Hestia est la divinité grec du feu sacré et du foyer domestique. Hestia est la personnification du centre symbolique de la maison. Elle est l’incarnation de la compassion féminine et de l’unité de la famille.
L’esprit de la déesse inspire de la joie et de la paix.
Déesse vierge, elle adore l’introspection lors de longs moments de solitude. Sentiments et intuition sont les caractéristiques de cet archétype.
Sa nature calme et sa disposition paisible restent un mystère pour ceux qui la rencontrent.
Protectrice des familles et des demeures, elle est honorée de cuire le pain dont la famille se nourrira.
Une femme humble
Son humilité ne la rend cependant pas inférieure à d’autres femmes qui bénéficieraient d’une position sociale plus élevée. C’est une femme qui ne se laisse pas non plus facilement manipulée comme le montre sa résistance à la tentation de Aphrodite pour le sexe et le mariage.
Elle assume ses choix et en est fière. Elle préfère la vie spirituelle et se détourne des désirs terrestres. Par ailleurs, elle est très rarement représentée mais toujours avec un voile sur la tête, symbole de sa pureté.
C’est un archétype capable de grande compassion. C’est une femme très sensible capable de ressentir les pensées et les émotions d’autrui.
Cette grande sensibilité peut expliquer sa méfiance envers les lieux trop peuplés où elle ne sent pas à sa place. C’est quelqu’un qui évite la foule.
Pour récupérer quelques traits de cet archétype fondé sur Hestia, il suffit de fournir à un personnage un espace dans lequel il pourra être lui-même.
Et pour lequel, il sera prêt à tout pour le protéger.
Ce qui peut être l’occasion de réactions inattendues de sa part lorsque quelqu’un ou quelque chose se montre un peu trop intrusif. Lorsque cet ultime refuge que représente sa maison est menacé d’être violé par des intrus, la réaction prend les formes d’une violence désespérée.
Qui aime la solitude
C’est un aspect important du personnage. Tout espace qui peut lui procurer cet isolement volontaire lui permet de s’épanouir.
C’est aussi quelqu’un qui prend son temps à faire les choses. Le temps consacré aux choses lui importe peu.
C’est un être qui est très proche de la nature.
Et qui peut être amené à se battre pour la défendre. Cependant, ce personnage déteste prêcher en public pour la défense de la nature. Il préfère agir seul, ce qui lui apporte davantage de satisfactions. Il a par ailleurs rarement besoin de recevoir une aide quelconque.
Néanmoins, il peut être amené effectivement à se battre pour une cause si celle-ci répond à ses propres convictions.
Face à ses propres démons, il est souvent désarmé. L’une de ses plus grandes craintes est de ne pas pouvoir trouver refuge et s’échapper de la pression d’autrui.
C’est un personnage qui a peur aussi de devoir dépendre d’autrui. Dépendre vient en contradiction avec son besoin profond de contrôler son environnement qu’il a voulu limiter pour se sentir libre et en sécurité.
Le besoin d’un sanctuaire
S’il devait arriver à cet archétype de perdre son sanctuaire, cela le dévasterait probablement.
Et ses proches seraient en péril. C’est comme s’il avait échoué.
Ce qui peut concrétiser le moment de crise qu’un héros devrait connaître dans une histoire.
Néanmoins, il peut trouver en lui la force de se créer un nouvel endroit qu’il chérira. Et à partir duquel reprendre le combat contre l’adversité. Et peut-être la vaincre.
Tout ce qui peut l’éloigner de son intimité ou de sa solitude est perçu comme un antagonisme pour cet archétype. Dans une comédie, par exemple, un personnage un peu trop encombrant dans sa vie serait l’antagoniste désigné.
Ce personnage ne souhaite pas être exposé. Et il a la compétition en horreur car celle-ci l’oblige à se mettre à nu. Ce n’est pas qu’il ne soit pas capable de se dépasser.
C’est seulement un personnage introverti qui a choisi son mode de vie. Et sa morale est simple : chacun devrait être récompensé des efforts qu’il fournit, si minimes soient-ils.
Une médiation divine
Foncièrement mystique, un personnage basé sur l’archétype de la déesse Hestia a besoin de se sentir connecté a quelque chose de plus grand que lui.
Une instance insaisissable qui lui apporterait ce besoin d’ordre et d’équilibre auxquels il aspire.
C’est quelqu’un qui ressent intimement les forces vitales qui l’entourent. Son besoin de solitude et de liberté et de sécurité aussi lui permet d’apprécier et de mesurer le monde dans ce qu’il y a de plus vivant en lui.
Derrière l’aspect mécanique des choses, ce personnage recherchera la part infime d’organique dans ces choses ou bien rejettera toute structure par trop déshumanisante.
Fidèle en cela à la déesse Hestia, son amour du noyau familial est la seule nécessité à laquelle il s’abandonne sans rechigner. Concrètement, si dans une scène, un robinet fuit, ce personnage tentera la réparation plutôt que d’appeler un professionnel.
