MOTIF D’INTRIGUE : LA PERSÉCUTION

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La persécution est affaire d’oppression et d’opposition à l’harcèlement.
La persécution a un aspect bien plus que chicanier et ne vétille pas. Elle est incapable de clémence, de compassion ou d’indulgence. Elle ne montre pas de compréhension et à tendance à rejeter autrui plutôt que d’en faire le simple objet d’une attention critiquable.

Le délire de persécution est aussi une forme d’intrigue qui fonctionne bien parmi les auteurs.
L’interprétation souvent faite de la persécution est que cette injustice et ses martyrs sont celle de la différence.

Conflit & tension

Il y a plusieurs façons d’aborder la persécution comme l’intimidation, la torture (surtout morale) et l’appropriation indue de choses. Ce peut être aussi se référer au mal lui-même qui, incarnés par des agents humains involontairement à la solde de Satan, sont alors eux-mêmes des victimes.

Quelle que soit l’option prise, il est indéniable que du conflit et de la tension sont bien enracinés dans la persécution. Et une histoire a besoin du conflit pour exister sur le plan dramatique.
Un héros dont le but est de s’opposer simplement à la persécution, cependant, c’est méconnaître la gravité du problème. Il y a une portée sociale ou religieuse ou encore d’appartenance (ethnique ou raciale) qui va bien plus loin que la contestation intellectuelle.

La persécution dans la réalité et c’est souvent le choix littéraire qui en est fait implique la mort de l’individu (symbolique ou non).
Ce peut être un groupe ou une communauté qui sont visés par la persécution, mais c’est surtout à l’individu qui est extrait de son groupe que sont portés les blessures (physiques ou/et morales).

Antagonisme et victime

Comme dans Le choix de Sophie où l’Holocauste devient le contexte d’un arrière-plan de l’histoire d’un seul individu. Que l’on agisse au nom d’une idée ou d’un contexte (antagonisme) ou que l’on soit la victime persécutée (protagoniste), l’intrigue se resserre sur le personnage.

Un protagoniste, cependant, ne peut se contenter d’être une victime. Sa fonction exige bien plus qu’un état de fait. Lors de l’exposition au cours de l’acte Un, montrer l’harcèlement et l’hostilité envers sa personne sont nécessaires mais il doit surtout prendre conscience que l’enjeu est sa vie.
Ainsi, il peut donner une signification à la persécution. Et lorsque quelque chose fait sens, cela permet de trouver des motivations à l’action.

Un combat peut alors s’engager. Et la révolte peut sembler plus juste et l’action justifiée (même si elle met en danger les bases fondamentales de l’ordre établi).
En d’autres termes, le chaos serait la résolution du problème.

Des points de vue différents

Une intrigue qui fonctionne ne fait pas de propagande. Un oppresseur comme l’opprimé abordent la question sous des angles qui s’opposent mais qui s’explicitent et se justifient.

La fonction d’antagoniste comme celle de protagoniste détermine le personnage qui s’en revêt. En somme, c’est comme si la finalité de l’antagonisme serait d’être le méchant de l’histoire (à comprendre dans le sens plus global d’opposant à une certaine volonté) et celle du protagoniste de réussir un objectif (que l’auteur lui a imposé).

Mais les intentions de l’un comme de l’autre parfaitement légitimes par ailleurs n’emportent pas avec elle une réussite de leurs actions respectives.
C’est ainsi que le message de l’auteur échappe à la finalité des fonctions de ses personnages. Et que ceux-ci prennent des décisions et font des choix qui sont l’expression de leurs libertés respectives.

Celui qui souffre d’harcèlement moral devra prendre alors la décision de lutter contre cet état de fait. On peut y voir une relation de maître à esclave et l’esclave fait le choix de se relever.
Néanmoins, les circonstances, les situations dans lesquelles s’inscrivent ses actions (l’intrigue) ne garantissent nullement qu’il réussira à vaincre l’adversité.

C’est de manière comparable que l’oppresseur agira. Il faut donc dépasser les simples intentions (soit de nuire au héros, soit de réussir un objectif malgré les obstacles) et d’inventer les motivations qui animent chacun de ces personnages.

Des motivations

Parmi les nombreuses motivations possibles, on peut retenir celles de l’appartenance à un groupe social. Un groupe persécute l’autre parce que historiquement un rapport de force s’est établi et a désigné le fort et le faible.
La fiction raconte alors comment ces deux forces dramatiques s’opposent parce que l’auteur a su reconnaître que les faibles possédaient aussi un pouvoir et non seulement une volonté de changer les choses.

C’est ainsi que le dénouement peut proposer qu’un groupe l’emporte sur l’autre sans présupposer qu’il soit inscrit dans les gênes des plus forts la réussite programmée de leur action. Et réciproquement.
C’est le débat classique. Faisons-nous partie d’un plan, d’un dessein, d’une destinée inexorable ou bien sommes-nous suffisamment libres pour écrire notre propre destin ?

Considérons Richard III de Shakespeare. Il est clairement l’antagoniste. Comment expliquer ses motivations ? L’opposition à son désir de s’emparer du trône lui paraît si menaçante que la seule réponse qu’il ait pu trouver est la persécution.
Il s’agit encore de la persécution d’ennemis réels ou imaginaires. Et elle se fonde sur des différences fondamentales et profondes.

Dans une intrigue, la persécution s’accompagne très souvent de connivences et de conspirations, de traîtrise, de mensonges et de tromperies en tous genres. La persécution justifie aussi le meurtre ou n’importe quelle action criminelle, transgressive. La fin justifie les moyens. Et cela renforce considérablement le potentiel dramatique de l’intrigue.
Jusqu’à parfois lui donner une aura de réalité. La volonté de persécuter qu’elle se réalise ou non n’est pas irréaliste.

L’autorité au cœur du problème

Ce qui amène des questions de société et de jugement de valeur.  Au-delà du politique, quiconque défie les normes morales, culturelles, religieuses… s’expose à une persécution au moins symbolique.
C’est ainsi que la populace (l’opinion publique) peut être désignée comme un persécuteur faisant preuve d’une férocité au quotidien.

L’idée d’autorité peut alors façonner cette opinion publique pour qu’elle partage les valeurs dominantes et s’unit pour mettre au ban de l’ordre établi l’individu qui affiche des valeurs différentes.
Il y a toujours du matériel pour un auteur avec une intrigue qui se fonde sur la persécution.

Inversement, l’autorité traditionnelle peut être simplement ignorée par le personnage principal qui décide de poursuivre au cours de l’intrigue sa propre satisfaction dans sa relation au monde.
Le souci pour un auteur est que ce type d’intrigue implique le thème classique du bien contre le mal. Le personnage principal s’oppose à l’autorité. Il est facile alors de catégoriser cette autorité sous le vocable du mal.

Mais par ailleurs, cela facilite grandement le processus d’écriture ou bien les grandes lignes de l’histoire.

Avec une intrigue sur la persécution, l’auteur peut développer des problématiques sur les relations sociales, sur les valeurs d’une société, sur des questions de politique telles que la recherche du bonheur dans nos sociétés actuelles.
L’éthique entre aussi en jeu. Peut-on justifier la persécution ?

Et vous qu’en pensez-vous ?

 

 

 

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