Avoir inventé un héros avec un objectif, c’est déjà être allé assez loin dans son projet d’écriture.
Pour que cet objectif soit crédible auprès du lecteur et légitime vis-à-vis de l’histoire, il faut inventer une opposition.
Autant qu’il soit possible, il faudrait du conflit au cœur de chaque scène. Le héros devrait s’opposer d’une manière ou d’une autre à un autre personnage. Le conflit est l’essence du drame.
L’antagonisme devrait être pensé d’abord comme une entité. Il est foncièrement quelque chose d’abstrait. Et c’est pour les besoins de la fiction qu’il sera incarné par un méchant de l’histoire.
Parmi tous les conflits, il existe des conflits mineurs qui permettent souvent de définir la personnalité des personnages. Et il y a des conflits majeurs qui servent l’intrigue.
Un conflit central
L’opposition plane au-dessus du héros. Elle rôde et se cache dans tous les endroits et tente de lui tendre la moindre embuscade.
Il est nécessaire d’avoir dans le scénario une entité qui sera cette opposition principale au héros.
Afin que le lecteur puisse saisir cet opposant, il sera plus facile alors de l’incarner en un personnage qui le représentera. Celui-ci ne sera pas alors tant désigné comme le méchant de l’histoire mais plutôt comme un représentant du mal que symbolise le conflit central.
Dans la prémisse d’une histoire, il serait bien qu’il ressorte le mot contre. Même s’il n’est pas employé directement, son interprétation par le lecteur ne devrait pas lever trop d’ambiguïtés. Car chacun d’entre nous y met la signification qu’il veut bien y entendre.
Il faut en quelque sorte induire l’idée d’une confrontation, d’une opposition. Pour préciser cette idée, l’auteur va donc inventer un personnage qui illustrera cette opposition. C’est ainsi qu’on le nomme le méchant de l’histoire même s’il ne se comporte pas vraiment comme un méchant.
Dans les faits, il va venir s’opposer à l’objectif du héros.
Ainsi, cet antagonisme sera le personnage avec lequel (et non contre) le protagoniste connaîtra le plus de conflits.
Le méchant n’est pas toujours le conflit principal
Le méchant nommé n’est pas nécessairement la source du conflit.
Dans Seven de Andrew Kevin Walker, Mills et Somerset cherchent à appréhender le méchant de l’histoire mais la véritable source de conflit vient de leur relation animée par la manière d’épingler ce tueur en série.
Ce qui est intéressant et passionnant à suivre pour le lecteur, ce sont les relations entre les personnages. L’intérêt dramatique envers une œuvre devrait être fondamentalement les possibilités conflictuelles des relations humaines.
C’est donc avec les personnages avec lesquels le héros passe le plus de temps et avec lesquels les enjeux de sa relation avec eux sont les plus élevés que devraient se tapir les raisons du conflit.
Ainsi dans Casablanca, la relation la plus conflictuelle est entre Rick et Ilsa.
Il faut être précis aussi dans la nomination du méchant de l’histoire. Par exemple, votre héros veut se marier avec cette jeune fille.
Si les opposants sont la famille de la demoiselle, c’est trop confus parce que la personnalité de l’opposant est diluée.
Par contre, si le héros doit confronter la mère de la jeune fille qui n’accepte pas de voir partir sa fille avec lui, l’idée de l’opposant est rendue encore plus vivace en le nommant.
Prendre la décision d’un personnage qui va opposer le plus souvent et avant tout le héros permettra à l’auteur de se concentrer sur son message.
L’antagonisme est crucial parce que son action façonne la destinée du héros. J’aime à dire que le regard de l’antagoniste définit le héros. Si le méchant kidnappe un enfant, alors le héros sera celui qui devra secourir cet enfant.
L’antagoniste s’avère en fin de compte plus important que le personnage principal parce qu’il détermine le type de héros que ce héros sera.
The Blind Side
The Blind Side de John Lee Hancock est l’histoire de Michael Oher (le héros), un étudiant noir en butte, et tentant de survivre, à la pauvreté, au manque d’éducation et d’opportunités pour s’épanouir.
La séquence d’ouverture présente le problème (c’est-à-dire le conflit) immédiatement dans la personne de cet enquêtrice du NCAA qui cherche à savoir si les intentions de la famille Tuohy n’ont pas violées les règles du NCAA.
Maintenant que le conflit est installé, l’histoire nous autorise à découvrir la vie de Michael. Mais cette femme du NCAA ne réapparaîtra pas avant le dénouement.
Et pourtant, elle est la source du conflit et sa menace de détruire tous les efforts de Michael fait jour chez le lecteur qui s’aperçoit qu’elle a plané tout au long de l’intrigue.
Le climax, l’ultime confrontation, entre Michael et Granger (l’enquêtrice) est bref et consiste pour Michael d’affirmer qu’il a choisi Ole Miss parce que c’est dans cette université que sa famille est allée. C’est-à-dire les Tuohy.
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