Il refuse toute intrusion extérieure qui pourrait se substituer à lui dans la préservation de la famille. Car cela serait un échec.
C’est quelqu’un capable d’une grande écoute. C’est un don rare qui peut faire défaut dans son entourage lorsque sa situation exigerait que ce soit à son tour de pouvoir être écouté. Ne serait-ce qu’un moment.
Considéré parfois comme un personnage crédule ou naïf, cela est bien mal le connaître. Sous la surface règne un être d’une grande compréhension et avide de partager ce qui ressemble à une sagesse.
Mais peu sont capables de le comprendre.
Développer son arc dramatique
L’arc dramatique d’un tel archétype se fait en regard de ses peurs profondément ancrées en lui et de l’objectif du personnage principal (s’il n’est pas lui-même ce personnage).
Il est possible de se demander ce qu’il pourrait apprendre pour surmonter ses plus grandes craintes. Est-ce que ce sens de la famille qui lui tient tant à cœur ne joue pas contre lui ? Se sacrifier ainsi pour ses proches ne nuit-il pas à son propre épanouissement ?
Devra-t-il affronter l’extérieur qu’il redoute tant pour sauver sa famille ?
Peut-être pourrions-nous découvrir ce personnage avant qu’il n’ait une famille à prendre soin ?
Et dans ce cas, sa peur pourrait être celle de s’engager envers autrui. Ce qui serait comme une blessure collatérale à son besoin d’introspection. Et la courbe de son arc dramatique pourrait alors illustrer comment il parvient progressivement à faire confiance à l’autre. Et ce serait la clef pour fonder cette famille dont il a tant besoin.
Face à l’intrusion, cet archétype se montre assez agressif. Mais peut-être devrait-il affronter le monde et vivre des expériences qui cependant le terrifient pour avancer dans sa vie.
Peut-être a t-il besoin de comprendre qu’aimer n’est pas perdre son identité. Deux êtres qui entrent ainsi en fusion ne se perdent pas mais créent quelque chose qui les dépassent. C’est-à-dire une famille.
La solitude dont il s’est persuadé qu’il s’agissait d’un besoin chez lui n’est peut-être qu’un mensonge. C’est sa peur de l’extérieur qui le replie sur lui-même. S’il s’ouvrait un tant soit peu au monde, il rencontrerait d’autres êtres comme lui.
Et même s’il est le seul de son espèce, qu’est-ce qui l’empêche de s’exprimer librement et d’être lui-même au sein d’un groupe ? Si ce n’est ses propres appréhensions (qu’il devra surmonter).
Ses faiblesses
C’est un personnage qui ne s’intègre pas dans un groupe ou une communauté. Par exemple, il pourrait n’avoir que peu de relations avec ses voisins. Il s’isole volontairement car il n’est pas marqué de l’infamie si quotidienne de l’ostracisme.
Et même lorsqu’il est entouré, il ne recherche pas la compagnie de ses proches. Si le personnage est un adolescent, il pourrait s’enfermer des heures dans sa chambre.
Ou bien refuser toutes sorties avec ses amis du lycée. Dans un couple, par exemple, le mari pourrait ne pas comprendre ce besoin d’isolement de sa femme. Et considérer cela comme de la distance. Alors que ce n’est pas le cas et cela crée du conflit.
Une caractéristique de cet archétype, peut-être liée à son introspection, est une timidité plus ou moins forte. En somme, il apparaît que ce type de personnage a surtout un problème dans ses relations avec les autres. Si l’auteur parvient à inventer un trait dans sa personnalité ou une raison qui vient altérer le cours normal de ses relations aux autres, la timidité ne sera pas la seule possibilité.
Par exemple, quelqu’un qui se sent laid physiquement, montrera une réserve naturelle et s’écartera volontairement du groupe parce qu’il jugera de manière très subjective et erronée qu’il ne sera pas accepté à cause de ce qu’il considère comme des tares physiques.
Faisant montre parfois d’une agressivité comme moyen de défense, il doit apprendre à s’affirmer sans empiéter sur les droits des autres.
Prenons ce mari qui a besoin de la présence de sa femme, mais celle-ci est dans un de ses moments de solitude.
Pourtant, il va mal et il a besoin du réconfort de sa femme. Il va donc insister. Mais elle va le repousser violemment. Cela crée du conflit nécessairement. L’arc dramatique pourrait alors dessiner comment au cours de l’intrigue et pour sauver sa famille (c’est son objectif), elle apprendra à accepter que son mari phagocyte en quelque sorte un peu de son temps.
C’est un être foncièrement spirituel. La contemplation est son passe-temps favori. Un personnage comme Margaret White, cette extrémiste religieuse de Carrie au bal du diable pourrait inspirer des auteurs qui cherchent à créer un personnage s’inspirant de l’archétype de Hestia.
Néanmoins, la spiritualité est très positive. Tout dépends du contexte et du message de l’auteur. Elle peut tout autant permettre au personnage d’élucider certaines situations ou au contraire, compliquer la situation en ne considérant pas les conditions matérielles de cette situation.
