses idées. Jenny, tout comme notre moi, ne peut pas communiquer avec le starman lorsqu’il est pure énergie. Alors, tout comme l’inconscient créatif, l’extraterrestre adoptera une forme que Jenny peut comprendre, c’est-à-dire l’image de son mari décédé.
Ainsi, l’inconscient créatif transfère son énergie en une forme visuelle que nous reconnaissons (parce que ce sont des choses que nous avons déjà plus ou moins expérimentées ou approchées) et que nous pouvons interpréter (ce qui n’évite évidemment pas le risque d’erreur).
On peut même aller à dire qu’une même représentation chez deux individus ne donnera pas nécessairement la même interprétation.
Considérons maintenant Jack et le haricot magique.
Quel message codé pourrions-nous bien tirer de cette fiction ?
D’abord, le sac d’or, l’oie et la harpe magique sont des représentations ou des manifestations visuelles de ce potentiel que nous avons perdu et que nous possédions pourtant à l’origine. Ce que Jung dit qui s’accumule depuis la nuit des temps et la diversité des cultures.
L’histoire de Jack est un modèle (c’est-à-dire que la fiction nous incite à le suivre) qui nous montre comment nous pouvons recouvrer ce potentiel perdu, ces possibilités de notre esprit, par l’usage habile de notre imagination créative.
Le processus de l’imagination, l’imaginaire, est fondamentalement quelque chose d’inventif.
Avant l’invention, l’inspiration
L’inspiration pour Jack, c’est le mystère qui entoure les haricots. C’est l’idée même de ce mystère qui le pousse à faire un choix hors norme. L’inspiration est souvent œuvre d’imagination lorsque la raison est insuffisante à satisfaire un désir.
Jack a ainsi fait preuve de sa liberté. Il n’a pas agi par la nécessité.
Vendre la vache aurait apporté une solution immédiate et éphémère à leur situation. Se conformer à l’aspect pratique des choses, c’est tuer la fiction dans l’œuf.
Le choix de Jack l’a mené à l’isolement (sa mère l’envoie se coucher sans manger). Cet isolement et la détresse qui l’accompagne sont des aiguillons majeurs pour l’éveil de l’imagination.
Son imagination incarnée par la tige de haricot va alors combler le trou entre la conscience et l’inconscient et leur permettre de dialoguer.
Nous avons vu que ce dialogue offre la possibilité de recouvrer un potentiel perdu qui ne demande pourtant qu’à être réalisé. Mais cet accomplissement ne se fait pas sans risque. S’engager, prendre ses responsabilités, c’est accepter la situation inconfortable de se mettre en porte-à-faux avec l’ordre établi. En d’autres termes, on ne se fond plus dans la masse. Et se mettre en avant est dangereux.
Jack devra donc affronter, être plus intelligent et détruire le géant. Le géant représente cette énergie négative qui retient le potentiel au fin fond de l’inconscient et qui ne permet donc pas de le libérer.
L’inspiration stimule l’imagination et celle-ci nous permet de découvrir les mondes cachés dans notre âme.
Les conséquences à ne pas se conformer
Ne pas agir selon la nécessité amène des conséquences. C’est souvent une désapprobation. Le moindre pas hors du courant dominant s’accompagne de conflits et de résistance de la part d’autrui.
Cette opprobre aboutit souvent à être isolé et bien souvent dépossédé de son confort. Et pourtant, l’isolement, la méditation que cela permet mais aussi l’abstinence qui se greffe sur cette mise à l’écart volontaire permet à l’inconscient créatif de se manifester. C’est dans la douleur qu’on enfante.
La fiction que vous écrirez alors est un miroir étrange qui vous laissera observer votre propre âme et vous vous apercevrez que les significations cachées au cœur des histoires sont universelles comme des symboles archétypaux.
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