Nul doute que la jalousie est à l’origine de la rivalité. D’ailleurs, celle-ci est souvent au cœur du triangle amoureux (je vous invite à consulter notre série d’articles sur Plotto de William Wallace Cook. Vous y découvrirez un grand nombre de situations conflictuelles dont le triangle amoureux).
La jalousie cependant ne crée pas seulement de la rivalité. Elle peut être aussi à l’origine de la convoitise. On peut très bien vouloir quelque chose qui appartient à quelqu’un d’autre.
La rivalité se distingue de la convoitise en cela que les rivaux ne possèdent pas encore l’objet de leur attention. Cet objet même du désir qui les rend rivaux.
L’idée de la rivalité est qu’il y a compétition et qu’il ne peut y avoir qu’un seul gagnant.
L’intérêt de se servir de la rivalité comme motif pour l’intrigue est que cela permet d’ajouter d’autres concepts tels que la jalousie, la compétition, le conflit, le succès aussi.
L’usurpation d’identité
De nombreux auteurs ont eu l’étrange idée de combiner le désir d’une chose dont on sait que l’on n’est pas le seul compétiteur et le masque qui cache l’identité véritable afin que ce ne soit pas révélée l’intention qui anime le personnage.
Par exemple, un riche prétendant souhaite gagner le cœur d’une jeune fille qui ne rêve cependant que de rencontrer l’amour sous les atours d’un jeune homme qui n’aurait pour seule richesse que son courage. C’est très romantique. Alors le riche prétendant feindra le dénuement.
Pourquoi ce comportement ? parce qu’il sait qu’un autre jeune homme véritablement pauvre celui-là est aussi intéressé par la jeune fille. En quelque sorte, il se met à armes égales avec son rival. Puisqu’il ne peut mettre en avant sa richesse.
Ainsi, la duperie et le mensonge interviennent dans l’intrigue. Et l’ensemble prend une tournure dramatique bien plus passionnante que de montrer le combat stérile de deux rivaux.
De plus, l’auteur pourrait être enclin à dénoncer une certaine forme d’hypocrisie à travers l’un de ses personnages.
L’usurpation d’identité est un thème que l’on retrouve dans le Cyrano de Bergerac de Edmond Rostand. C’est une belle histoire d’amour. Et c’est d’ailleurs cet amour qui est l’objet de la rivalité entre Christian et Cyrano.
La rivalité se niche partout
Ivanhoe de Walter Scott est une véritable corne d’abondance de rivalités en tous genres. Amour, politique, la virilité, les acquisitions des uns et des autres… et même la religion sont alors sollicités pour les illustrer.
C’est le temps des chevaliers. Le Prince Jean règne sur l’Angleterre en remplacement de son frère Richard (le fameux Cœur de lion) parti faire les croisades.
A l’annonce de la capture de Richard, Jean décide d’asseoir davantage sa propre autorité sur le royaume. Ce qui laisse à penser qu’entre les deux frères, il existait déjà une rivalité. Sinon Jean aurait certainement agi autrement.
C’est donc dans l’ombre de cette rivalité entre deux puissants que toute l’intrigue se fondera pour décrire celle de Ivanhoé. D’abord, il y a Brian de Bois-Guilbert qui est le principal méchant de cette histoire.
Sa relation avec Ivanhoé est un peu compliquée mais on ne peut lui dénier sa soif de pouvoir. Ce qui est intéressant avec Bois-Guilbert est que bien que Scott ne lui ai donné aucune possibilité de rédemption, et qu’il soit prêt à tout pour conquérir son monde, il n’en a pas moins la capacité d’aimer.
Cet aspect du personnage qui non seulement le rend exceptionnel va aussi établir la base de sa rivalité avec Ivanhoé. Notez aussi que Walter Scott a pris le soin d’expliquer le passé de Brian de Bois-Guilbert. Il ne s’est jamais remis de la trahison d’une femme.
Lors de la rencontre avec Ivanhoé au moment du tournoi, Ivanhoé n’apparaît pas sous sa véritable identité. Ce n’est qu’après avoir vaincu Bois-Guilbert qu’il se révélera.
En somme, la rivalité est un motif d’intrigue qui peut trouver sa place dans tout type de situations.
Une concurrence
En fin de compte, une intrigue qui se fonde sur une rivalité est assez simple à mettre en place. Il suffit que deux personnages ou même plusieurs ou des groupes ou communautés entrent en concurrence pour gagner quelque chose ou quelqu’un et une rivalité s’installe.
C’est le sens de la compétition qui nourrit la rivalité. La compétition doit chapeauter l’intrigue. Elle devrait même servir d’arrière-plan à l’histoire. Ce qui permettrait à l’auteur de rendre légitime la rivalité qu’il décrit.
Pour rendre cet aspect concurrentiel encore plus vivace, chaque ligne dramatique (y compris les intrigues secondaires) devrait présenter une rivalité.
Ainsi, le lecteur sera parfaitement immergé dans l’univers très compétiteur de l’histoire et c’est exactement cela que cherchera l’auteur.
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